Ils sont souvent magnifiques, nos monuments. Imposants, avec de belles architectures, chargés de symboles. Mais certains d’entre eux ont une histoire qui vient un petit peu entacher leur grandeur. Une histoire avec des morts, des tortures, des massacres. De quoi rendre les monuments un peu moins beaux qu’ils ne l’étaient à nos yeux. Allez, vous voulez du glauque ? En voici.
Le Château de Blois
Ah il est magnifique le château de Blois, y’a pas photo (enfin si, y’en a une juste en dessous mais vous avez très bien compris). Le problème, c’est qu’il a été le théâtre d’un meurtre bien glauque. C’est là qu’Henri III a fait assassiner le Duc de Guise. Ça s’est passé le 23 décembre 1588. Juste avant Noël, c’est pas cool. Le Duc de Guise devenait trop influent aux yeux du roi qui l’a invité dans son cabinet et l’a fait tuer par sa garde personnelle. Le Duc s’est pris une trentaine de coups d’épée et de dagues avant de s’effondrer, mais il a quand même réussi à blesser quatre des huit assassins. Ensuite, on a fait dépecer son corps, on l’a brûlé à la chaux vive et on a jeté ses cendres dans la Loire. Sympa, hein ?
Le château de Montségur
Au XIIIe siècle, une partie du Sud de la France est cathare. Le catharisme, c’est un mouvement religieux chrétien qui est considéré comme hérétique par le pape. Et justement, en 1209, le pape Innocent III décide de lancer la Croisade des Albigeois pour défoncer les cathares. On fait un petit saut en avant, et on arrive en 1244, quand les derniers cathares se sont réfugiés à Montségur et qu’ils ont fini par capituler après 9 mois de siège. A ce moment-là, leurs opposants ont décidé d’allumer un grand bûcher au pied de la forteresse et de cramer plus de 200 cathares qui avaient refusé de renier leur foi. Ignoble.
La Bastille
Tout le monde le sait, la Bastille était une prison et elle a été prise le 14 juillet 1789. S’il y avait une ou deux dates à retenir dans les cours d’Histoire, celle-là en faisait partie. Mais on oublie souvent de parler de la violence de cet affrontement et de la folie qui s’est emparé de la foule ce jour-là. D’abord, il y a eu une centaine de morts du côté des assaillants, mais comme ils ne renonçaient pas, De Launay, le gouverneur de la Bastille, a négocié la reddition de ses troupes. Il a demandé à ce qu’il n’y ait aucune exécution suite à leur capitulation. Ok, promis. De Launay ouvre les portes, la foule entre et le roue de coups, le tue au sabre, le décapite au couteau et défile avec sa tête au bout d’une pique. Quelques uns de ses collègues subiront le même sort. Voilà comment l’un des plus grands symboles du peuple français est aussi devenu l’un des plus glauques. Bon, aujourd’hui, il n’en reste plus qu’une place et qu’un emplacement marqué par des pavés, mais ça reste un monument.
La place de la Nation
Autrefois appelée « Place du Trône » puis « Place du Trône-Renversé » après la Révolution, l’endroit était le lieu des exécutions pendant la Terreur, cette période sombre de l’Histoire où tous ceux qui étaient soupçonnés de ne pas soutenir la République étaient tués. Au total, entre le 14 juin et le 27 juillet 1794, 1306 personnes ont été guillotinées sur cette place, qui est aujourd’hui l’un des plus beaux ronds-point du pays. Environ 30 morts par jour, ça fait froid dans le dos quand même.
Les arènes de Nîmes
Si on peut déjà employer le mot « glauque » pour parler des corridas qui ont encore lieu dans l’amphithéâtre de Nîmes aujourd’hui, il faut quand même rappeler que son histoire n’est pas plus reluisante. L’édifice a été construit pour accueillir des combats de gladiateurs qui se soldaient régulièrement (pas tout le temps) par l’exécution de combattants devant une foule en délire. A l’époque, c’était dans les mœurs, donc pas forcément glauque (quoique certains auteurs comme Sénèque dénonçaient déjà cette barbarie), mais aujourd’hui on aurait clairement du mal à regarder le spectacle d’un homme en train de se faire achever en direct.
Le château d'Escoire (Périgord)
Ce petit château du 18e siècle aurait pu être sans histoire, bien sous tout rapport, mais non, le sort en a voulu autrement. La nuit du 24 au 25 octobre 1941, seules 4 personnes dorment dans le château Henri Girard, son père Georges Girard, sa tante Amélie, et la domestique Marie Soudeix. Au petit matin, Henri Girard découvre que les 3 autres ont été assassinés à coups de serpe. Forcément, comme il était la seule personne présente encore vivante, il a été arrêté et a passé 19 mois en prison avant d’être relâché faute de preuves. On n’a jamais su exactement ce qu’il s’était passé, mais il n’empêche que ça rend le château un peu moins accueillant.
Le Père Lachaise
L’histoire glauque du Père Lachaise est liée à la Commune. Souvenez-vous : du 18 mars au 28 mai 1871, les Parisiens ont lancé une insurrection contre le gouvernement, et Paris est devenu une commune autogérée. Forcément, le gouvernement, qui siégeait à Versailles, n’a pas tellement kiffé et a décidé de reprendre la ville. Du 21 au 28 mai, c’était ce qu’on appelait « la semaine sanglante », durant laquelle, en gros, les Communards se sont fait écraser par l’armée de Versailles. Le 27 mai 1871, 147 des derniers Communards ont été rassemblés devant un mur de l’enceinte du Père Lachaise et ont été fusillés, puis enterrés sur place dans une fosse commune. Peu à peu ont été enterrés des centaines d’autres cadavres dans cette même fosse. Aujourd’hui, il y a une plaque commémorative à l’endroit du massacre, mais ça ne changera rien au côté glauque de la chose.
Le Collège des Bernardins et le Monastère des Carmes
Ces deux édifices qui accueillaient des religieux ont été transformés en prison suite à la Révolution française. Jusque là, c’est pas bien joli, mais pas trop glauque non plus. Seulement, entre le 2 et le 7 septembre 1792, à Paris, il y a eu ce qu’on appelle Les Massacres de Septembre. Derrière ce doux nom se cache une semaine de panique des révolutionnaires qui, dans un contexte d’invasion austro-prussienne, ont commencé à imaginer des tas de complots internes et à buter des prisonniers royaux, en tuant aussi au passage des prisonniers de droit commun qui n’avaient rien demandé. Dans la prison des Bernardins et celle des Carmes, plus d’une centaine de prisonniers, dont beaucoup de religieux, ont été massacrés. Des meurtres sans réelle justification, juste par effet de foule. La Révolution, c’était vraiment loin d’être une belle période de notre Histoire.
La place de l'Hôtel de Ville de Paris
Pendant la Révolution (encore elle, dis-donc), il y avait un truc charmant qui s’appelait « pendre à la lanterne ». Le concept, c’était d’utiliser les lanternes publiques en guise d’échafaud improvisé. Et le lieu préféré des révolutionnaires pour pendre leurs victimes, c’était une lanterne située juste en face de l’Hôtel de Ville. De bon goût, ni plus ni moins. Avec du recul ça va, mais quand on s’imagine être présent à l’époque, c’est tout de suite beaucoup plus glauque.
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Sources : Wikipedia (Mur des Fédérés), Senèque – Lettre à Lucilius, RTL, Wikipedia (A la lanterne)