Il y a à peine quelques jours, on déplorait l’assassinat d’une jeune fille de 14 ans en Iran, Romina, décapitée par son père pour avoir voulu vivre son histoire d’amour avec un homme de 35 ans. Si vous trouvez que ce n’est pas assez sordide, notez bien que le père, Reza Achrafi a prémédité son geste et eu le culot de demander à un avocat quelques jours avant de passer à l’acte ce qu’il risquait. Ce à quoi on lui a dit, 3 à 5 ans de prison tout au plus.
Ce sont des meurtres commis par des hommes (le plus souvent) envers des femmes (le plus souvent)
Selon la définition de Human Rights Watch : « Les crimes d’honneur sont des actes de violence, le plus souvent des meurtres, commis par les membres masculins d’une famille à l’encontre de ses membres féminins, lorsqu’ils sont perçus comme cause de déshonneur pour la famille tout entière. Une femme peut être la cible d’individus au sein de sa propre famille pour des motifs divers, comprenant : le refus de participer à un mariage arrangé, le refus des faveurs sexuelles, la tentative de divorce — que ce soit dans le cadre de la violence conjugale exercée par son mari ou dans un contexte avéré d’adultère. La simple interprétation selon laquelle son comportement a “déshonoré” sa famille est suffisante pour enclencher une représaille. »
Et naturellement les personnes LGBT...
D’après le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, beaucoup de personnes orientation LGBT font des demandes d’asile car elles craignent pour leurs vies et font partie des premières cibles des crimes d’honneur.
Plusieurs milliers, voire dizaines de milliers de meurtres sont commis chaque année ainsi en toute impunité
Pour l’ONU, le nombre de morts liées à des crimes d’honneur s’élève à 5000 par an. Toutefois, d’autres organisations non gouvernementales estiment que le nombre de victimes atteindrait plutôt les 20 000 cas annuels. En fait, il est très difficile de chiffrer exactement les crimes d’honneur dans le monde parce qu’ils peuvent être « maquillés » en suicide ou en meurtres classiques.
Les crimes d'honneur sont toujours d'une violence ignoble
Le récit des pratiques le plus souvent mises en place pour punir les femmes a de quoi donner envie de vomir. Lapidation, coups de machette, jet d’acide ou empoisonnement sont des tortures courantes car on les considère comme des rites de « purification »…
Les crimes d'honneur existent aussi en Europe
Si les crimes d’honneur se produisent en majorité dans les pays musulmans, on en dénombre dans de nombreux autres pays, au Brésil, au Nigéria, au Pérou, aux Etats-Unis mais aussi au Royaume-Uni, en Italie, en Norvège, en Suède, ou encore Allemagne. Bref les crimes d’honneur n’ont pas de frontière (malheureusement partout dans le monde des jeunes filles sont contraintes de se marier à 13 ans et punies lorsqu’elles osent dire non).
Dans les pays qui pratiquent le crime d'honneur, on estime qu'une femme victime de viol souille la famille
Par exemple au Pakistan, selon Sandrine Treiner autrice du Livre noir de la condition des femmes, 80 % des femmes en prison le sont parce qu’elles ont été violées. Il va sans dire qu’une femme visée par un crime d’honneur n’a aucun moyen de se défendre ou d’apporter sa version des faits.
A ce jour, la loi est encore assez sympa avec les auteurs de crimes d'honneur
Eh oui parce que selon la loi islamique, le père est « propriétaire » de ses enfants jusqu’à leur majorité et peut donc en faire ce qu’il veut y compris les tuer si ça lui chante. Il sera peut-être condamné à quelques années de prison tout au plus. Franchement si ça c’est pas de la justice, je ne sais pas ce qu’il vous faut.
Les crimes d'honneur de son pas des crimes passionnels
Si tant est que le crime passionnel serait moins grave (alors que dans le fond, c’est juste la reformulation sexy d’un féminicide), il ne faut toutefois pas confondre les deux crimes. Le premier est le plus souvent commis par un conjoint sur sa femme (l’inverse étant beaucoup plus rare) quand cette dernière a eu l’outrecuidance d’entreprendre une relation extraconjugale. Dans le cadre d’un crime d’honneur, la main meurtrière peut venir de n’importe quel membre de la famille ou même de quelqu’un en relation avec la famille (genre le beau-frère qui trouve que quand même ça se fait pas que sa belle-sœur dise bonjour à d’autres êtres humains). Par ailleurs, les crimes dits « passionnels » sont le plus souvent impulsifs et entrepris sous le coup de la colère alors que les crimes d’honneur sont le fruit d’une méditation collective au sein de la famille.
Les motifs qui poussent une personne à commettre un crime d'honneur sont lunaires
A ce stade vous avez certainement bien capté que les crimes d’honneur étaient une immondice encore trop peu condamnée par la loi. Donc quand il s’agit de justifier un tel crime, ça dépasse l’entendement… Si dans tous les cas aucune cause ne peut ni excuser ni permettre de comprendre un tel acte, il faut savoir que la plupart du temps ces motifs sont absolument ridicules : parler avec un voisin du sexe opposé, recevoir un coup de téléphone d’un homme qui ne fait pas partie de la famille, ne pas avoir correctement servi le repas. Un assassin a déjà justifié son acte parce qu’il avait rêvé que sa femme couchait avec un autre homme !
C'est une tradition qui est plus liée à la culture patriarcale qu'à imputer à la religion
Si les crimes d’honneur se produisent en grande partie dans les communautés musulmanes, cette pratique n’a aucun fondement religieux et l’islam ne préconise nulle part cette peine de mort. Cela dit, paradoxalement, ne pas établir de lien entre les crimes d’honneur et la loi islamique empêche leur condamnation réelle dans les pays appliquant la charia.