Transposer une oeuvre existante au cinéma peut être à double tranchant, certaines sont tellement bien faites que les auteurs les adorent alors que parfois les auteurs détestent les adaptations de leurs oeuvres. Il est très facile de s’éloigner un peu trop de l’oeuvre originale, et si les scénaristes tentent de changer des trucs dans l’histoire il arrive parfois que ce soit véritablement de bons choix et que ça donne une dimension encore meilleure à l’oeuvre.
Le personnage du Chef Bromden dans "Vol au dessus d'un nid de coucou"
Dans le roman le personnage du Chef est un homme enfermé dans l’asile car il est véritablement dangereux pour lui et pour les autres. Il est persuadé que tous les humains sont des robots, que la société est dirigée par une intelligence supérieure étrange et peut se montrer violent. Le film a décidé de complètement changer ce personnage est pour le coup c’était une idée géniale : le chef devient juste un pauvre homme que la société a brisé, rejeté et laissé de côté jusqu’à son internement injustifié. Il devient beaucoup plus touchant, humain et surtout nécessaire à l’histoire. Et la fin bordel, quelle fin.
La fin de "Watchmen"
ATTENTION SPOIL : si le film Watchmen est extrêmement fidèle au comics de base au point d’utiliser les cases comme un story-board, la fin a été changée ou du moins la forme de ses évènements. Le « méchant » Ozymandias s’arrange pour faire croire qu’un faux extraterrestre gigantesque détruise New-York, une sorte d’énorme pieuvre qui fait comprendre au monde qu’un ennemi commun existe et qu’il faut arrêter de se faire la guerre. Dans le film Snyder fait le choix de prendre Dr Manhattan comme bouc émissaire et l’histoire devient encore plus crédible, un choix véritablement payant pour le scénario.
Les trois dernières minutes de "The Mist"
Ceux qui l’ont vu se souviennent de la fin du film tant elle est choquante. Franck Darabont, le réalisateur, avait à la base choisi de suivre la fin écrite par Stephen King. Piégés dans cette épaisse brume dans laquelle des bestioles étranges bouffent tout le monde, le héros tentait de survivre avec ses enfants et l’histoire se terminait lorsqu’ils se rapprochaient d’une base militaire, espérant être sauvés. Cette première version laissait donc le lecteur sur une fin ouverte, lui permettant d’interpréter lui même s’ils allaient survivre ou non. Mais Darabont avait bien envie que tout le monde chiale, du coup il a rajouté trois minutes pendant lesquelles le père de famille tue ses enfants et les autres survivants d’une balle dans la tête pour ne pas qu’ils se fassent bouffer juste avant que les militaires arrivent pour les sauver. C’est vraiment une fin duraille quand même, mais Stephen King a lui-même déclaré qu’il aurait aimé l’écrire tellement il a kiffé.
Le choix de Stannis dans "Game of thrones"
Vous vous souvenez probablement de l’une des scènes les plus marquantes de Stannis Baratheon dans Game of Thrones où il envoie sa propre fille sur le bûcher pour obtenir la bénédiction d’un Dieu. Cette scène montre à quel point le personnage sombre peu à peu dans un cauchemar dont il ne reviendra pas et cela explique comment il va évoluer par la suite. Dans le bouquin non seulement il ne crame pas sa gamine mais en plus il refuse catégoriquement qu’on sacrifie quelqu’un, conseillant à son peuple de prier simplement. Un choix marquant mais gagnant pour les créateurs de la série (pour une fois).
La vraie nature des "Men in black"
Alors attention parce que le comics est cool, mais ça n’aurait probablement pas été un bon film familial comme la saga est considérée aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que dans le comics les Men in black sont de gros enfoirés, non seulement ils butent des extraterrestres qui ne sont pas des menaces mais ils n’hésitent pas à utiliser leur « flashouilleur » pour pousser certains humains au suicide. Pas cool, pas vendeur, pas très film de Will Smith des années 90 quoi.
La scène foutrement gênante dans "Ça"
Le roman de Stephen King adapté en version télévisée (qui a peut être traumatisé certains d’entre nous, mais je vous rassure, revoyez le vieux aujourd’hui, c’est vraiment tout moisi) s’est vu affublé de quelques changements. Notamment la disparition d’une terrible scène de gang-bang dans les égouts entre la petite fille Beverly (âgée de 11 ans) et les 6 garçons. Heureusement que cette scène a été littéralement dégagée des deux adaptations, c’était plutôt dérangeant.
Les androides de "Blade Runner"
Si les deux oeuvres sont très différentes (vraiment très différentes) le meilleur choix que Ridley Scott a fait en adaptant le roman de K. Dick était d’affiner au maximum la différence entre les humains et les androides. Dans le livre on finit par comprendre qu’ils sont dénués d’émotion alors que les humains eux peuvent avoir de l’empathie. Le film joue bien plus avec cette frontière en montrant l’incroyable monologue de Rutger Haeur et le regard de Rick Deckard complètement perdu après avoir vu l’humanité qui habite les fameux robots et qui doute de sa propre mission.
La rivalité dans "Dragons"
Afin de dynamiser un peu l’histoire du film Dragons les scénaristes ont changé un truc assez capital à l’histoire du bouquin : la relation entre les humains et les dragons. Dans le livre les vikings ne sont pas en guerre contre les créatures mais au contraire, dompter un dragon fait partie du passage à l’âge adulte. Vous voyez donc que ça n’a rien à voir avec le film où le héros est le premier à se lier d’amitié avec un dragon et encourage son peuple à le suivre dans la démarche et arrêter la guerre. Bon changement.
La personnalité de Baymax dans "Les nouveaux héros"
Ce sympathique robot médecin sur lequel on a envie de rebondir est assez différent dans le livre puisque sa personnalité est tout simplement celle du père de Hiro. Du coup il y a une relation assez particulière entre la mère du gamin et l’imposant robot que les créateurs du film ont tout simplement décidé de retirer en donnant à Baymax sa propre personnalité. Non seulement ça enlève quelques scènes mais en plus ça ajoute un lien plus crédible entre les deux personnages.
"The Mask" qui était beaucoup trop violent pour être un film pour enfant
Dans le film The Mask on a le droit à de la violence cartoon qui passe très bien pour les enfants, c’est rigolo et c’est gentil. Mais dans le comics non seulement Stanley Ipkis est très différent mais en plus quand il a le masque il devient particulièrement violent, il défonce des gangs mais aussi des gens qui ne méritent pas vraiment de crever. Le masque est juste une excuse pour que Ipkis se mette à buter des gens par pure vengeance et lui donne enfin l’occasion de se venger du monde. Ça en fait un personnage beaucoup plus sombre pour un public de lecteur adulte qui aime l’humour noir, pas pour des enfants de 8 ans qui veulent voir Jim Carrey faire des grimaces.
Sinon vous pouvez aussi aller voir les meilleures adaptations de comics en série et les super adaptations d’oeuvres jugées inadaptables parce que ça peut aussi se passer d’une bonne manière.
Sources : Cracked, Taste of cinema, The Richest, Spark Notes.