Les années 90 ont pu donner naissance à des textes d’une poésie incroyable ; c’est quand même la décennie qui a vu sortir La nuit je mens de Bashung, Un homme heureux de William Sheller ou encore La Corrida de Cabrel. Des trucs profonds et pas écrits avec les pieds, donc. Mais vous savez très bien que nous, on n’est pas des poètes, et qu’on préfère aller vers ce qui s’est fait de plus cringe, de plus pourri et de plus problématique dans les paroles de chansons des années 90. C’est quand même plus marrant.
Catégorie "balek total" : I'm Blue - Eiffel 65
Commençons par le plus évident, à savoir le refrain : « I’m blue, Da ba dee da ba da, di da ba dee da ba da, da ba dee da ba da, di da ba dee da ba da, da ba dee da ba da… » Clairement, les gars ne se sont pas foulés, mais vous allez nous dire, c’est normal, c’est un refrain, faut que ce soit entrainant. Admettons.
Maintenant, un extrait de couplet : « J’ai une maison bleue, avec une fenêtre bleue. Bleue est la couleur de tout ce que je porte. Les rues sont bleues, et tous les arbres le sont aussi. J’ai une meuf et elle est tellement bleue. » Alors, c’est pas un petit peu tout pourri ça ?
Catégorie "bégaiement" : Wannabe - Spice Girls
Poursuivons notre aventure poétique avec les Filles Épicées qui nous chantent : « Je te dirai ce que je veux, ce que je veux vraiment, vraiment. Alors dis-moi ce que tu veux, ce que tu veux vraiment, vraiment. Je veux, (ha) Je veux, (ha) Je veux, (ha) Je veux, (ha). Je veux vraiment, vraiment, vraiment zig-a-zig ah »
Ça fait beaucoup de bégaiements pour nous annoncer qu’elles veulent faire des choses pas très catholiques. Oui, parce que faire « zig-a-zig ah », on voit vraiment pas ce que ça pourrait être d’autre que des galipettes. Bref, heureusement que la musique est bien (et tous les fans des Spice Girls= en témoigneront), parce que les paroles c’était pas ça.
Catégorie "non respect du consentement" : Pour que tu m'aimes encore - Céline Dion
Comme tout le monde, on aime Céline et on adore cette chanson, mais quand on se penche sur les paroles, force est de constater que la chanteuse se fout complètement du consentement : « Je te jetterai des sorts pour que tu m’aimes encore », « Les formules magiques des marabouts d’Afrique, J’les dirai sans remords pour que tu m’aimes encore », c’est un peu limite Cé-cé. Il faut le laisser partir d’accord ?
Et ça devient pire quand on ajoute à ça une pointe de culpabilisation : « Fallait pas commencer, M’attirer me toucher, Fallait pas tant donner, Moi je sais pas jouer ». En mode c’est de ta faute si maintenant je te harcèle quoi. Alors évidemment, dans la chanson, c’est un personnage désespéré qui parle, mais on peut décemment imaginer le nombre de personnes qui prennent ces paroles premier degré. Des oufs.
Catégorie "pléonasme" : Just a girl - No doubt
On peut remercier le groupe de Gwen Stefani pour celle-là : « Oh, je ne suis qu’une fille, je suppose que je suis une sorte de monstre, parce qu’ils sont tous assis et me regardent avec leurs yeux. » Noooon, ils regardent avec leurs yeux ? Sans dec’ ? Pas avec leurs genoux ? Bon après faut avouer que comme c’était Gwen Stefani, on a vite pardonné.
Catégorie "sans dec ?" : Mmmbop - Hanson
Si les trois frères chevelus ne s’étaient pas fait chier avec leur refrain qui consistait à répéter des « Mmmbop, ba duba dop, Ba du bop, ba duba dop, Ba du bop, ba duba dop, Ba du, oh yeah », on a préféré retenir ce passage :
« Plantez une graine, plantez une fleur, plantez une rose. Vous pouvez planter n’importe laquelle d’entre elles. Continuez à planter pour savoir laquelle pousse. C’est un secret que personne ne sait. C’est un secret que personne ne sait. Oh, personne ne sait »
Ben si, en fait, tout le monde sait ça. Genre vraiment tout le monde, et ce depuis la nuit des temps. C’est le principe du jardinage. Ils se foutent vraiment de notre gueule les Hanson non ?
Catégorie "creepy" : Dur dur d'être un bébé - Jordy
Oui, d’accord, le titre était chanté par un gosse en bas-âge, donc les paroles sont adaptées, à base de : « Reste assis, pas d’accord ! Touche pas ça, pas d’accord ! Va pas là, pas d’accord ! T’auras pas de dessert ! Et Mamie, et Papi, et Maman. Dur dur d’être bébé, Oh là là bébé, C’est dur d’être bébé, Dur dur d’être bébé. » Mais il n’empêche que le truc a été écrit, ou au moins mixé par un adulte qui n’en a rien eu à foutre que tout ça ait le moindre sens. Sérieusement, qu’est-ce qu’il fout là le « et Mamie, et Papi, et maman » ? Il sort de nulle part. Les années 90 nous ont vraiment offert ce qu’il y avait de pire.
Catégorie "erreur de traduction" : Baby one more time - Britney Spears
Le fameux « Hit me baby one more time » a choqué tout le monde à la sortie du single en 1998, pour la simple et bonne raison que « frappe-moi encore une fois bébé », ça fait très mauvais genre, d’autant plus quand c’est prononcé par une ado déguisée en écolière sexy. Mais la légende raconte que l’auteur des paroles était suédois et qu’il croyait que « hit me » était de l’argot pour dire « appelle-moi ». Si c’est vrai, alors le mec s’est bien lourdé, et en même temps il aura contribué à rendre Britney subversive.
Catégorie "vêtements bon marché" : Ces soirées-là - Yannick
« Elles sont toutes bonnes à croquer mais c’est sur elle que j’ai craqué. Mon jean allait craquer quand mes yeux sur elle se sont braqués. »
Là, niveau poésie, on n’est pas trop mal, avec de la rime riche, et Yannick se paie le luxe de presque faire un chiasme. Par contre, c’est quoi cette histoire d’érection incontrôlée et de jean prêt à craquer ? Il s’agirait, d’une part, de se contrôler un peu, et, d’autre part, d’investir dans des pantalons de qualité, mon cher Yannick.
Catégorie "écrit avec le cul" : What's up ? - 4 Non Blondes
« Et je me sens un peu particulière, Et donc je me réveille le matin, Et je sors, Et je prends une profonde inspiration Et je deviens réelle, Et je crie à tue-tête, Que se passe-t-il ? Et je dis hey hey hey hey, j’ai dit hey. Que se passe-t-il ? Et je dis hey hey hey hey, j’ai dit hey. Que se passe-t-il ? »
Comme quoi on peut écrire un énorme tube avec des répétitions de « et » à foison et du remplissage à base de « hey », sans que tout ça n’ait aucun sens. Et tout le monde s’en fout.
Catégorie "j'écris ce qui me passe par la tête" : Tubthumping - Chubawamba
Difficile de savoir par où commencer ici, puisque tout semble n’être qu’un assemblage de mots pris au hasard. Entre les « On chantera quand on gagnera » (sans aucune explication), les « Oh Danny boy » répétés (toujours sans explication), les « Il boit un verre de whisky, il boit un verre de vodka, il boit un verre de bière, il boit un verre de cidre » auxquels on ne comprend rien, et le refrain « je me suis fait renverser mais je me relève encore » répété à l’infini, on n’a toujours pas bitté le sens de cette chanson après toutes ces années. Selon le guitariste du groupe, ça parle d’un mec bourré qui tombe en rentrant chez lui, mais on pourra pas s’empêcher de penser que les mecs ont juste balancé des mots au hasard en se disant que personne ne ferait gaffe. C’est notre droit.
Catégorie "on dirait que c'est écrit par un enfant" : Aucune fille au monde - G Squad
C’est vrai que tacler les boys bands, c’est un peu tirer sur l’ambulance, mais en même temps rien ne les empêchait d’écrire des textes plus profonds que : « Trop de filles dans les magazines, Leurs fringues à la mode sont trop chères pour toi, Tu te compares à elles, tu déprimes, Oh, tu as tort, tu sais ne t’en fais pas, non, non. Aucune fille au monde, Aucune fille plus belle que toi, Aucune fille au monde, Aucune fille plus belle que toi, pour moi. » À côté de ça, Jordy c’est presque du Rimbaud.
Catégorie "Pas très subtil" : Le Jerk - Thierry Hazard
« Un soir Roger rencontra Joséphine. Il lui dit « ce que vous êtes mignonne ». Vous êtes belle comme une speakerine. Venez chez moi je vous jouerai du trombone. »
On sent que le mec a écrit ça plein de fierté, genre « mdr le trombone c le zizi ils vont pas comprendre », mais si, Thierry, on a compris. Ok, à 5 ans, on n’avait pas compris, mais maintenant, on comprend. Et c’est lourd, très lourd.
Catégorie "street cred" : Bye bye - Menelik
Le texte présente pas mal de problème, mais on a beaucoup aimé ce passage : « Je joue à la fille qui en a marre de te voir rentrer tard. Tout ça parce que tu préfères traîner avec tes lascars. »
Franchement, « lascars » ? Même dans les années 90, le terme était déjà ringard. Zéro street cred pour Menelik. D’ailleurs, si vous voulez savoir ce que le bonhomme devient, allez voir le top des destins de stars des années 90. C’est cadeau.
M’enfin, tout ça c’était normal dans les années 90.