Un micro-Etat au sein de la plus belle ville du monde, avec son lot de secrets, de bruits de couloir, de costumes bizarres et de gardes suisses. Un micro-Etat où toutes les tractations se déroulent à huis clos, dans le silence, la discrétion et la réserve. Un micro-Etat où les assassinats et les scandales existent pourtant bel et bien et sans doute bien davantage qu’ailleurs.

La disparition d’Emanuela Orlandi

Le 22 juin 1983, à la sortie d’un cours de musique, Emanuela Orlandi disparaît. A 16 ans, cette fille d’un des employés du Vatican a tout de l’adolescente modèle. On ne la reverra plus jamais. Qu’est devenue Emanuela ? Les théories s’entrechoquent sur fond de mafia, de loges maçonniques et de collusion entre le Vatican et des financiers véreux. L’avocate de la famille Orlandi a récemment reçu un témoignage anonyme l’encourageant à ouvrir les tombes de vieilles princesses dans un cimetière du saint-siège : trouvera-t-on le cadavre de la petite ?

Mirella Gregori

Cette jeune italienne de 15 ans a disparu le 7 mai 1983 à Rome, peu avant Emanuela Orlandi. Les deux affaires sont-elles liées ? Gregori est descendue pour répondre à une de ses camarades à l’interphone de sa maison et on ne l’a plus jamais revue. En octobre 2018, la découverte d’ossements dans une propriété du Vatican a ravivé l’espoir de la famille, mais ces ossements, dont on ignore à qui ils appartenaient, semblent beaucoup plus anciens que la disparition des deux jeunes filles.

La mort de Jean-Paul Ier

Un pape moderne, réformateur et plutôt en forme. Un soir, il se couche et relit le discours qu’il compte lire le lendemain, un discours offensif contre les malversations financières de la banque du Vatican. Le lendemain matin, il est mort. Les notes du discours ont disparu. Pourtant, on conclut très rapidement à une mort naturelle. Jean-Paul Ier aura en tout et pour tout tenu sa charge 33 jours.

Pas d’autopsie, rien. Suffisant pour nourrir des soupçons justifiés sur l’assassinat du « pape au sourire ».

Le mystérieux Monseigneur Marcinkus

Derrière toutes ces affaires, on trouve un seul et même personnage : Monseigneur Paul Marcinkus. Numéro 3 du Vatican et chef de la banque du micro-Etat, Marcinkus a entretenu de manière avérée des liens avec la mafia et avec la loge d’extrême-droite P2. Il a orchestré un gigantesque scandale financier impliquant de hauts dignitaires italiens, des mafieux et la banque de l’Eglise avec blanchiments, drôles de suicides et meurtres en série (dont Roberto Calvi et Michele Sindona). Marcinkus est soupçonné d’avoir été impliqué dans la mort de Jean-Paul Ier ET dans la disparition d’Orlandi. La boucle est bouclée.

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Il n'a pas souffert, promis

Le triple meurtre au Vatican

En mai 1998, les corps d’Aloïs Estermann de son épouse et d’un jeune caporal de la garde suisse, Cédric Tornay, sont retrouvés au Vatican. Estermann, nommé chef des gardes suisses la veille aurait été assassiné par Tornay qui se serait ensuite suicidé. Une lettre atteste de ce geste. Mais cette thèse officielle ne convainc pas : la lettre en question est truffée de fautes d’orthographe alors que Tornay avait une orthographe impeccable et, surtout, l’enquête a été totalement bâclée. Services secrets ? Opus Dei ? Roman de Dan Brown ?

Les Vatileaks

En mai 2012, de nombreux documents confidentiels attestant de l’existence d’un réseau de corruption active au sein du Saint-Siège sont publiés dans les médias. Contrats de construction gonflés et malversations au sein de l’IOR, l’Institut pour les Oeuvres de religion (la banque du Vatican) sont au menu de ces révélations qui mettent en cause le pape Benoît XVI. Le majordome de la papauté sera arrêté et condamné à 18 mois de prison avec sursis, soupçonné d’être à l’origine des fuites.

La loge P2

Cette loge pseudo-maçonnique défendant une idéologie profondément réactionnaire réunissait en son sein des dizaines de hauts-dignitaires italiens en lien direct avec la mafia et les autorités du Vatican. Le fondateur, Licio Gelli, était un proche de Roberto Calvi, assassiné dans le cadre du scandale du Banco Ambrosiano dont le principal actionnaire était la Banque du Vatican. On trouvait parmi les membres de la loge des personnages aussi divers que le père de Silvio Berlusconi, des industriels italiens, des journalistes de droite, des membres des services secrets… L’existence de la loge a été révélée au public et une commission d’enquête a conclu qu’il s’agissait d’une organisation criminelle, coupable, qui plus est, d’intelligence avec l’ennemi (la loge servait de relais d’influence et d’information pour la CIA et les services secrets de la dictature argentine).

La tentative d'assassinat de Jean-Paul II

C’est un membre des Loups gris, cette organisation paramilitaire d’extrême-droite turque, qui a tiré sur le pape Jean-Paul II le 13 mai 1981 alors que celui-ci se trouvait sur la place Saint-Pierre. On ignore exactement qui se trouve derrière cette tentative de meurtre : longtemps, la thèse d’une manipulation soviétique pour déstabiliser la Pologne via la filière bulgare a été avancée, mais la théorie ne tient pas. On a évoqué la possible entremise de Cosa Nostra dans cette affaire, en représailles sans doute du tour de vis donné à la corruption généralisée au Vatican. Mais la vérité n’a jamais été totalement établie.

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Le trésor des Oustachis

Plusieurs rapports font état d’un transfert illégal d’un trésor croate sur les comptes du Vatican à l’issue de la Seconde guerre mondiale. 350 millions de francs suisses auraient ainsi été envoyés par les Oustachis en déroute à la Banque du Vatican qui se serait bien gardé de rendre cet argent à la Croatie une fois le pouvoir des Oustachis renversé.

Les agressions sexuelles en pagaille

Le représentant du Vatican en France, Mgr Ventura, est visé par 4 plaintes pour abus sexuels et vient de voir son immunité levée par le saint-siège. Toujours est-il que les révélations récentes laissent entrevoir un véritable réseau organisé par l’église pour couvrir les actes de pédophilie et maintenir un statu quo plutôt que de faire ménage dans ses rangs. Un scandale en pleine explosion.

On raconte que Marcinkus aurait déclaré : « On ne peut pas diriger l’église avec des Je vous salue Marie ».