On connaît l’histoire de L’Enfer, projet inachevé de Clouzot après que les relations entre le réalisateur et son acteur, Serge Reggiani, sont devenues tellement infernales que Reggiani a dû se faire internet à l’asile. Mais toutes les disputes ne conduisent pas systématiquement à l’annulation d’un film ; simplement, on s’en rapproche parfois beaucoup.
Le Casino Royale de 1967 a dû être récrit à cause de Peter Sellers
Assez méconnu quoique culte, la première version semi-parodique de Casino Royale, de Ian Fleming, n’est pas à proprement parler un bon film, malgré son casting assez relevé et bizarre dans lequel on retrouve Peter Sellers, Woody Allen, David Niven ou Orson Welles. Sellers y joue un Bond pénible, un rôle qui lui va bien puisqu’il a été pénible de bout en bout sur le tournage.
Lors d’une soirée, Leo Jaffe, le patron de Columbia Pictures qui produit le film, rencontre Peter Sellers et le prend pour Woody Allen. Fidèle à sa réputation d’emmerdeur, Peter Sellers joue le jeu et prétend qu’il est le comique américain, avec une telle conviction que le producteur finit par le prendre à témoin sur l’emmerdement engendré h24 par Peter Sellers. Merde.
Sellers disparaît du tournage pour fuir en Suède. Merde à nouveau. Pour continuer la production, l’équipe est obligée de tout réécrire. Et c’est là que ça commence à dériver, puisque les scénaristes décident du coup que le personnage de James Bond sera incarné par plein d’acteurs différents. Dès lors, le film devient incompréhensible.
Quelques semaines plus tard, Sellers regagne le plateau de tournage pour faire la scène finale.
Y'a-t-il un pilote dans l'avion ? n'a failli jamais être tourné à cause d'une histoire de modèle d'avion
Personne ne le sait ou tout le monde s’en fout, mais le film culte de Jim Abrahams et
David Zucker est en réalité une parodie d’A l’heure zéro, un film pas très connu des années 50. Du coup, les réalisateurs voulaient absolument que cette histoire d’avion se déroule à bord d’un coucou des années 50. Sauf que le producteur Michael Eisner a dit non. Il était prêt à laisser des mecs inexpérimentés tourner n’importe quoi, mais n’importe quoi dans un avion de ligne qui parle aux gens, pas dans un truc avec des hélices.
Les réalisateurs ont décidé du coup de ne pas faire le film avec lui et ont cherché d’autres studios ; sauf qu’aucun autre studio ne voulait les laisser faire le film tout court.
Et ils ont fini par céder.
Le tournage des Evadés a pris du retard pour une histoire d'asticot
Film le mieux noté sur IMDB malgré son caractère assez inconnu dans tout espace autre que le sol américain, Les Evadés a connu des problèmes avec la société de prévention contre la cruauté envers les animaux. La production avait dû s’attitrer les services d’un représentation de la société car l’un des deux personnages principaux se trimbalait avec une colombe dans la poche.
Pour la colombe, aucun problème ; en revanche, dans une scène, le personnage chope un asticot dans sa bouffe et le file à bouffer à l’oiseau : un scandale, selon le représentant, qui refusait que la scène soit tournée. La seule manière de déroger à cette injonction aurait été de prendre un asticot mort de mort naturelle. Du coup, on a acheté plein d’asticots en attendant que l’un d’entre eux meure. Promis.
Gone Girl ou comment prendre du retard à cause du Baseball
Sur le tournage de Gone Girl, une dispute entre David Fincher et Ben Affleck a failli virer chocolat. Dans une séquence, le personnage incarné par Affleck était censé porter une casquette à l’effigie de l’équipe de Baseball des New York Yankees. Sauf qu’Affleck est fan d’une équipe concurrente et qu’il lui était impossible pour des raisons quasi-religieuse de porter cette casquette. Dès lors, engueulade maousse et tournage bloqué.
Jusqu’à ce que quelqu’un trouve une solution : il n’avait qu’à porter une casquette des Mets. Ca réglerait le problème. Ouf.
La Mélodie du bonheur a été sans cesse saboté par un agriculteur
Dans une des scènes du Marshmallow mallow mallow des années 50, Julie Andrews, toujours de bonne humeur, chante et danse dans une grande prairie verte. Mais une fois tout le matos installé dans la jolie prairie, on a commencé à faire face à un problème de fermier : à chaque fois qu’Andrews se mettait à chanter, un agriculteur du coin hurlait en Allemand, une fourche à la main. Pourtant, le type avait été payé par le production pour que le tournage puisse se faire sur ses terres. C’était sans compter sur le fait qu’il était totale dingo.
En plus, le mec avait coupé les câbles sur lesquels les machines étaient branchées et taillé l’herbe censée les recouvrir. Près d’une semaine de retard.
Apocalypse Now ou le tournage de l'enfer
1000 fois, le tournage d’Apocalypse Now a failli être définitivement interrompu : changements d’acteur, crise cardiaque de Martin Sheen, impossibilité pour Dennis Hopper d’apprendre son putain de texte tellement il était foncedé, l’enfer. Le pire est sans doute venu de Marlon Brando, qui avait deux missions à accomplir pour justifier ses 3 millions de dollars de cachet : lire Au cœur des ténèbres et perdre du poids. Il n’a fait ni l’un, ni l’autre. Coppola en est devenu fou. Il a commencé à lire le bouquon à Brando dans sa loge d’une traite. Sauf qu’après avoir pris connaissance du bouquin, Brando et Coppola se sont engueulés sur la dimension à donner au personnage de Kurtz… Une histoire sans fin. Finalement, Coppola a baissé les bras et laissé Brando faire comme il voulait.
Nous ne vieillirons pas ensemble ou quand ton acteur ne peut pas te saquer
Le tournage du film de Maurice Pialat a été éprouvant tant pour Pialat, connu pour être un mini-dictateur, que pour Jean Yanne, son acteur principal, qui ne pouvait pas saquer son réalisateur. Il le trouvait nul, et son film pire encore. 1000 fois il a menacé de quitter le tournage, estimant n’être pas assez dirigé, ou trop ; bref, c’était épidermique. Le plus marrant, c’est qu’en fins de compte, Jean Yanne a remporté le prix d’interprétation masculine à Cannes pour ce rôle.
Les désaxés ou quand Marilyn Monroe rend tout le monde fou
Sur le tournage des Désaxés, Montgomery Clift, Clark Gable et Marilyn Monroe étaient en plein marasames personnel et professionnel et leurs personnages ne nécessitaient pas, en conséquence, un gros travail de composition. Marilyn Monroe, dépressive au dernier degré, arrivait systématiquement en retard sur le plateau et réclamait des milliers de prises. Sauf que Gable n’en pouvait plus de ses caprices. John Huston, le réalisateur, est au bout du bout : il ne supporte plus les engueulades incessantes entre ses acteurs, ni l’attitude de Monroe. Résultat, le tournage a pris un retard monstre et Monroe a plusieurs fois démissionné de son rôle.
The Canyons ou Lindsay Lohan dans ses oeuvres
Lindsay Lohan a commencé le tournage de The Canyons en ne se présentant pas sur le plateau. Elle s’est donc fait virer, puis elle est aller pleurnicher auprès de Paul Schrader pour qu’il la réengage. Le réalisateur et son actrice se sont notamment disputés à propos d’une scène de sexe que Lohan a refusé de tourner alors même que son contrat stipulait qu’elle devait la tourner. Ca a failli virer chocolat quand Lohan s’est faite virer pour la deuxième fois, avant de se faire réengager juste après.
Aguirre, la colère de Dieu ou quand un fou rencontre un autre fou
Klaus Kinski et Werner Herzog n’en pouvaient plus de ce tournage dans la jungle. Kinski avait l’air tellement dingue qu’il effrayait les Indiens et Herzog et lui passaient leur temps à se discuter. Kinski a notamment exigé qu’Herzog renvoie toute l’équipe, ce à quoi le réalisateur s’est opposé ; Kinski a donc décidé de quitter le plateau. Herzog a dès lors affirmé qu’il paierait les Indiens pour le tuer. Kinsi a proposé une somme plus importante encore aux Indiens pour le tuer. Pendant ce temps-là, le tournage n’avançait pas.
Il vaut mieux faire du théâtre.
Sources : Cracked, Sens critique