Le propre de l’homme n’est pas le rire mais bien le désaccord. Dans un monde où tout un chacun pense qu’il a raison au détriment de l’autre, les théories s’affrontent et s’entrechoquent quant à l’origine de l’épidémie de coronavirus. S’agit-il d’un sale concours de circonstances impliquant un animal à écailles ou d’une manipulation délibérée de l’homme ? S’agit-il d’une erreur scientifique ou d’une attaque bactériologique en règle ? Niveau théories du complot, le coronavirus nous sert. La communauté scientifique se gratte la barbe. Les 7 milliards d’épidémiologistes qui sommeillaient jusque là tirent des conclusions.
Le virus créé de toutes pièces par l'homme
C’est la théorie propagée par le professeur et prix Nobel de médecine Luc Montagnier et qui a beaucoup fait parler : le coronavirus présenterait des similitudes structurelles au niveau génétique avec le virus du Sida. Ces séquences communes seraient le fruit d’une expérimentation menée dans un laboratoire P4 de Wuhan pour trouver un vaccin contre le Sida. Le seul problème, c’est que pour la plupart des scientifiques, les similitudes entre les deux virus sont anecdotiques, aussi probantes que la présence de 4 mots en commun dans deux bouquins distincts. Pas de quoi parler de plagiat.
Crédibilité : 8/20. Il n’est pas totalement impossible d’imaginer pareil scénario, mais rien ne l’accrédite.
La théorie de la faille de sécurité
Tout cela part d’une réalité : il existe à Wuhan deux laboratoires de niveau de sécurité différents et dans lesquels des chercheurs peuvent aller et venir. Dans l’un d’entre eux, des expérimentations ont été menées sur des virus propres à la chauve-souris. Or, il existait des failles de sécurité dans ce laboratoire. Certains Américains pensent que ces scientifiques ont pâti de ces manquements et contracté un virus hybride : le coronavirus que l’on connaît. Les autorités chinoises réfutent cette thèse qui est tout de même assez hautement improbable.
Crédibilité : 10/20. Aucune preuve, des seules présomptions et une argumentation qui sert l’affrontement géopolitique entre la Chine et les Etats-Unis.
L'importation américaine
Si les Américains sont persuadés que le virus a été créé par les Chinois, les Chinois, eux, pensent que ce sont les Américains qui ont importé le virus à Wuhan lors des Jeux mondiaux militaires. Un représentant du ministère des Affaires étrangères l’a laissé entendre et depuis la théorie a fait florès en Chine. Les Américains ont réagi en convoquant l’ambassadeur chinois.
Crédibilité : 7/20. Ça ressemble vraiment à un c’est çui qui dit qui y est.
L'arme bactériologique
C’est Francis Boyle qui, le premier, a émis cette hypothèse : le coronavirus actuel aurait été créé exprès par les autorités chinoises pour tester un processus de diffusion bactériologique mondial et ainsi se doter d’une arme surpuissante. L’idée étant de renforcer le SRAS pour en accroître le taux de létalité. Et bim.
Crédibilité : 6/20. Si l’on veut construire une arme bactériologique, on génère pas une grosse grippe. Je veux dire y a Ebola qui est plus puissant.
La piste de la chauve-souris
Beaucoup d’experts considèrent que la proximité du coronavirus avec d’autres virus propres à la chauve-souris pourraient indiquer qu’il s’agit d’une souche ayant muté lors de sa transmission à l’homme. Dès lors, il apparaîtrait qu’un mec quelque part s’est fait mordre par une chauve-souris infectée ou qu’il a mangé une chauve-souris infectée, devenant alors le patient zéro, facteur de contagion pour son entourage sans le savoir. Mais c’est assez peu probable que ça se soit passé directement comme ça.
Crédibilité : 13/20. A priori, les experts pensent qu’il y a eu un mammifère intermédiaire dans le processus de transmission.
Le pangolin, cet intermédiaire si sympathique
La plupart des scientifiques pensent en réalité que le chemin a été le suivant : une chauve-souris a contaminé un pangolin qui a développé des symptômes. Le virus a muté et s’est transmis à l’homme lorsqu’un type bizarrement inspiré a mangé le pangolin. C’est l’hypothèse la plus plausible à l’heure actuelle même si elle n’est pas totalement prouvée.
Crédibilité : 17/20. Quand 95% de la communauté scientifique dit que c’est vrai, j’y crois.
Sur la piste du serpent
Une équipe de chercheurs chinois a mis en évidence l’existence de similitudes entre la structure du coronavirus et les protéines qu’on retrouve chez les serpents. De là à penser que le virus aurait muté au sein d’un organisme de serpent, il n’y a qu’un pas… Qu’on ne franchira finalement pas. La piste du pangolin est celle qui convainc le plus aujourd’hui.
Crédibilité : 11/20. Les études ont été abandonnées.
La piste naturelle
La théorie s’est répandue dans les milieux complotistes : tous les 100 ans (le compte est rond), la planète se nettoierait au moyen d’une pandémie. 1720 : la peste bubonique ; 1820 : le choléra ; 1920 : la grippe espagnole ; 2020 : le coronavirus. Sauf que ces dates sont archi-fausses. Le choléra n’est pas cantonné à l’année 1820 mais à tout le début du XIX°. De même, ces chiffres excluent délibérément d’autres pandémies tout aussi meurtrières. Bref, c’est du n’imp’.
Crédibilité : 0/20. Déso les mecs mais la Terre ne pense pas.
Comme dirait Joachim Son-Forget déguisé en Emmanuel Macron sur Twitter, les conspirationnistes du coronavirus nous prennent pour des jambons.