Vous êtes de ceux "qui ont préféré le bouquin" ? De ceux qui pensent qu'une bonne adaptation ça n'existe presque pas ? Vous avez beau être détesté par la moitié de vos amis, ne vous inquiétez pas, il y a plein de gens comme vous. Les auteurs eux-mêmes passent leur temps à gueuler sur les adaptations de leurs œuvres - tout en comptant les biffetons que ça leur a rapportés. Voici une petite liste des aigris qui n'ont pas bien digéré leur seau de pop-corn, signée Jackal sur Sens Critique.
- Neige sur Beverly Hills (Bret Easton Ellis)
Bret Easton Ellis n'a jamais trop apprécié les films adaptés de ses livres. Si le portage des "Lois de l'Attraction" était très honnête, c'est l'adaptation de son premier livre, Moins que Zéro, qui concentre le plus de sa haine. Il aurait déclaré que seuls le nom des personnages et le titre avaient un vague rapport avec son œuvre et que le film était "obviously bad". Bref, il n’était pas fan. Il a tout de même, dans un accès de sympathie, reconnu que le film était joli et qu'il représentait bien l'époque du récit (le LA des années 80). Il est sympa ce Bret... - Asterix Mission Cléopatre (Albert Uderzo)
Uderzo n'a jamais caché son aversion pour cet opus qu'il jugeait trop "esprit canal" et pas assez fidèle à la BD. Il a d'ailleurs par la suite catégoriquement refusé la version que Jugnot voulait réaliser pour prendre la suite. On peut penser qu'il a jugé que celui-ci serait "trop splendid". Il a du bien regretter ses dires lorsqu'il a vu "Astérix aux Jeux Olympiques"... - Shining (Stephen King)
Que ce soit dans des chefs d’œuvre du septième art ou dans des téléfilms vaseux, presque tous les King ont été adaptés à l'écran. Celui-ci, considéré comme un des sommets de la carrière de Kubrick ne semble avoir qu'un détracteur ou presque : King en personne qui bien qu'en ayant reconnu des qualités évidentes au film du génie anglais, s'est montré très déçu des différences notoires entre le film et son roman. Il finira par superviser lui même une adaptation de son livre en téléfilm. Un téléfilm dont personne ne se souvient. Comme quoi, parfois il vaut mieux laisser les gens prendre des libertés que d'essayer de forcément coller au récit. - J'irai cracher sur vos tombes (Boris Vian)
Ce bon vieux Bobo détestait tellement ce film qu'il en est mort. Après avoir combattu les producteurs à grands coups de déclaration dans les médias, Vian a annoncé qu'il voulait retirer son nom du générique. Malgré sa désapprobation, il assiste à la première du film et meurt d'une crise cardiaque après seulement quelques minutes. Mourir c'est jamais cool. Mais comme ça... - Mary Poppins (Pamela Lyndon Travers)
Vous avez surement entendu parler de cette anecdote puisqu'elle a servi de base au film "Dans l'ombre de Mary" qui est en salles en ce moment. Oui le film que beaucoup considère comme un chef d'oeuvre des studios Disney est une pure hérésie pour celle qui a inventé le personnage. La version trop "Disney", pour ne pas dire "bien cul-cul comme il faut" et les séquences animées qu'on voit dans le film ont provoqué l'ire de l'auteur qui à force de coup de gueule a bien failli ne pas être invitée à la première. Elle finit par s'y rendre, et par chialer toutes les larmes de son corps pendant la séance. Bon elle n'en est pas morte comme Boris, mais c'était pas loin. - Forrest Gump (Winston Groom)
Winston Groom était tellement "contenté" de la première adaptation de son roman qu'il en a commencé la suite par ces mots "ne laissez jamais quelqu'un réaliser un film sur votre vie". Voilà, voilà, tout va bien. Plus sérieusement, comme bon nombre d'auteurs, il reproche au film d'avoir édulcoré le propos (moins de sexe, moins de langage grossier) et donc d'avoir dénaturé l’œuvre. - Gatsby le magnifique (Francis Scott Fitzgerald)
Heureusement pour lui, il n'a eu le temps de ne voir qu'une des nombreuses adaptations de ce livre. C'est donc la première (celle de 1926) que lui et sa femme Zelda ont détestée. Ils seraient même sortis de la salle avant la fin du film. Il n'existe pas de déclaration officielle de l'auteur, mais sa femme à écrit "We saw 'The Great Gatsby' in the movies. It's ROTTEN and awful and terrible". "Rotten", "awful" et "terrible" on dirait le bulletin d'anglais de Raffarin. C'est chaud. - Orange Mécanique (Anthony Burgess)
Non seulement ce mec n'a pas aimé le film, mais il a tellement conchié l’œuvre de Kubrick qu'il en a regretté d'avoir écrit le bouquin. Notre Tony serait en fait dégoutté de n'être connu que pour ce bouquin qu'il a "écrit en trois semaines pour la thune". Pour lui le film est une glorification du sexe et de la violence et de fait il refuse d'associer son bouquin à ce message. Il y a donc de grande chances qu'Anthony Burgess soit quelque part un peu con et qu'il n'ait rien compris au film de Kubrick. - Je suis une légende (Richard Matheson)
Matheson a vécu assez longtemps pour détester trois adaptations de son œuvre. Peu de gens peuvent en dire autant. Il a jugé la première adaptation (avec Vincent Price) mal dirigé, et mal casté, ce qui est vrai, même si c'est la plus fidèle à l'histoire. La deuxième version (avec Charlton Heston l'a laissé indifférent car "tellement éloignée de ce que j'ai écrit que ça ne me dérange même pas". Voici enfin son avis sur la version plus récente (avec Will Smith),:"je ne sais pas pourquoi Hollywood est tant fasciné par mon livre, alors qu'ils n'ont jamais voulu le filmer tel qu'il est". Maintenant qu'il est mort, peut-être qu'un studio va enfin faire une adaptation fidèle... - Vol au dessus d'un nid de coucou (Ken Kesey)
Tout le monde a aimé le film... Sauf lui. D'abord investi dans la réalisation en tant que superviseur, il a quitté les plateaux et n'a cessé de dire du mal d'un film qui a remporté le grand chelem des oscars (Film, réalisateur, scénario, acteur, actrice). Après ces 10 exemples on est en droit de se demander : "Les auteurs sont-ils des sales cons ingrats qui ne sont jamais contents ?" Sortez une copie, vous avez deux heures. - (Bonus) Le Voyage Fantastique (Isaac Asimov)
Une fois le film bouclé, on a confié la novélisation de l’œuvre à l'illustre Isaac Asimov. Celui-ci fait sa mijaurée, hésite et finalement prend le fric et signe un premier roman adapté du film. 20 ans plus tard, Asimov réécrit l'histoire de Jérome Bixby (également à l'origine de The Man From Earth) à sa sauce, déclare que c'est la seule vraie version et que celle du film, c'est bien de la merde. Il ne se fait pas chier, Asimov.
Source : Sens Critique/Jackal, Mental Floss, A.V Club