Si beaucoup de gangsters mythiques ont été arrêtés ou tués par les forces de l’ordre ou leurs « associés », certains sont parvenus à rester en vie assez longtemps sans se faire choper pour mourir de « leur belle mort ». C’est effectivement plus rare comme fin de carrière dans ce milieu, mais c’est quand même arrivé quelques fois.

Albert Spaggiari, la braqueur du gang des égoutiers

Celui qui s’est autoproclamé cerveau du casse du siècle et qui avait volé un joli butin de près de 40 millions d’euros à la Société Générale de Nice en 1976 a quand même été arrêté par la police au bout d’un moment. Mais il s’est évadé de manière spectaculaire et a réussi à couler des jours paisibles jusqu’à sa mort. Bon, il n’a pas arrêté de voyager et de changer de planque par peur de se faire choper, sans parler d’une opération de chirurgie esthétique pour se refaire la gueule, mais si on ne parle pas de tout ça c’était effectivement des jours paisibles.

Franck Costello : Le premier ministre de l'Underworld

Considéré comme l’un des parrains de la mafia americano-italienne les plus importants (et comme l’une des principales sources d’inspiration du film Le Parrain) Franck Costello a eu une longue vie à la tête de l’une des plus grandes familles du crime sans jamais passer derrière les barreaux.

Ses relations politiques seraient peut-être la cause de ce traitement de faveur, mais c’est aussi sa volonté « anti-guerre » ouverte entre les familles mafieuses qui a probablement « rassuré » les forces de l’ordre. Costello a été rétrogradé de son poste de parrain à la fin de sa vie suite à une tentative d’assassinat sur sa personne, mais dans l’appartement New-Yorkais où il a terminé sa vie paisiblement venaient lui rendre visite un paquet de commandants et de parrains venant chercher ses conseils.

Crédits photo (Domaine Public) : Al Aumuller, World Telegram staff photographer

Lucky Luciano : Le retraité de Naples

Ce mafieux célèbre qui a officié une bonne partie de sa vie aux États-Unis en commençant ses activités pendant la prohibition, a fait un gros séjour en prison alors qu’il était à la tête d’un empire du crime assez varié (racket, trafics en tous genres, prostitution forcée…). Le cliché du mafieux en prison qui a une cellule gigantesque où on peut manger du caviar n’est pas fantasmé, Luciano a réellement eu une vie de palace en prison et pouvait même continuer de gérer ses opérations de derrière les barreaux.

Il a été recruté par l’État pendant la Seconde Guerre Mondiale pour aider les autorités à contrôler le port de New-York (valait mieux des criminels que les Allemands d’après le FBI) et il a obtenu ainsi une réduction de peine s’il acceptait de quitter le pays. Il a terminé sa vie à Naples et en Sicile sous le soleil italien tout en continuant de gérer ses activités totalement illégales de loin.

Crédits photo (Domaine Public) : New York Police Department

Joseph Bonanno : L'exilé d'Arizona

Grand parrain des années 30, Giuseppe Carlo Bonanno était « un homme d’honneur », du moins c’est le titre de son autobiographie rédigée pendant sa retraite à Tucson en Arizona. D’abord Capo (chef de sa propre famille) il est devenu « capo di tutti capi » (le chef de tous les chefs) de la branche Maranzano (qui sera rebaptisée famille Bonanno).

Après l’éclatement de la famille Bonanno (évènement que la presse a appelé « Banana Split » pour déconner) parce que Joe avait décidé de nommer son fils à la tête de la famille, il a renié son titre de parrain et décidé d’aller s’exiler loin des affaires dans sa villa de Tucson où il est mort libre à 97 ans. Un sacré score pour un mafieux.

Crédits photo (Domaine Public) : US Federal Government

Meyer Lansky : Le cerveau de la Mafia

On dit de Lansky qu’il était l’un des plus brillants mafieux de toute l’histoire, un agent du FBI ayant même dit de lui que s’il n’avait pas été criminel, il aurait pu être PDG de la plus grande entreprise américaine de l’époque (General Motors) tant il était intelligent et talentueux. Mais Lansky a préféré la voie du crime, et il a excellé dans celle-ci.

À un certain point de sa carrière, il était d’ailleurs le chef de Lucky Luciano, Franck Costello et d’autres parrains influents. Bien qu’il ait révolutionné le monde du crime dans son organisation en étendant son pouvoir sur le monde du jeu (principalement des casinos dans plusieurs pays) il n’a été réellement inquiété que pour paris illégaux, bien trop malin pour se faire choper pour autre chose, et chaque affaire s’est soldée par un non lieu. Il est mort à 80 ans sans jamais avoir mis un pied en prison.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Acratopotes

Carmine Lombardozzi : Le roi de Wall Street

L’un des principaux représentants de la famille Gambino et celui qui s’est fait le plus de pognon avec, Carmine Lombardozzi, a été à la tête de la branche du racket de la famille Gambino pendant de nombreuses années (l’une des familles les plus puissantes de la mafia américaine). Il a fait plusieurs petits passages en prison pour avoir par exemple agressé un agent de police, mais aussi pour plusieurs affaires illégales (dans la mesure où c’était son métier de faire des trucs illégaux). Malgré ses courts passages derrière les barreaux, il est décédé chez lui à l’âge de 79 ans des suites d’un problème cardiaque et a vécu la majeure partie de sa vie libre comme l’air.

Tony Accardo : "Joe le batteur"

En commençant sa carrière de gangster à 14 ans après avoir abandonné l’école et ce jusqu’à sa mort à 86 ans, Tony Accardo fait partie des mafieux à la plus grande longévité. Officiant du côté de Chicago dans le milieu qu’on a baptisé « L’outfit de Chicago » (là où un certain Al Capone était le roi du milieu du crime) il a été surnommé « Joe le batteur » par Capone lui-même, pour ses talents de joueur de baseball lorsqu’il a assassiné trois mafieux ayant trahi l’ordre avec une simple batte de baseball. Boss du crime de la ville de Chicago dans les années 40 il a finalement cédé sa place tout en restant impliqué dans l’organisation. Il est décédé à 86 ans chez sa fille et son gendre où il vivait depuis un moment.

Crédits photo (Domaine Public) : Associated Press

Raymond Patriarca JR : Celui qui souffle encore

À l’heure où j’écris ces lignes sur un bureau à la propreté relative, Raymond Patriarca est toujours en vie, bien qu’il soit reconnu comme un bon gros mafieux. Il officie à Providence et à Boston à la tête de la famille Patriarca (rien à voir avec le patriarcat ceci dit, enfin peut-être que si, dans le sens où les familles mafieuses restent des milieux essentiellement masculins). Raymond a hérité des rennes de la famille à la mort de son père dans les années 80, et bien qu’il apparaisse dans de vieilles photos du FBI qui doivent avoir un dossier épais comme un joueur de rugby, il est toujours libre aujourd’hui.

Crédits photo (Creative Commons) : SamuelJohnson

Vous pouvez aller voir les mafias les plus dangereuses du monde, c’est aussi passionnant que ça fait flipper.

Sources : Wikipedia (1, 2, 3, 4, 5, 6.