EN 2017, de nouvelles révélations ont relancé l’affaire du petit Grégory, une affaire vieille de 40 ans ajourd’hui au cours de laquelle le corps d’un petit garçon de 4 ans a été retrouvé mort dans les eaux de la Vologne, une rivière des Vosges. Entre enfer familial, corbeaux, lettres anonymes, assassinat du principal suspect et, désormais, suicide du premier juge d’instruction en charge de l’affaire, il n’est pas toujours évident de s’y retrouver. Voilà un résumé de ce que recouvre cette affaire ultra-complexe.
Le contexte familial des Villemin était un enfer
Avant la mort de son fils, le père de Grégory, Jean-Marie Villemin, a obtenu une promotion au poste de contremaître dans son usine et a refusé de reprendre sa carte à la CGT à laquelle d’autres membres de sa famille ont adhéré. À partir de là, les jalousies vont croissantes, surtout que les Villemin font un prêt pour acheter un salon tout équipé. Bref, c’est sordide.
Les parents de Jean-Marie, Albert et Monique, son oncle et sa tante, Marcel Jacob et Jacqueline Thuriot ainsi que leurs cousins Murielle Bolle et Bernard Laroche vont jouer un rôle particulier. Albert et Monique, comme Jean-Marie et Christine, sa femme, reçoivent des appels anonymes et des menaces. Leurs pneus sont éclatés. On casse des vitres chez eux. On glisse aussi trois lettres anonymes de menaces manuscrites dans les volets de la maison. La police est saisie mais échoue à identifier le ou les auteurs des menaces.
Le petit Grégory Villemin a été assassiné le 16 octobre 1984
Le 16 octobre 1984, à 17h30, Christine Villemin ne trouve plus son fils chez elle. Inquiète, elle interroge les voisins, mais personne n’a vu Grégory. Elle alerte la police qui commence les recherches. Le corps de Grégory, 4 ans, est retrouvé vers 21 heures 15 contre un barrage de la Vologne. Ses mains et ses pieds sont liés par des cordelettes.
Un appel mystérieux a revendiqué la mort de Grégory
A 17h32, l’un des frères de Jean-Marie Villemin reçoit un appel anonyme revendiquant le meurtre et indiquant que le corps du petit a été déposé dans la Vologne : « Je me suis vengé du chef et j’ai kidnappé son fils. Je l’ai étranglé et je l’ai jeté à la Vologne. Sa mère est en train de le rechercher mais elle ne le trouvera pas. Ma vengeance est faite. » Le lendemain, Jean-Marie Villemin reçoit une lettre anonyme manuscrite revendiquant à nouveau le meurtre.
L'autopsie a été ultra critiquée
L’autopsie ne permet pas de déterminer si Grégory a été noyé avant d’être jeté dans la Vologne ou pas. Les critiques s’abattront sur ce travail jugé bâclé, les viscères de Grégory n’ayant pas été analysées faute de demande du juge Lambert, ce qui ne permettra pas de savoir si l’enfant a été drogué avant d’être assassiné.
Bernard Laroche a été arrêté, mais sa culpabilité n'a jamais été formellement établie
Six jours après le crime, le témoignage de Murielle Bolle, la belle-sœur de Bernard Laroche, lui même cousin de Jean-Marie Villemin, est accablant pour Bernard Laroche. Murielle Bolle assure avoir vu Laroche faire monter un petit garçon dans sa voiture avant de s’arrêter près de la Vologne. Une seringue et une ampoule d’insuline sont trouvées près d’une caserne, à l’endroit où Laroche aurait supposément pu jeter l’enfant dans la rivière. Laroche est inculpé. Mais peu après, Muriel Bolle se rétracte, sans doute sujette à des pressions familiales. D’importantes preuves allant dans le sens d’une culpabilité de Laroche, et notamment une lettre anonyme où les lettres LB apparaissent en surimpression, sont malheureusement égarées ou abîmées au cours de l’enquête.
Faute de preuves et en l’absence de témoignage de Muriel Bolle, le dossier est trop mince et le juge Lambert est tenu de libérer Bernard Laroche.
Laroche s'est fait assassiner par Jean-Marie Villemin
Libéré, Bernard Laroche abattu d’un coup de fusil alors qu’il est avec sa femme et son fils, Sébastien. Jean-Marie Villemin avait prévenu qu’il comptait l’assassiner pour venger la mort de son fils, mais les policiers avaient refusé d’apporter une protection à l’ancien inculpé. Villemin se rend lui-même à la police et reconnait les faits.
Le juge a ensuite inculpé la mère de Grégory
Une expertise graphologique, la présence de cordelettes semblables à celles ayant servi à ligoter Grégory au domicile des Villemin, ainsi que trois témoignages concordants décrivant la présence de Christine Villemin à la poste le jour où la lettre de revendication du meurtre a été postée incitent le juge Lambert à inculper la mère de Grégory. Elle obtiendra finalement un non-lieu et une réhabilitation pleine et entière, mais les nombreux vices de procédure et problèmes relevés lors de l’instruction entraîneront le dessaisissement du juge Lambert au profit d’un autre juge plus expérimenté.
L'enquête a été rouverte 15 fois
Au moins cinq ou six fois, chaque fois pour mener de nouvelles analyses ADN Mais aucune analyse n’a jamais abouti à une identification du corbeau et donc de l’auteur présumé des faits.
Un rebondissement a eu lieu en juin 2017, 32 ans après les faits
Le grand-oncle et la grande-tante de Grégory sont arrêtés en juin 2017 pour complicité d’assassinat, non-dénonciation de crime, non-assistance à personne en danger et abstention volontaire d’empêcher un crime. Des analyses graphologiques établissent avec certitude que Jacqueline Jacob, la grand-tante, est l’auteur de certaines lettres anonymes. La police a également arrêté Murielle Bolle et l’accuse d’avoir participé sciemment avec Bernard Laroche à l’assassinat de Grégory. Une entreprise menée à 4, donc.
Le juge Lambert s'est suicidé après publication des carnets de son successeur
Lesquels accablaient les erreurs de procédure aux premières heures du traitement de l’affaire. Lambert est donc la dernière victime de l’affaire Grégory, une affaire qui ne l’a jamais quitté.
Pour résumer : une affaire d’une tristesse absolue et qui mériterait 50 épisodes de Faites entrer l’accusé pour en comprendre toute l’ampleur.
Source : Wikipédia