Rien n’est éternel et ce n’est pas le Colosse de Rhodes qui vous dira le contraire. Le principe même des constructions monumentales, c’est qu’elles sont humaines : elles donnent l’impression d’être éternelles alors qu’en tout état de cause a minima dans 4 milliards d’années le soleil explosera et bouffera la Terre et il ne restera plus rien. De ce fait, tous ces monuments que nous allons visiter aux quatre coins du monde en compagnie d’Allemands à lunettes de soleil qui se clipsent sur leurs lunettes de vue, le tout sous un bob à visière, ces monuments donc sont fragiles. Et en voici la preuve.
La Tour Eiffel
Construite pour l’Exposition universelle de Paris en 1889, la Tour Eiffel était pensée comme un monument provisoire : en 1909, face à la baisse du nombre d’entrées et à la fin du contrat de concession d’origine, la question de sa destruction a été débattue longuement dans les milieux intellectuels et politiques. Ce n’est que l’ingéniosité d’Eiffel qui permettra son maintien et le prolongement de la concession pour 70 ans : le concepteur avait en effet envisagé la possibilité que la tour puisse être détruite et aménagé le bâtiment pour qu’il puisse rendre des services scientifiques (radio, météorologie, etc.) Pendant la Première guerre mondiale, son capteur TSF s’avérera stratégique.
La Tour de Pise
La Tour de Pise n’était pas censée pencher comme elle le fait. C’est une erreur de construction qui a transformé ce monument assez banal en curiosité d’ordre mondial. Au fil des années, la tour, construite en 1173, ne cessait de s’affaisser et commençait à sérieusement menacer de tomber. De quoi la détruire ? L’idée a été envisagée à plusieurs reprises. Dans les années 1990, des travaux monumentaux ont été engagés pour stabiliser la tour dont l’angle ne cessait de progresser et il a fallu la fermer au public pendant 11 ans afin d’en éviter la chute.
Le Washington Monument
L’obelisque de Washington, qui commémore le premier président des Etats-Unis, a été endommagée par un tremblement de terre en 2011. Des pierres sont tombées, les joints se sont détachés et la tour a failli se casser la binette. Il a fallu fermer l’obélisque pendant trois ans afin de procéder à des travaux de réaménagement.
Le Colisée
La grande salle de spectacle de la Rome antique, épicentre du tourisme de masse à Rome et qui est de ce fait un enfer à visiter en dépit du génie de sa construction, a failli brûler entièrement en 217 après JC quand la foudre l’a frappée en plein coeur. Le Colisée a également été pillé à plusieurs reprises et victime de plusieurs tremblements de terre pendant le Moyen-âge. C’est en 1749 que le monument, consacré par la papauté, s’est trouvé définitivement à l’abri, l’église s’impliquant dans sa restauration.
La cathédrale de Cologne
La cathédrale de Cologne a été bombardée quatorze fois pendant la Seconde guerre mondiale – il faut dire que Cologne a payé un lourd tribu à la guerre en étant en grande partie détruite. Mais étonnamment, elle a tenu. Il a fallu plusieurs dizaines d’années pour remettre la structure en état.
Le Dôme du Rocher
Construit en 688 et 692 sur le site du second temple de Jérusalem, le Dôme du Rocher s’est pris trois tremblements de terre dans la tête, dont l’un, en 1015, qui a provoqué l’effondrement du dôme, lequel a été reconstruit à l’identique. En 1984, le Dôme a également été la cible d’un attentat terroriste déjoué qui visait à le faire complètement exploser.
La Cité interdite
Le palais impérial chinois aurait pu être détruit après la révolution chinoise. Mais des accords entre les premiers révolutionnaires et les derniers empereurs ont d’abord permis sa survie et la transformation de ses enceintes en musée pour que les visiteurs puissent admirer les milliers de trésors qu’elle abritait. Ces trésors ont ensuite pour une bonne part été transférés à Taïwan par Tchang Kaï-chek en 1947 pour éviter qu’ils ne soient détruits lors de la guerre civile – l’invasion japonaise avait déjà été très préjudiciable à leur conservation. C’est plus tard, lors de la révolution culturelle, que la Cité a réellement été menacée car les gardes rouges avaient la fâcheuse habitude de détruire tout ce qui pouvait sembler bourgeois ou intellectuel. Mais le premier ministre Zhou Enlai a envoyé l’armée pour garder les portes de la cité afin d’éviter un pillage en bonne et due forme.
Le Parthénon
Le Parthénon est en restauration permanente depuis 1975. Mais en 1687, la guerre opposant les Vénitiens aux Ottomans atteint Athènes. Les Ottomans se servent du Parthénon pour entreposer de la poudre à canon, ce qui ne manque pas de bêtise puisqu’assez rapidement la poudre explose et le Pathénon prend cher : le tout s’effondre, de même que les murs et 21 colonnes. Plusieurs sculptures sont endommagées et personne ne fait rien à propos des ruines qui sont récupérées par les habitants pour construire leurs maisons. Le monument sera finalement rebâti après le tremblement de terre de 1893.
La Fenice de Venise
Le « phoenix » en bon français porte extrêmement bien son nom. L’Opéra de Venise a subi deux incendies au cours de sa longue vie, les deux ayant mené à sa destruction quasi-complète et sa reconstruction dans la foulée. Le premier a eu lieu en 1836, un peu moins de 70 ans après l’inauguration de l’opéra qui est rebâti en un an. Mais en 1996, deux électriciens chargés d’exécuter des travaux sur le site mettent volontairement le feu au bâtiment dans l’espoir que cela leur évitera de payer des pénalités de retard. Le théâtre sera donc reconstruit et rouvert en 2003, toujours à l’identique.
L'Hôtel de Ville de Paris
L’Hôtel de Ville que nous voyons n’est pas l’Hôtel de Ville original de Paris : celui-ci a en effet été détruit pendant la commune de Paris en 1871 par un incendie criminel initié par des communards. Sa reconstruction s’est faite d’après les plans existants avec l’idée de reproduire plus ou moins la façade antérieure. Elle sera achevée en 1882 après 8 ans de travaux.