On est fin décembre, et vous n'avez pas acheté de CD cette année. On ne vous félicite pas. Mais on a quand même été chercher ce que la profession a trouvé de plus excitant ces douze derniers mois. Le site Metacritic a compilé les dizaines de classements que vous trouverez dans vos journaux et sur vos sites préférés pour en tirer une synthèse : le top du top, la sélection des sélections, les 10 albums dont on se souviendra plus tard. Et on pourra dire "on y était".
- Frank Ocean - Channel ORANGE
Frank Ocean prouve qu'on peut s'appeler Frank et faire de la très belle musique. Ici il s'agit de r'n'b, mais pas de n'importe lequel. Un r'n'b noble, soul, sensible et pas vulgaire pour un sou. Certes, Ocean s'égare parfois dans une soul un peu mièvre et facile mais Channel ORANGE n'en demeure pas moins l'album sincère d'un excellent songwritter. - Kendrick Lamar - good kid, m.A.A.d city
Pour son second album, le rappeur Kendrick Lamar a été ambitieux et ça lui a réussi. Loin des clichés du genre, Lamar peaufine son style et livre une oeuvre sensible et cohérente acclamée par la critique comme par le public. Si vous considérez My Dark Twisted Fantasy de Kanye West comme un chef d'oeuvre, faites donc un petit tour du côté de chez Lamar, vous pourriez bien vous y plaire. - Fiona Apple - The Idler Wheel...
Voila une place qui devrait ravir tous ceux qui étaient tombés amoureux de Fiona à l'époque de Tidal il y a plus de 15 ans. L'Américaine n'en est qu'à son 4ème album, avec un titre à rallonge, "The Idler Wheel is wiser than the Driver of the Screw, and Whipping Cords will serve you more than Ropes will ever do", qu'on vous souhaite bien du courage à demander à votre disquaire. - Tame Impala - Lonerism
Tame Impala aura connu le même retard que Radiohead en son temps, lorsque les critiques, qui avaient laissé passer The Bends, se sont accordées pour dire que OK Computer était un chef d’œuvre. Peu de spécialiste avaient repéré la pépite "It Is Not Meant To Be" sur le précédent opus de Tame Impala, du coup, gloire aux très "Beatlesien" Lonerism. - Japandroids - Celebration Rock
Nonchalants et bruyants juste ce qu'il faut, les Japandroids reviennent avec un deuxième album qui a mis tout le monde d'accord cette année. Il faut dire que le rock festif (tout du moins positif) du duo canadien ne semble être composé que pour une chose : faire entonner à la foule des choeurs basiques type "Oh oh Oh Oh" bras-dessus bras-dessous et une pinte à la main. - Grimes - Visions
Dans la vie, quand on est seule et qu'on fait de la cyborg-pop, c'est pas forcément gagné d'avance. Et pourtant avec Grimes, ça fonctionne plutôt bien. Sa musique du futur est un enchevêtrement bizarre de boucles de voix, de pop contemplative, presque ambient et de nappes venues d'ailleurs, venues de demain. La voix, qui sait s'imposer quand elle le veut, se dilue souvent dans les instrumentations, se cache dans la brume et revient nous surprendre au détour d'un refrain. Ne vous laissez pas impressionner par la pochette : Visions est un bonbon. - Swans - The Seer
Swans nouvelle mouture, acte II. Depuis le retour du groupe culte amputé de moitié (Jarboe est parti, ne reste que Gira), les choses ont un peu changé. D'ailleurs tout a changé puisque The Seer ne ressemble pas du tout à l'album précédent. Un album de post-punk complexe avec ses incartades indus, post-rock, expérimentales. Ce qui est sûr c'est qu'il ne se dévoilera pas en 2 écoutes et qu'il vous demandera pas mal de travail. Prêts à tenter l'expérience Swans ? - Jessie Ware - Devotion
Jessie Ware c'est avant tout une voix, présente, puissante. Cette voix elle la met au service d'un r'n'b cotonneux et lisse (un peu trop parfois). Devotion est un album de soul qui sous des abords glacés révèle en fait une chaleur et une sensualité assez bluffantes, en ajoutant des touches de jazz, d'electro et de hip-hop sans dénaturer ni trahir la base de l'album : l'organe de la principale intéressée. - Alt-J - An Awesome Wave
Le premier disque d'Alt-J est une bénédiction pour plusieurs raisons: parce qu'il montre qu'on peut être un groupe anglais, de Leeds, et ne pas s'enfermer dans les clichés de la brit-pop ou de la scène hip-hop. Parce qu'il montre aussi qu'on peut sans complexe mélanger les styles, les influences et les sonorités sans avoir de comptes à rendre. Et surtout, parce que c'est un super album. Tout simplement. - Jack White - Blunderbuss
La moitié des White Stripes a trainé son étui à guitare un peu partout, dans un duos avec son ex-femme, avec ses potes de The Raconteurs et dans le super-groupe Dead Weather. Et quand on écoute son premier vrai album solo, on comprend que depuis le début, c'était lui le patron.
Bizarrement, aucune trace de l'album de reprises de Dylan par Cabrel.
Et vous, vous avez retenu quoi cette année ?
Source et suite du classement: Metacritic