L’année 2023 aura été riche en créations cinématographiques : des poupées, des bombes nucléaires, des gens qui se jettent par la fenêtre, et SEULEMENT TROIS FILMS AVEC LAURE CALAMY MAIS WHAAAAAT ? Si la fréquentation des salles obscures est en baisse depuis quelques années, elle aura tout de même connu un rebond par rapport à l’année 2022 alors réjouissons-nous et ce ne sont pas les (rares) punaises de lit cachées dans quelques salles qui nous empêcherons de nous gaver de pop-corn salé devant des films de plus de 2h30. C’est parti pour une petite sélection faite aux p’tits oignons.
Barbie, de Greta Gerwig
Le film le plus clivant de l’année certainement. Pas évident de s’attaquer au symbole de la poupée blonde avec une approche féministe et volontairement anti-patriarcale tout en étant produit par Mattel. Bref, que vous l’ayez apprécié ou non, le film est le plus rentable de l’année (avec 1,36 milliards de dollars de recette) et a fait plus de 5 millions d’entrées rien qu’en France ce qui le fait rentrer au rang du 3ème plus gros succès au box-office de l’année par chez nous. Ça a été l’occasion pour nous de vous parler des détails cachés dans Barbie ou des conséquences inattendues du film Barbie et vous allez voir, vous risquez d’en tomber de votre chaise (si la chaise était cassée par exemple).
Anatomie d'une chute, de Justine Triet
Deux ans après la palme d’or donnée à Julia Ducourneau pour Titane, c’est de nouveau à une femme que le prestigieux prix sera remis en la personne de Justine Triet. On lui devait déjà quelques pépites telles que Victoria, Sybil ou encore La bataille de Solférino. Son dernier film décortique la chute mortelle d’un homme. Suicide ? Meurtre ? Un film de procès qui nous donne l’occasion de passer l’histoire d’un couple aux rayons X et c’est haletant.
Le Règne Animal, de Thomas Cailley
Gros succès de l’année, Thomas Cailley (à qui l’on devait déjà l’excellent Les Combattants revient avec ce film poignant. Dans un monde très proche du nôtre, de nombreux humains sont atteints d’un étrange phénomène de mutation animale. La femme de François est ainsi internée en centre pour gérer sa mutation en louve, mais elle s’échappe durant un transfert. François et leur fils Emile se donnent pour mission de la retrouver. L’histoire aurait pu donner quelque chose de complètement ridicule mais le film tire son épingle du jeu offrant une mise en scène époustouflante.
Yannick, de Quentin Dupieux
Qu’on aime ou non, on ne pourra pas enlever à Dupieux qu’il est le seul réalisateur à pondre des films en 2 minutes sans s’encombrer de l’appareil promotionnel. En l’occurence, il a rencontré Raphaël Quenard au dernier festival de Cannes avec qui il a eu cette drôle d’idée de pitch : un gardien de nuit venu de loin pour assister à la représentation d’une pièce parisienne navrante dont il va interrompre le cours. Une prise d’otage artistique assez troublante qui en dit long sur notre rapport au spectacle vivant et à l’art en général. Eh bien le film a été tourné en 6 jours et annoncé quelques jours avant sa sortie et franchement c’est une réussite.
Je verrai toujours vos visages, de Jeanne Herry
Jeanne Herry nous avait déjà donné à tous envie de devenir famille d’accueil dans son précédent film Pupille. Bah super, maintenant ce qu’on veut c’est être bénévole médiateur dans le cadre de la justice restaurative puisque c’est le sujet de son nouveau film.
Le principe c’est d’organiser des rencontres et de réinstaurer le dialogue entre victimes et auteurs d’infraction. Même si la victime ne rencontre pas forcément son agresseur mais un autre criminel condamné pour le même type d’infraction, le dialogue permet à l’un comme à l’autre de se reconstruire, de comprendre les motivations pour l’un, les craintes pour l’autre et finalement d’avancer. Encore trop peu plébiscitée en France, ce modèle a pourtant fait ses preuves et permet de mettre en place un nouveau lien de confiance. Et devinez qui joue un petit rôle (et une scène particulièrement éprouvante dans le film) ? Raphaël Quenard ENCORE LUI.
Vincent doit mourir, de Stephan Castang
Un beau jour Vincent qui opère dans une banale entreprise échange un regard avec le nouveau stagiaire qui ne tardera pas à lui castagner la tronche à coups de clavier. Le lendemain c’est au tour du comptable de l’agresser sans aucune raison. Bien vite, le malheureux Vincent (incroyable Karim Leklou) doit fuir ses congénères atteints d’une violence incontrôlée et dangereuse à son égard. Pourquoi ? Comment ? Est-il le seul à souffrir de cette étrange maladie ? Ce film haletant et souvent drôle prend des allures de dystopie originale. Par ailleurs, on est ravi de retrouver Vimala Pons que pour ma part j’aimerais voir dans plus de films parce qu’elle est beaucoup trop formidable à tire l’arigot avec son délire de porter des trucs immenses sur sa tête (si vous captez pas, allez la suivre sur insta sinon moi je peux plus rien faire pour vous en fait).
The Fabelmans, de Steven Spielberg
Dernier film très attendu du réalisateur préféré de notre enfance, il raconte l’histoire de Sammy un gamin passionné de cinéma qui passe sa vie à filmer sa famille pour le meilleur et pour le pire. Spielberg en s’inspirant de sa vie personnelle y dresse le portrait d’une époque à travers cette famille haute en couleurs. On s’y délecte des premiers pas de l’ado dans la réalisation faite d’inventivité et de trouvailles micro-budget. Un véritable appel à révéler l’âme d’artiste qui fait battre notre petit coeur même s’il n’égale pas les précédents films de Spielberg.
Le Monde après Nous, de Sam Esmail
Quelques années après les incroyables Mr. Robot, et Homecoming (saison 1) Sam Esmail revient avec un excellent long-métrage sorti directement sur Netflix (donc oui, techniquement c’est pas une sortie ciné mais il est quand même sorti en salles dans certains pays DONC ÇA VA).
Une famille huppée loue une maison très chic et luxueuse tandis que le pays est subitement victime d’une cyberattaque globale particulièrement puissante qui neutralise tous les moyens de communication interne et externe des Etats-unis. Un début d’effondrement que l’on n’a pas l’habitude de voir traité sous cet angle, entre déni et peur de l’autre, les protagonistes n’ont pas d’autres choix que de se replier sur eux-mêmes. Le casting est parfait, le scénario angoissant au possible et la durée (2h30) ne pèse aucunement sur ce superbe film.
Reality, de Tina Satter
Nous sommes le 3 juin 2017 quand Reality Winner se trouve confrontée à deux charmants agents du FBI alors qu’elle rentre chez elle. Commence alors un interrogatoire d’abord banal et de plus en plus précis, mené dans l’arrière cuisine de la maison alors qu’une équipe entame la perquisition du lieu. Tout se passe en temps réel… Et de réel, l’actrice éponyme n’a pas que le nom puisque le film repose sur la véritable histoire de Reality Winner ; toutes les répliques du film proviennent de l’enregistrement de cette intervention. Car la jeune femme interprétée ici par Sydney Sweeney a commis une erreur. Un geste qui semblerait anodin pour le commun des mortels mais qui ne pardonne pas quand on travaille comme linguiste à la NSA (National Security Agency). Un premier film très réussi, d’à peine 1h20 qui devrait vous glacer le sang.
Chien de la casse, de Jean-Baptiste Durand
Décidément l’année 2023 appartient à Raphaël Quenard. Dans ce film qui semble avoir été écrit pour lui, on suit le quotidien de deux vieux copains Dog et Mirales dans un village du sud. Ils glandent beaucoup mais leur amitié est faite de cette relation basée sur la joie de traîner ensemble. Alors forcément quand Dog délaisse son copain pour sa nouvelle petite amie, ça fout Mirales en rogne. Aussi insupportable que fascinant, on s’attache bizarrement à ce personnage légèrement toxique mais à la clairvoyance déroutante.
Le Procès Goldman, de Céric Kahn
En plus d’être un des meilleurs films de l’année, c’est aussi un des meilleurs films de procès. Ceux qui ont été contemporain de ce procès s’en souviennent tant il a donné lieu à un tapage médiatique en 76. Pierre Goldman (grand frère de Jean-Jacques) est accusé d’avoir braqué une pharmacie et tué deux femmes. S’il reconnaît ses autres braquages, il réfute celui-ci. Avec une verve sans égal l’accusé se défend aux côté de son avocat Georges Kiejman (joué par Arthur Harari, accessoirement co-scénariste de Anatomie d’une chute et compagnon de Justine Triet pour satisfaire votre soif d’info people).
Mars Express, de Jérémie Périn
Pour les adorateurs de la bd Last Man (et de la série animée qui s’en est suivie), cette sortie est le rendez-vous ciné de fin d’année qu’il ne fallait pas louper. Certes ce n’est pas le même univers mais on reconnaît la patte des dessinateurs et leur capacité à offrir des doublages réalistes (comprenez : pas des voix qui surjouent parce que c’est un anime et qu’on va en faire des caisses, ici les voix sont normales et ça rend le film d’autant plus prenant). Alors que nous somme en 2200, une enquête menée par Aline Ruby nous plonge dans la capitale martienne à la recherche d’une étudiante en cybernétique disparue…
La syndicaliste, de Jean-Paul Salomé
Basé sur le livre-enquête du même nom de Caroline Michel-Aguirre, ce film raconte l’histoire vraie de Maureen Kearney, syndicaliste d’Areva et lanceuse d’alerte victime d’une agression barbare à son domicile en décembre 2012. Cette ancienne prof d’anglais a tenté de prouver qu’il s’agissait d’intimidations provenant du secteur nucléaire. Etant donné que la police n’a pas retrouvé ses agresseurs, Maureen Kearny a été soupçonnée d’avoir mis en scène cette agression et menti sur toute la ligne… Le film retrace assez justement ce fait divers avec Isabelle Huppert aux commandes, plus fascinante que jamais.
Sur l'Adamant, de Nicolas Philibert
En bon héritier de Raymond Depardon, Nicolas Philibert nous offre une nouvelle fois un documentaire de haute voltige sur un centre d’accueil de jour pour des personnes souffrant de troubles psychologiques. Cette péniche parisienne située à deux pas du quai de la Rapée et qu’on appelle donc L’Adamant est elle-même construite dans une perspective d’ouverture et de luminosité apaisante. En s’effaçant totalement de l’image et du son, le réalisateur fait la part belle à ces patients pas comme les autres qui prennent la parole au gré de leur humeur dans une ambiance chaleureuse et conviviale. C’est une modeste fenêtre sur leurs différents univers hors-norme.
Des idées de génies, Brice Gravelle
On reste dans la catégorie docu avec cette petite pépite. Dans une ambiance digne des meilleurs épisodes de Strip-tease, Brice Gravelle suit Philippe Ginestet, patron égocentrique de la chaîne de magasins GIFI. Mégalomanie, séminaires de motivations, mises en scène avec ses employés qui nous projettent au zénith du malaise… Autant d’éléments illustrant comment ce patron a créé sa légende. Il nous embarque ainsi dans son quotidien luxueux avec la fierté rare du self-made-man. Un petit bijou qu’on a eu la chance de voir en avant-première, à ne louper sous aucun prétexte.
Beau is afraid, de Ari Aster
Bon courage pour résumer ce film profondément impossible à résumer. Tout ce qu’on peut vous dire globalement c’est que Beau ne va pas très bien, et que ça va encore plus mal quand il apprend le décès de sa mère. La première demi-heure est extraordinaire et nous plonge dans une expérience sensitive ultra réaliste d’un épisode paranoïaque, la suite poursuit la voie de l’angoisse avec brio et après ça se barre totalement en sucette. Quand bien même on ne comprend pas tout ce qui se passe, le film ne laisse pas indifférent comme d’ailleurs tous les films d’Ari Aster (Hérédité, et Midsommar). On vous laisse avec les explications sur Beau is afraid en espérant vous éclairer.
Everything Everywhere All at Once, de Daniel Scheinert, Daniel Kwan
Ce film-là a la chance d’être aussi dans le classement des meilleurs films de 2022, mais aussi des meilleures productions d’A24, sans oublier les films les plus récompensés de tous les temps aux Oscars. Bref le film est d’abord sorti sur les plateformes avant d’être enfin distribué en France d’où ce double effet kiss-cool bien mérité pour ce chef d’oeuvre du multivers.
Bonne conduite, de Jonathan Barré
Encore un film où Laure Calamy excelle (dans quel film n’excelle-t-elle pas en fait ???) dans lequel on retrouve également nos deux copains du Palmashow. Voilà déjà deux arguments irréfutables pour aller le voir. En même temps, l’histoire d’une employée de centre de récupération de points de permis qui devient serial killeuse, y’a de quoi rejoindre la liste des meilleures comédies françaises.
Mon Crime, de François Ozon
Une actrice accusée de meurtre dans la Paris des années 30 plaide coupable du meurtre d’un grand producteur. Grâce à sa meilleure amie avocate au chômage, elle se retrouve acquittée pour légitime défense et tire de cette histoire un succès qui lui permet de faire décoller sa carrière. Et après, il se passe un rebondissement fou que je ne peux pas vous spoiler mais qui, à lui seul, mérite de vous faire mater le film. Sans parler de la prestation de Nadia Tereszkiewicz qui est particulièrement époustouflante.
Little Girl Blue, de Mona Achache
Attention expérience cinématographique inédite ! A la frontière du documentaire, Mona Achache revient sur les traces de sa mère Carole Achache photographe et elle-même fille de Monique Lange, romancière, scénariste et éditrice. Alors que Carole Achaceh s’est donné la mort, sa fille tente de percer le secret de cette femme énigmatique à travers ses enregistrements audio, ses lettres. Pour cela, rien de tel que de demander à Marion Cotillard de venir et de se saper comme Carole Achache puis de rejouer certains enregistrements en playback, en reproduisant à l’identique jusqu’aux respirations. Une performance assez démente à voir.
Super Mario Bros, le film, de Aaron Horvath, Michael Jelenic
On connaissait déjà en 93 Super Mario Bros., le pire nanar de tous les temps, fort heureusement cette nouvelle version est nettement plus réussie et nous embarque dans une aventure féérique à la hauteur des fans de Mario.
Acide, de Just Philippot
On est en mars il fait 42 degrés, quoi de plus normal ? Les chaînes d’info parlent d’un événement climatique assez flippant en Amérique du sud : des pluies avec un taux d’acidité élevé. Il ne faudra pas attendre trop longtemps pour que la catastrophe traverse l’Atlantique et prenne au piège un couple divorcé et leur fille dans un road trip morbide dont aucun toit ne saurait les protéger. Un film catastrophe plutôt réussi qui nous laisse un désagréable arrière goût de probable sur le palais. Just Philippot s’était déjà bien illustré dans le genre avec son précédent film La Nuée (dans lequel une agricultrice élevait des sauterelles devenues accro au sang humain).
Simple comme Sylvain, de Mona Chokri
Superbe régalade canadienne, ce film nous raconte l’histoire (assez banale somme toute) d’un adultère. Celui que commet une prof de philo avec le charpentier en charge des travaux du chalet qu’elle vient d’acquérir avec son compagnon. Et pourtant ce film est bien plus qu’une comédie romantique, d’abord parce qu’il dévoile des scènes d’ébats ultra sensuelles et questionne aussi les rapports de classe qui s’immisce dans le couple. Le film dépasse justement ces clichés et parle avant tout d’une meuf de quarante ans qui a envie de sortir de son quotidien de d’écouter ses désirs.
Oppenheimer, de Christopher Nolan
L’année 2023 a connu un pic en juillet entre la sortie de Barbie et du dernier film de Nolan. A tel point qu’un film de série Z va même sortir mixant les deux univers (est-ce qu’on a hâte de te découvrir ? pas vraiment). Que vous dire de ce film à part qu’il dure 3h et une minute (c’était clairement la minute de trop) et qu’il y a beaucoup de gros plans sur Cillian Murphy avec une musique très forte ? Bon bah c’est un film de Christopher Nolan quoi. Les fans apprécieront sans doute, les autres regarderont beaucoup leur téléphone portable pendant la séance.