Si on vous a déjà parlé de secrets de tournages improbables, il y a tellement d’anecdotes cocasses du monde du 7ème art à connaitre qu’il nous faudrait une semaine entière pour tout vous raconter. En plongeant plus précisément dans certains aspects, on peut s’arrêter une minute sur les films qui ont outrepassé les limites de la loi pour se réaliser, au prix de la morale, d’amendes ou tout simplement de leur notoriété, et c’est ce qu’on vous propose de voir maintenant.
Michael Curtiz - Causer la mort de trois personnes sur le tournage de "L'Arche de Noé"
Avant de réaliser Casablanca, Michael Curtiz avait mis en image le film L’Arche de Noé à l’époque de l’âge d’or d’Hollywood. Pour filmer la scène de l’inondation, il a trouvé que c’était une bonne idée de surprendre les figurants en balançant plein de flotte, ce que l’un des techniciens lui a déconseillé parce que ça se fait pas trop. Mais il n’a pas écouté et forcément trois personnes sont mortes, d’autres ont eu des côtes cassées et il y a eu plusieurs blessés, mais Curtiz n’a jamais été inquiété juridiquement. Quelle belle époque où les droits des travailleurs étaient bafoués en permanence.
Melvin Van Peebles - Faire jouer son fils mineur dans une scène de cul sur le tournage de "Sweet Sweetback's Baadasssss Song"
Si certains se souviennent de ce film comme de l’un des films qui ont lancé un genre (la blaxploitation en l’occurrence), d’autres s’en rappellent pour la scène de cul (simulée) où un gamin (le fils du réalisateur) couche avec une femme beaucoup plus âgée. Le truc, c’est que bah ça, c’est totalement illégal, fait sans autorisations et parfaitement dérangeant.
Dennis Hopper - La consommation de drogue sur le tournage de "Easy Rider"
Si le film est devenu culte par la suite, on n’en avait absolument aucune idée pendant son tournage, ce qui n’a clairement pas empêché les acteurs et l’équipe de consommer de véritables drogues tout au long de cette folle aventure. Il faut savoir que la weed était illégale dans les années 70 aux États-Unis et passible de prison (on déconnait pas) et je ne parle même pas des autres drogues (et il y en avait), mais Hopper voulait garder une approche plus réaliste et probablement se défoncer gratos.
George Miller - Voler des accessoires et fermer des routes sur le tournage de "Mad Max"
Ce film à petit budget qui a lancé une franchise a été une sacrée aventure à tourner. Déjà les figurants étaient pour la plupart des vrais membres de gangs de bikers locaux, et avec le tout petit budget, c’était compliqué d’obtenir des autorisations légales pour bloquer certaines routes ou tourner à certains endroits. C’est pour ça que Miller a tout simplement décidé de le faire complètement illégalement en bloquant des routes pour faire les scènes de course-poursuite sans prévenir la police, mais aussi en volant quelques accessoires parce qu’il n’y avait pas assez de pognon.
F.W. Murnau - Adapter Dracula sans les droits juste en changeant le nom sur le tournage de "Nosferatu"
Quand Murnau a réalisé le film qui allait devenir culte, Nosferatu, il n’avait aucune autorisation pour copier allègrement l’histoire du roman Dracula de Bram Stocker. À la place, il s’est contenté de changer le nom des personnages et c’est à peu près tout. Forcément, il n’a pas fallu attendre beaucoup de temps pour que les ayants-droits de l’œuvre originale se sentent un peu volés et un procès a eu lieu pour leur donner réparation (normal, c’est du vol et du plagiat, comme l’utilisation de cette réplique).
Randy Moore - Filmer à DisneyWorld sans aucune autorisation pour "Escape from tomorrow"
Le tournage de ce film est un manque total d’autorisations puisqu’il comporte plusieurs scènes tournées dans un parc d’attraction Disney sans aucune forme d’accord du parc. Les acteurs se faisaient passer pour de simples touristes, les caméras étaient embarquées secrètement et le montage a été fait en Corée du Sud. Disney a eu vent de l’affaire, mais plutôt que de lui donner plus de visibilité en l’attaquant frontalement, la firme a seulement obligé la production à sortir le film sur les plateformes VOD.
Cameron Crowe - se faire passer pour un élève dans une université pour écrire "Ça chauffe au lycée Ridgemont"
Afin d’écrire avec le plus de réalisme possible son livre Ça chauffe au lycée Ridgemont, Cameron Crowe a décidé de retourner à l’université sept ans après la fin de ses études pour la durée d’une année scolaire. Après avoir dealé sa couverture avec le principal de l’établissement, il est allé en cours, a sympathisé avec des élèves et a littéralement menti à tout le monde pendant un an. Le livre qu’il a écrit a ensuite été adapté en film et forcément, c’était assez fidèle à ce qu’on pouvait voir dans ces universités, mais ça n’en restait pas moins un gros abus de confiance auprès de tout le monde.
Jonathan Glazer - Filmer des gens en caméra cachée pour avoir des scènes dans "Under the skin"
Le film où Scarlett Johansson joue une extraterrestre qui attire des hommes pour un projet totalement badant (globalement les buter) comporte beaucoup de scènes où on voit l’actrice au volant de sa voiture jeter des regards à des hommes qu’elle croise dans la rue (elle chasse ses proies quoi). La plupart de ces scènes ont été tournées sans autorisations avec des caméras cachées et les hommes en question étaient de simples passants qui échangeaient des regards avec l’actrice sans savoir que ça allait terminer dans un film. Bon, juste après chaque scène, on allait prévenir les gens pour leur demander s’ils s’opposaient à apparaitre dans le film, donc ça devenait un peu plus légal.
John McTiernan - Mà un agent du FBI et faire écouter son producteur sur le tournage de "Rollerball"
Probablement l’un des points les plus rocambolesques de ce top : le film Rollerball fait non seulement partie de ces films qui ont terminé la carrière de leur réalisateur (John McTiernan en l’occurence) mais a également conduit ledit réalisateur, McTiernan, en prison pendant plus d’un an. Le réalisateur de Die Hard 1 et 3, de Last Action Hero ou encore de À la poursuite d’octobre rouge a livré avec ce film un produit bâtard tiraillé entre sa vision et celle de son producteur manifestement d’un autre avis.
La rivalité entre les deux hommes a poussé McTiernan à embaucher un détective privé pour mettre sur écoute le producteur et un peu plus tard à mentir à un agent du FBI pour avoir commandité les écoutes illégales, ce qui lui a valu le fameux passage en prison. Et si le film a été un aussi gros échec, c’est parce que ces deux visions ont condamné l’œuvre qui aurait pu être une énorme critique contre le gouvernement américain pro-guerre (tout cela est beaucoup mieux expliqué dans ce super épisode de Chroma).
Jafar Panahi - Cacher son film dans un gâteau pour le sortir d'Iran avec "This is not a film"
Le documentaire du réalisateur Jafar Panahi (qui lui a valu six ans de prison en Iran), où il montre une journée de sa vie d’activiste politique dans un pays qui ressemble beaucoup à une dictature, ne pouvait pas quitter le pays sans avoir été montré aux autorités. Panahi a donc décidé de le tourner et le monter seul avant de le stocker sur une clé USB qu’il a cachée dans un gâteau d’anniversaire pour prendre l’avion. Il est ensuite arrivé à Cannes où le film a été projeté et pour avoir transporté illégalement son œuvre, Panahi a finalement été emprisonné.
Terry Gilliam - Monter une fausse version du film et la projeter clandestinement pour "Brazil"
Quand Terry Gilliam a réalisé son chef d’oeuvre néo-noir futuriste Brazil, les producteurs la lui ont mise à l’envers et ont complètement saboté le montage. Il a donc volé les images, monté le film qu’il voulait faire et a organisé des projections presse clandestines parce qu’il était convaincu que son film valait le coup. Et vu que c’était le cas, les spectateurs spécialisés étant unanimes, il a fait remonter ces avis au studio en disant globalement « les gens aiment mon film comme ça, c’est cette version qu’il faut garder ». Sacré grosse paire de couilles le Terry.
James Cameron - Se faire passer pour une équipe de tournage étudiante sur le tournage de "Terminator"
James Cameron a réalisé la plupart des scènes du film de nuit parce que les permis de tournages étaient moins chers mais ça n’a pas empêché plusieurs passages du film d’être tournés illégalement. La police est donc logiquement intervenue lors de la réalisation de la dernière scène et la productrice leur a fait croire qu’il s’agissait d’un film étudiant pour qu’on les laisse tourner et les agents ont été plus laxistes. Osé, mais bien joué.
À côté de ça, il y a aussi plein de films dont le scénario devrait être illégal, genre Taxi 4, faut pas filmer ça.
Sources : Whatculture, Ranker, MovieWeb.