Alors que le mois des fiertés s’achève, tous les baromètres ne sont pas au vert concernant les droits des personnes LGBTQ+ dans le monde. Outre les 11 pays où l’homosexualité est passible de la peine de mort, celle-ci est encore interdite formellement dans 73 pays et la persécution des populations passe par des stratégies d’oppression et de délation particulièrement retorses. Un tour d’horizon non exhaustif de ce qui se fait de pire en la matière, un peu partout dans le monde.
Le test anal tunisien
En Tunisie, une personne homosexuelle encourt 3 ans de prison. Mais encore faut-il prouver qu’une personne est homosexuelle, ce qui n’est pas évident, convenons-en. La Tunisie a donc mis en place un test anal, censé prouver qu’une personne a des rapports réguliers par l’anus et est donc homosexuelle. Cela n’a aucune validité médicale, mais il n’en demeure pas moins que c’est le test qui fait foi pour la justice tunisienne. Le test est directement issu des recherches d’un médecin français du XIX° siècle : on imagine qu’il est tout à fait à jour et efficace en plus d’être douloureux et humiliant pour celui qui le subit. De nombreuses associations (et de plus rares élus) se battent pour l’abolition de ce test contraire à toute éthique médicale.
La torture en Tchétchénie
La Tchétchénie refuse tout simplement de reconnaître l’existence des homosexuels sur son territoire et se livre de ce fait à une véritable politique de persécutions systématiques, de déportation et d’emprisonnement. Si ce sont les hommes qui dégustent le plus, les femmes lesbiennes, supposées ou avérées, font désormais en Tchétchénie l’objet de traitements d’une cruauté inouïe de la part des autorités qui les violent à l’aide de bâtons distribuant des électrochocs. Vous avez bien lu.
Les thérapies de conversion
En France, un projet de loi est à l’étude pour interdire les thérapies de conversion, mais ce n’est pas le cas partout dans le monde, y compris dans les pays qui reconnaissent aux personnes LGBT les mêmes droits qu’aux autres. Un célèbre animateur de radio anglais raconte comment, dans les années 1960, il a ainsi accepté de suivre une thérapie de conversion sexuelle pour mettre fin aux angoisses de sa mère : le principe, affreux, consiste à associer l’image des autres hommes à des sensations désagréables (mauvaises odeurs, saleté, etc.). Une véritable horreur, donc, mais qui continue à être autorisée et pratiquée avec l’accord des personnes dans bon nombre de parties du monde.
La Russie ou le soupçon du prosélytisme homosexuel
C’est une rhétorique classique dans les milieux ultra-conservateurs, mais il est surprenant de voir qu’en Russie elle est apparue récemment, marquant un net recul du pays sur la question des droits LGBTQ+. En 2013, le pays a en effet adopté une loi interdisant de donner de l’information au sujet des relations sexuelles « non traditionnelles » aux mineurs. De nombreux mineurs homosexuels se retrouvent donc sans information au nom d’une lutte stupide contre un supposé prosélytisme.
Evaluer l'homosexualité
C’est un sujet très peu connu et qui a une importance capitale : de nombreux demandeurs d’asile se rendent dans des pays où les droits des LGBT sont garantis pour fuir les persécutions qu’ils subissent dans leur pays d’origine en raison de leur orientation sexuelle. Mais ce premier monde très ouvert a un problème : comment prouver qu’un demandeur d’asile est bien homosexuel ? A cette question d’un cynisme sans nom, les autorités essaient d’apporter des réponses. Selon les pays, c’est une approche différente de l’homosexualité qui est mise en avant : le point de vue médical (des tests psychologiques), le point de vue identitaire (une confrontation à des questionnaires homophobes pour sonder les réactions) et l’autodéclaration, considérée comme la bonne pratique mais qui demeure ultra-marginale de fait.
Les publications de listes d'homosexuels
Dans de nombreux pays d’Afrique (Cameroun, Côte d’Ivoire, Ouganda), plusieurs journaux se sont mis en tête de publier régulièrement les photos et les noms de personnes soupçonnées d’être homosexuelles afin de les livrer à la vindicte populaire avec le risque qu’elles subissent des exactions affreuses. Le pire, c’est que tout ceci se fait en bonne intelligence avec les autorités judiciaires et policières qui cautionnent la pratique et s’en servent même parfois pour procéder à des arrestations.
On n’a pas évoqué les arrestations arbitraires et les pendaisons, c’est trop commun.