Avancées technologiques, changements de législation, intervention de détectives privées, nouveaux témoignages, initiatives de la famille : les raisons à même d’expliquer pourquoi une enquête classée avance tout à coup des dizaines d’années après les faits sont légions. Et on se prend à se frotter les mains en attendant les Faites entrer l’accusé qui y seront consacrés.
La disparition de Lucy Johnson - 52 ans après
En septembre 1961, Lucy Johnson disparaît. Elle a 25 ans, est mariée, et ne donne plus de nouvelles. C’est d’autant plus suspect que son mari ne déclare pas la disparition de sa femme tout de suite. A vrai dire, il attend 4 ans pour le faire. On le soupçonne, on fouille partout, on cherche un corps, mais rien. Faute de preuve, on laisse tomber et le mari finit par mourir.
Des années plus tard, la fille de Lucy relance l’enquête en faisant un appel national pour trouver des indices. C’est alors qu’elle reçoit un appel téléphonique d’une personne qui explique être sa demi-soeur : Lucy Johnson serait en vie et aurait reconstruit sa vie. Et c’était le cas. Lucy Johnson avait fui un mari violent et n’était pas parvenue à emmener sa fille avec elle.
L'affaire Maria Ridulph - 51 ans après
En 1957, Maria Ridulph, 7 ans, est retrouvée morte à plusieurs kilomètres de chez elle. L’affaire fait un bruit immense et le FBI déploie des effectifs inédits. Mais la police n’identifie aucun suspect et l’affaire est classée. Jusqu’à ce que 51 ans plus tard, en 2008, elle décide de rouvrir l’affaire après qu’une certaine Janet Tessier lui a envoyé un email accusant son frère, John, du crime. Janet tenait l’information de sa mère, qui la lui avait confiée sur son lit de mort. A l’époque, John avait 24 ans. Il avait essayé de séduire la petite qui jouait dehors avant de la violer et de la tuer. John Tessier abusait également ses petites soeurs régulièrement.
Confronté 50 ans après les faits, John, devenu un vieillard, a avoué le crime.
Le serial killer coréen - 30 ans après
A la fin des années 80, la Corée du Sud est frappée par une vague criminelle inédite dans le pays. Un homme séquestre des femmes, les viole, les mutile et rejette leurs corps dans des rivières. Il s’agit tout autant de jeunes fille que de vieillardes. L’enquête ne donne rien malgré le déploiement d’un dispositif policier exceptionnel et l’affaire, devenue marquante pour toute une génération, trouve sa sublimation artistique dans le film Mémories of Murder. Mais l’ADN a parlé et, 30 ans plus tard, on a pu identifier l’auteur des crimes. Celui-ci, âgé de 56 ans, séjourne déjà en prison pour le viol et le meurtre de sa belle-soeur en 1994. Malheureusement, les affaires sont prescrites et il ne pourra pas être jugé pour ses crimes antérieurs.
La petite martyre de l'A10 - 29 ans après
Retrouvée totalement en lambeaux en 1987 près de l’autoroute A10, la petite fille n’avait jamais été identifiée par la police. Elle avait été brûlée au fer à repasser, mordue, atrocement mutilée. Mais en 2016, un de ses 6 frères a eu des ennuis avec la police. Et l’ADN a parlé, permettant de retrouver la trace des parents, mis en examen pour maltraitances et enfanticide.
Le cas Martha Jean Lambert - 25 ans après
Le 27 novembre 1985, une jeune fille de 12 ans disparaît en Floride. On ne retrouve aucune trace d’elle, pas de corps, rien. Faute d’indice, on classe l’affaire. Il faudra attendre 25 ans pour que deux inspecteurs décident de s’intéresser à cette disparition. Sur la base de différents témoignages, ceux-ci décident d’enquêter sur le frère de la jeune disparue, 14 ans à l’époque et désormais trentenaire accompli. Poussé dans ses retranchements, le frère, David Lambert, finit par reconnaître le crime, mais assure qu’il s’agit d’un accident survenu suite à une bagarre entre frère et soeur. David Lambert n’a pas été condamné, d’autant que le cadavre de la petite n’a pu être retrouvé, un immeuble ayant été construit sur le lieu où David affirme l’avoir enterré.
Le meurtre de Stéphane Dieterich - 21 ans après
En 1994, on retrouve à Belfort le cadavre de Stéphane Dieterich lardé de coups de couteaux. Mais on ne parvient pas à identifier l’auteur des faits. 21 ans plus tard, en 2015, le témoignage d’un homme change tout. Ce témoin a en effet affirmé que le petit ami de Stéphane Dieterich lui avait proposé une grosse somme d’argent pour assassiner quelqu’un. L’homme avait évidemment refusé. Christophe Blind avait 24 ans à l’époque et c’est à la faveur d’un tract diffusé par la famille que le témoin l’a reconnu. A l’époque des faits, celui-ci était élève dans un collège où Blind exerçait comme surveillant. Interrogé par la police, Blind a reconnu le meurtre, expliquant qu’il s’agissait d’un crime passionnel.
L'affaire Jessica Keen - 18 ans après
Jeune étudiante de l’Ohio, Jessica Keen est retrouvée morte dans un cimetière, la tête écrasée par une pierre tombale, après avoir été kidnappée par son agresseur. Mais les enquêteurs piétinent, et l’affaire est finalement classée. Jusqu’à ce que, 18 ans plus tard, l’Etat de l’Ohio modifie ses dispositions législatives concernant le prélèvement ADN de tous les délinquants condamnés pour un crime violent. C’est grâce à ce nouveau cadre législatif que la police a pu identifier l’agresseur de Jessica Keen, un prisonnier du nom de Marvin Lee Smith déjà jugé pour agression sexuelle. Il a été condamné en 2009 à 30 ans de prison.
Unabomber - 18 ans après
La traque du terroriste qui envoyait des bombes dans les universités et les compagnies aériennes pendant 17 ans a pris un temps fou. Responsable de 3 morts et 23 blessures graves, il avait théorisé son action comme un mouvement anti-moderne et s’était même offert un manifeste publié par le New York Times. Un manifeste écrit à la main… C’est précisément la publication de ce texte, en 1995, qui a permis d’identifier le terroriste, trahi par son écriture et arrêté en 1996. Kaczynski a été condamné à la prison à vie 18 ans après avoir commencé son oeuvre criminelle.
Emile Louis - 16 ans après
Tout le monde se fichait des disparues de l’Yonne : des filles majeures, handicapées mentales, qui disparaissaient de la DDASS ? Rien à foutre. Inquiété pour le meurtre d’une jeune fille placée chez lui, en 1983, Emile Louis est disculpé et relâché en 1984. Ensuite, omerta absolue, d’autant qu’on ne retrouve pas les corps. Il faudra attendre 1996, la constitution d’une association de défense des disparues de l’Yonne, un passage à la télé et la dissipation des réticences judiciaires pour que l’affaire soit prise en considération. Emile Louis est alors interrogé par la police en 2000, alors même qu’il a pris sa retraite à Draguignan. Persuadé que l’affaire est prescrite, il avoue les crimes et indique l’emplacement des cadavres. Emile Louis est arrêté et jugé. Il meurt en 2013.
BTK - 13 ans après
C’est ainsi que ce serial killer, connu pour ses méthodes très violentes, se surnommait lui-même dans les nombreuses lettres qu’il adressait aux enquêteurs. Entre 1974 et 1991, BTK (pour Bind Torture Kill) aurait tué au moins 10 personnes sans être identifié par la police du Kansas. Jusqu’à ce qu’en 2004, le tueur reprenne son activité épistolaire. Et se fasse avoir par l’ADN. Rader a été condamné à la prison à vie. La prochaine série de Mindhunter devrait lui être consacrée.
Henry Lee Lucas - 13 ans après
Lucas aurait tué pas moins de 350 personne, dont sa mère et sa meuf, dans les années 60. Mais il a fallu attendre 1983 pour le coincer : arrêté pour possession illégale d’une arme à feu, il s’est immédiatement mis à table, reconnaissant coup sur coup un nombre de meurtres absolument terrifiant. Lucas est mort en prison en 2001.
Turner - 4 ans après
Entre 1987 et 1998, Turner a étranglé et violé 15 femmes à Los Angeles, sans être inquiété par la police. Mais à partir du milieu des années 90, il a commencé à séjourner régulièrement en prison, notamment pour une agression sexuelle réalisée en 2002. C’est à ce moment-là que les enquêteurs ont extrait son ADN et bingo ! On a relié le petit délinquant à la vague de crimes qui avait secoué L.A. Peine de mort. Boum.
Comme quoi, hein, il ne faut pas toujours battre le fer tant qu’il est chaud.