Quand on a une filmographie longue comme le bras (vachement long le bras), il arrive en toute logique qu’on cultive un style à part entière, une couleur, une lumière qui rendent nos films presque systématiquement reconnaissables. Ça on vous en avait déjà parlé dans ce top. Mais les réalisateurs peuvent aussi montrer leur patte avec certaines scènes types qui reviennent systématiquement dans la plupart de leurs films.

Michael Mann : la scène où un homme est face à la mer en plein doute sur les souffrances de la vie

En dehors du fait que le gars kiffe les plans de villes et nous ponde des panoramas nocturnes dans quasiment tous ses films, il y a toujours cette fameuse scène où un personnage (ou deux) se retrouvent face à la mer pour une introspection intense. Que ce soit dans Le solitaire (1981), dans Heat (1995) ou encore dans Le Sixième sens (pas celui où que y’a les gens qui sont morts). Et quand c’est pas ça, c’est un plan sur une grande fresque murale (dans Collatéral ou Miami Vice) qui donne à voir de belles œuvres de street art.

Heat
Le Sixième Sens
Thief

Yórgos Lánthimos : une branlette source de léger malaise

Le réalisateur grec à qui l’on doit notamment The Lobster ou plus récemment La favorite a une tendance étonnante à nous caler des scènes de branlette pas toujours très glamour. D’abord dans le film Canine (2009) où le père d’une famille paie une prostituée pour qu’elle déniaise son fils et ça finit en session dégorgeage de poireaux plus-triste-tu-meurs. Dans Mise à mort du cerf sacré (2017) c’est au tour de Nicole Kidman de s’adonner aux travaux manuels avec un collègue de son mari afin de lui soutirer des informations concernant ce dernier. Autant dire que là non plus c’est pas très passionnel. Et pour finir dans La Favorite ou Emma Stone tape une branlette sans aucun amour du travail bien-fait à son jeune époux.

Mise à mort du cerf sacré

Spike Lee : la scène avec les acteurs sur une dolly pour un travelling bien lustré

La dolly est un terme anglais pour désigner des rails qui permettent de faire des travelling plus élaborés. Et s’il y en a bien un qui surkiffe le concept c’est Spike Lee. Que ce soit dans Malcolm X (1992), Inside Man (2006), ou encore Crooklyn (1994), chacun de ses films a une de ces scènes bien caractéristique de sa manière de filmer. La preuve en image avec cette belle compilation ci-dessous.

Tony Scott : la scène où Denzel Washington fait des trucs sur un pont

Ça commence avec Man of Fire (2004) où Denzel Washington confronte un méchant sur le pont puis dans Déjà Vu où il voyage dans le passé afin de prévenir d’une attaque terroriste qu’il pressent au niveau d’un pont où un ferry va exploser. Ensuite, dans L’Attaque du métro 123 où le moment climax du film se passe sur le pont de Manhattan. Visiblement, y’a un truc entre Tony Scott et les ponts. La preuve, il s’est jeté du pont Vincent-Thomas en 2012. La boucle est bouclée.

Martin Scorsese : la scène où le personnage principal parle à son reflet dans le miroir

On connait bien évidemment le célèbre « You’re talking to me ? » de Taxi Driver, mais si l’on se penche plus méticuleusement sur tous les autres films de Marty, on trouve toujours cette même scène : le monologue de De Niro dans Raging Bull, le couple qui se cause par reflets interposés dans Les Nerfs à vif ou encore Di Caprio face à lui-même dans The Aviator ou dans Shutter Island.

Brian de Palma : le fameux split-screen (un écran divisé en deux) ou la double focale (avec un personnage au premier plan et un au second plan tous les deux nets)

Peu importe de quoi parle la scène il nous fait soit l’un soit l’autre à tous les coups, sans exception. Le gars aime multiplier les profondeurs de champs sur un seul et même plan, c’est un peu lui qui a inventé le concept. C’est son truc, son dada, son fils, sa bataille.

Nicolas Winding Refn : une scène ultra violente avec beaucoup de sang et filmée de manière ultra stylisée

On peut aussi parler de la scène incontournable avec un plan « rouge » ou l’acteur est baigné de lumière rouge (sur la musique d’un morceau qui va devenir le tube de l’année pour pécho dans toutes les soirées et une forte volonté de ressembler à Ryan Gosling en tétant un cure-dents).

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"*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

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Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

Michael Bay : une scène avec des gros boum boum dans le ciel / et un drapeau américain planté quelque part

C’est simple, Michael Bay c’est devenu un synonyme d’explosion dans les blockbusters. Y’a pas à chercher. Quand on parle de détonation y’a qu’à l’appeler et il fait péter tout ce que tu veux. Habitué des films d’action avec les images qui changent toutes les deux secondes histoire qu’on soit tout le temps alerte.

John Woo : une scène de colombes qui s'envolent

En soi, une envolée de pigeons n’a pas grand chose de fou. Mais chez John Woo c’est devenu un tel systématisme qu’on est bien obligé d’y voir une forme d’amour passionnel de la volaille blanche.

Quentin Tarantino : le tic du plan de l'ouverture du coffre de voiture vue de l'intérieur

C’est sa signature. Même dans des films sans coffre de voiture comme Inglorious Basterds il fait un plan similaire filmée depuis le point de vue de la victime (enfin de la victime nazie).

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Il n'a pas souffert, promis

Luc Besson : des scènes avec des gros bazookas et des gendarmes qui se font victimiser

De Taxi à Lucy en passant par Léon, c’est un passage à peu près obligé de la filmographie bessonienne. Même dans Le cinquième élément qui se passe dans un lointain futur, il y a peu près les mêmes caractéristiques qu’on retrouve dans le scénario (qui reste globalement tout pété, de toute évidence).

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Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

Roland Emmerich : la scène du chien qui se sauve in extremis

C’est comme ça qu’il a réussi a conquérir nos cœurs. Souvenez-vous le chien de Independance Day qui s’échappe du tunnel en feu sur un ralenti qui donne des frissons, dans 2012 dans la terre entière est submergée par des tsunamis géants et que seuls quelques humains parviennent à survivre sur une arche ET un petit chien (qui va certainement refiler la gale aux derniers survivants de l’humanité), et puis aussi dans Le jour d’après quand le petit chien manque de se faire geler le cul. C’est Roland, quoi. Il aime sauver les chiens. Il sait que c’est le prix à payer pour nous engourdir l’âme.

Murnau : une scène en noir et blanc et en version muette

RAH le gros boloss il est même pas foutu de renouveler un peu son registre alors qu’en vrai c’est hyper lassant les films quand y’a pas les couleurs et pas le son alors que perso j’ai investi dans des super enceintes donc abusé de voir qu’elle servent à rien c’est un manque de respé.

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Il n'a pas souffert, promis

Et vous ?

Source : Cracked, Sens Critique