A l'approche des fêtes de fin d'année, on s'est dit que faire un petit classement des meilleures BD de l'année 2014 pourrait s'avérer utile, soit pour que vous des cadeaux de dernière minute, soit pour faire le plein et passer le reste de l'hiver sous la couette. Précisons toutefois que, comme d'habitude, ce classement est subjectif, et comme nous ne sommes rien d'autre que de pauvres humains, il y a sûrement des oublis. Alors n'hésitez pas à nous rappeler (gentiment) à l'ordre dans les commentaires.
On vous met les liens Amazon, mais toutes ces BD sont évidemment disponibles également dans toutes les bonnes librairies indépendantes.
- L'Arabe du futur de Riad Sattouf (Allary Editions)
Un peu dans la lignée de Marjane Satrapi avec Persepolis, Riad Sattouf raconte dans ce premier tome de L'Arabe du futur son enfance en Libye, puis Syrie dans la petite ville de Homs où son père l'a élevé dans le culte des grands dictateurs arabes, symbole à l'époque de force et modernité. C'est intéressant, forcément, et comme d'habitude avec Sattouf, ça a aussi le mérite d'être drôle.
Pourquoi c'est cool : Parce que parler dictature sans tomber dans le mélo c'était pas gagné d'avance, mais que Riad il l'a fait. - Carnation de Xavier Mussat (Casterman)
Douze ans après Sainte famille, récompensé par le prix du premier album au festival d'Angoulême en 2003, Xavier Mussat revient avec un album encore une fois autobiographique. L'histoire de sa relation pour le moins toxique avec une certaine Sylvia. Relation qui lui brisera la vie pendant presque dix ans, et qu'il parvient aujourd'hui à raconter avec pudeur dans cet album certes pas très fun mais très poétique.
Pourquoi c'est cool : Parce que, de la couverture bleu et or, minimaliste, au moindre petit recoin de la moindre petite case, Carnation est ce que l'on appelle un album ultra-léché. - Lune l’envers de Blutch (Dargaud)
Lantz est dessinateur de BD. C’est lui qui a imaginé Le Nouveau Nouveau Testament, best-seller devenu un incontournable, mais suite à une méchante panne d'inspiration il se retrouve débarqué de sa série. En pleine crise, il sombre chaque jour un peu plus dans le doute et commence à remettre toute son existence en question. Ce récit dont on peine à croire qu'il n'est pas un peu autobiographique est sélectionné pour le Festival d'Angoulême 2015.
Pourquoi c'est cool : Parce que Blutch c'est toujours cool. - Blast, Tome 4 : Pourvu que les bouddhistes se trompent de Manu Larcenet (Dargaud)
Pour ce dernier tome de Blast, grande saga de plus de 800 pages que beaucoup considèrent comme l'oeuvre la plus marquante de Manu Larcenet, on retrouve évidemment Polza Mancini, son anti-héros sombre et un peu flippant. Et pour info, il est toujours obèse, sauvage et détestable, mais ce sera tout ce qu'on vous dira, parce qu'il serait difficile de parler de cet album sans trop spoiler ceux qui sont à la bourre. Contentez-vous donc de savoir qu'avec cette conclusion plutôt réussie, Manu Larcenet s'offre une place bien au chaud dans tous les classements des meilleures BD françaises de ces dix dernières années.
Pourquoi c'est cool : Parce que ce même si vous vous faites chier au dîner de Noël, avec ce pavé de 800 pages vous aurez une bonne excuse pour ne parler à personne. - Building Stories de Chris Ware (Delcourt)
Composé de plusieurs bandes dessinées de tous formats (strip dépliant, panneau cartonné, mini-albums, journal...), Building Stories rassemble plusieurs histoires courtes écrites par Chris Ware sur une bonne dizaine d'années. Et tout l'intérêt du truc, c'est que toutes ces histoires ont une seule et même héroïne, une inconnue dont on sait seulement qu'elle a été amputée d'une jambe quand elle était enfant, et qui nous raconte sa vie à la première personne. Un petit exploit narratif qui mérite bien de débourser pas loin de 70 euros pour cet album-concept unique.
Pourquoi c'est cool : Parce que si vous avez déjà vu un album comme ça on vous paie des prunes. - Aâma tome 4 de Frederik Peeters (Gallimard)
Dans le premier tome d'Aâma, Verloc Nim, habitant d'un futur lointain, se réveillait complètement amnésique et essayait de comprendre ce qui lui était arrivé avec l'aide de Churchill, un singe-robot beaucoup trop cool. Il se faisait ensuite embarquer par son frère Conrad dans son voyage intergalactique à la recherche d'une étrange substance baptisée Aâma. Quatre tomes plus tard, Verloc Nim a vécu pas mal de trucs traumatisants et s'apprête à mettre un point final à cette folle quête, et à résoudre d'une pierre deux coups ses problèmes familiaux. Nous on a eu quand même un peu de mal à lui dire au revoir.
Pourquoi c'est cool : Parce qu'Aâma ce n'est pas une saga de SF comme les autres, mais plutôt de l'autofiction mixée à la sauce SF. Bref, quitte à se répéter, c'est simplement génial. - Calavera de Charles Burns (Cornélius)
Dans le dernier tome de cette trilogie entamée avec Toxic, on retrouve une fois de plus Doug, cette fois devenu un jeune adulte grassouillet et toujours aussi paumé. Hanté par son passé, il décide alors de retrouver Sarah, son amour d'adolescent. Pour le reste, Calavera, bien qu'en couleurs, est fidèle à l'univers de l'auteur de Black Hole, à savoir globalement assez tourmenté, glauque et étrange. Pas impossible que ça vaille à Charles Burns un nouveau prix à Angoulême.
Pourquoi c'est cool : Parce que, comme à chaque fois avec Burns, ses personnages viendront vous hanter jusque dans vos rêves. Et qu'a priori ce n'est pas donné à tout le monde. - Les vieux fourneaux de Wilfrid Lupano et Paul Cauuet (Dargaud)
Les vieux fourneaux c'est l'histoire de trois amis d'enfance septuagénaires. Il y a Pierrot, le syndicaliste anarchiste, Mimile, l'aventurier qui n'en peut plus de croupir en maison de retraite, et puis Antoine qui vient de perdre Lucette, l'amour de sa vie. Tout va à peur près bien, jusqu'à ce qu'Antoine découvre au lendemain de l'enterrement de Lucette, la lettre laissée par cette dernière. Lettre qui va le pousser à embarquer, un fusil à la main, ses deux copains dans un road-trip absurde direction de la Toscane.
Pourquoi c'est cool : Parce que les viocs de Lupano et Cauuet sont clairement pas mal plus funs que vos grands-parents. - Ulysse, les chants du retour de Jean Harambat (Actes Sud)
De retour sur son île d’Ithaque après vingt ans, Ulysse s’apprête à retrouver son fils Télémaque et sa femme Pénélope. Mais aveuglé par le brouillard, il n'est pas sûr de reconnaître les lieux. Jean Harambat installe alors le doute : peut-on encore rester fidèle à une île, une famille que l'on n'a pas vue depuis 20 ans ? Ulysse peut-il encore prétendre être Ulysse ? Et propose une lecture totalement nouvelle d'un mythe que l'on connaît pourtant en long, en large et en travers.
Pourquoi c'est cool : Parce que s'attaquer à Homère, quand même, il fallait oser. Et que le moins que l'on puisse dire c'est que Jean Harambat, il connaît son sujet. - Moderne Olympia de Catherine Meurisse (Futuropolis)
Commandé par les éditions Futuropolis qui souhaitaient lancer une collection consacrée au Musée d'Orsay, Moderne Olympia est un remix de West Side Story sur fond de guerre entre les impressionnistes et les peintres classiques. On y suit l'Olympia de Manet se balader de toile en toile, à la recherche du rôle qui fera d'elle une grande actrice et de l'amour fou. Le coup de crayon de Catherine Meurisse y est égal à lui même, à savoir rapide, mais drôle et enlevé. Bref, ce n'est pas un chef d'oeuvre, mais ça vous mettra de bon poil.
Pourquoi c'est cool : Parce qu'après ça, même votre cousine la plus arriérée aura envie de voir à quoi ressemble le Musée d'Orsay.
Pour toute requête, c'est dans les commentaires que ça se passe.