A force de se faire bassiner par les fameux « anglicismes » (et même par les faux « anglicismes »), on en oublierait presque que l’anglais doit aussi pas mal de son vocabulaire à notre belle langue française. Parce qu’il est important de rendre à nous ce qui est à nous et qu’on vous parlé il y a peu des étymologies anglaises insolites.
Very (très)
Il y a bien bien longtemps on disait « verai » pour vrai, puis ça a donné « vray » qui s’est ensuite transformé en « vrai », tout simplement. Entre temps, nos chers voisins british nous ont piqué le mot en faisant un chouette petit mix entre « verai » et « vray ».
Purchase (acheter)
Qui vient de « prochacier », version moyenâgeuse (XIIe XIIIe siècle) et pas très mélodieuse de « chercher à obtenir ». « Attendez les gars, je vais prochacier un mojito ! »
Aunt (tante)
Jusqu’au XVIIe siècle, on disait « ante » pour « tante », d’où le « aunt ». Il paraîtrait d’ailleurs que le rajout du « t » devant « ante » soit tout simplement une altération enfantine dû au fait que les mioches ne savent pas prononcer correctement les mots. Sales gosses.
Curtain (rideau)
Du latin « cortina », une « courtine » était au XIIIe siècle un rideau de lit ou une tenture. Les Anglais en ont tiré « cortine » qui s’est progressivement transformé en « curtain ».
Cabbage (chou)
Comme vous le savez sans doute si vous avez un grand-père, la « caboche » est un synonyme relativement courant de « tête ». Synonyme qui a été importé au Canada par Jacques Cartier en 1541 avant de faire son petit bonhomme de chemin jusqu’aux Etats-Unis. Un chou rassemblant quand même vachement à une caboche, le terme a ensuite dérivé tout seul comme un grand.
Blanket (couverture)
Jadis, nos ancêtres du XIIIe siècle utilisaient le terme « blanchet » pour désigner un morceau de drap blanc utilisé en pharmacie. Depuis le « ch » a été remplacé par « k » et le drap blanc est devenu une couverture, et tout le monde a oublié que « blanket » était un mot frenchie.
Canvas (toile)
Qui vient du picard « canevach », qui a ensuite donné « chanevas » en Ancien Français puis « canevas » en français moderne. Donc oui, les Anglais parlent picard. C’est beau.
Mischief (malice)
Au XIIIe siècle, « meschief » voulait dire « infortune ». Un terme importé tel quel dans la langue anglaise du moyen âge avant de remplacer tous les « e » par des « i » histoire de passer inaperçu. Grillé les mecs, la prochaine fois que vous pompez tout sur les voisins merci de faire ça correctement.
Foreign (étranger)
Qui vient donc du français « forain », et avant ça du latin « foris » qui désigne tout ce qui est extérieur (à la ville notamment, d’où la notion d’étranger). En français, nous avons ensuite conservé « forain » dans le sens de « personne qui travaille à la foire » et créé le mot « étranger ».
Proud (fier)
Figurez-vous les amis qu’au XIe siècle « prud » signifiait « vaillant, fier ». Le terme s’est ensuite transformé pour donner « preux », mais nous avons gardé dans notre vocabulaire la notion de « prud’homme ».
Budget (bougette)
OK le mot « bougette » ne vous dit peut-être rien et on ne vous en tiendra pas rigueur. Une bougette était une poche en tissu dans laquelle on glissait son flouze. De bougette à budget, il n’y a qu’un pas. Et la Manche.
Toast (toste)
WHAAAAAAT ? Eh oui on pensait que c’était le français qui avait piqué à l’anglais ce joli aux vapeurs de pain grillé mais en fait c’est le français qui a piqué à l’anglais qui a piqué au français.
Attention petite histoire cocasse : d’où vient l’expression « porter un Toast » ? Eh bien comme on vous l’a dit, le mot « toast » vient du français « toste » qui désignait au XIIIe siècle la tranche grillée du main qu’on mange en buvant. Toutefois c’est chez nos amis les British que naît cette expression très élégante : on porte un toast en hommage à une femme respectable, incarnée par ce morceau de pain rôti que chaque convive trempe dans son verre, le dernier à tremper a l’honneur de manger le pain.
Vous apprendrez d’autres informations cocasses sur l’apéro et tout ce qui concerne la biture dans cet ouvrage que j’ai eu l’insolence de co-écrire (est-ce que je fais de la pub sur mon livre ? Assurément).
Petticoat (jupon)
Ce charmant petit mot de la langue de Shakespeare vient tout simplement de « petti », soit « petit » ou « peu de valeur », et « cotte » qui renvoyait au XIIIe siècle à une tunique longue.
Tout ça ne nous empêche pas de vous affirmer que l’anglais est bel et bien la pire des langues.