Apparemment, ça y est, on y est : 130 ans après les affreux meurtres de Whitechapel qui ont fait la fortune des apprentis enquêteurs et de leurs éditeurs, deux chercheurs auraient irréfutablement identifié le meurtrier grâce aux analyses ADN. Il s’agirait tout simplement du principal suspect. Le seul hic, c’est que pour irréfutable que cela paraisse, cela ne l’est pas : le châle sur lequel l’ADN du meurtrier a été prélevé est-il authentique ? Et comment s’assurer qu’il n’a pas subi de pollution génétique en 130 ans ? Bref, on ne saura jamais je crois bien.

Aaron Kosminski, le barbier polonais

Cette fois-ci, il semblerait que ce soit bon : deux scientifiques de l’université de Liverpool l’ont identifié à partir de fragments ADN. Cet émigré qui vivait à Whitechapel avait 23 ans au moment des faits et a longtemps été suspecté par le Yard. Parano et schizophrène, Kosminski a fini sa vie en asile. Pour l’identifier, les chercheurs ont isolé des traces de sperme retrouvées sur un châle recouvrant l’une des victimes et ont comparé leur ADN à celui des descendants connus du barbier. Mais certains scientifiques contestent tout de même cette conclusion en raison du doute planant sur l’authenticité du châle.

Albert Victor, Duc de Clarence

Celle-ci a longtemps fait florès : Jackie Jack aurait en réalité été le petit-fils de la reine Victoria, connu pour son instabilité mentale et son habitude de rendre visite aux prostituées de White Chapel. Apparemment, c’est la syphilis qui l’aurait rendu dingo dingue – il termina d’ailleurs sa vie à 28 ans dans un hospice. Par ailleurs, il ressemblait physiquement aux descriptions du tueur et avait appris à dépecer des cerfs dans sa jeunesse. Mais apparemment, c’était pas lui finalement.

Lewis Carroll, auteur un peu connu

Une théorie farfelue issue de l’imagination fertile de Richard Wallace un aspirant détective qui a publié un bouquin à ce sujet en 1996 ; pour Wallace, la détestation des femmes et l’homosexualité refoulée de Carroll en faisaient un suspect tout désigné – d’autant qu’il aurait, dans un de ses bouquins, écrit un anagramme qui, déchiffré, relatait le meurtre brutal d’une jeune femme. Bref, c’est n’importe quoi.

Attendez on arrête tout : les victimes n'étaient pas des prostituées, en fait

C’est une historienne, Hallie Rubenhold, qui a développé cette théorie dans un ouvrage ; ayant mené sa propre enquête, elle aurait découvert que parmi les 5 victimes de Jack, une seule vivait en vendant son corps, les autres occupant des métiers tout à fait respectables. La confusion serait venue du sexisme des flics qui auraient eu tendance à considérer toute femme morte comme une pute. Dès lors, l’enquête serait partie dans le mauvais sens faute d’avoir enquêté sur la vie et l’identité des victimes, ce qui aurait pu expliquer l’échec des autorités à démasquer le tueur.

William Gull, médecin de la reine

Stephen Knight et Alan Moore ont défendu cette théorie : le tueur de Whitechapel était le médecin de la reine : il disposait des connaissances anatomiques suffisantes pour pratiquer de tels éventrements et aurait agi au nom de la reine qui lui avait demandé de l’aider à tuer ces femmes qui étaient au courant d’un scandale concernant le prince Albert Victor, lequel aurait fait un enfant illégitime avec l’une des victimes.

Ah non, en fait, c'était une femme

Dès les premiers moments de l’enquête, l’inspecteur Abberline a envisagé la possibilité que le tueur soit en réalité une femme, une sage-femme, même. Comme tout le monde était à la recherche d’un homme, une femme aurait pu agir en toute quiétude. De plus, s’il s’était agi d’une sage-femme, personne n’aurait été surpris de voir ses vêtements tachés de sang, ni de la voir penchée sur un corps prétendument pour porter assistance à la victime. En 2012, John Morris a développé cette théorie et avancé le nom de Lizzie Williams, femme délaissée d’un chirurgien qui avait entretenu une liaison avec l’une des victimes et mis celle-ci enceinte. Lizzie étant stérile, elle aurait pété une durite.

La théorie du marin allemand

Trevor Mariott, un enquêteur à la retraite, a avancé l’idée que le tueur de Whitechapel aurait été un marin allemand en escale, Carl Ferdinand Feigenbaum, et qu’il aurait arrêté de tuer après avoir été condamné à mort pour un meurtre sans rapport avec les horreurs de Jack. Mais la théorie tient mal.

Thomas Cutbush

David Bullock l’affirmait en 2017 : il avait retrouvé la tombe de Jack l’Eventreur. Celui-ci aurait été mieux connu sous le nom de Thomas Cutbush, résident du quartier de White Chapel interpellé pour avoir déjà agressé deux femmes, dont la haine contre les prostituées était sue de tous, qui avait des connaissances en anatomie et en chirurgie et qui a fini sa vie en asile. Mais en fait, non apparemment.

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La théorie du journaliste

Le chirurgien britannique Wynne Weston-Davies expliquait en 2015 avoir lui aussi découvert l’identité de l’Eventreur : il se serait agi de Francis Craig, un journaliste employé à la rubrique des faits divers qui aurait utilisé sa connaissance des méthodes policières pour couvrir ses traces. Francis Craig était en réalité le mari de la dernière victime du tueur, Mary Jane Kelly, les autres meurtres ne servant que de decorum au tueur pour flinguer sa femme qui le trompait continuellement. Après la mort de Mary Jane Kelly, Craig s’est donné la mort en se tranchant la gorge – la même méthode que celle utilisée par le tueur sur les prostituées – et les crimes se sont arrêtés.

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Walter Sickert, peintre célèbre

C’est la théorie de Patricia Cornwell. Mais comme elle a aussi la théorie selon laquelle l’avortement c’est mal, je pense qu’on peut lui donner assez peu de crédit.

Crédits photo (Domaine Public) : George Charles Beresford

On le saura peut-être un jour avec certitude.