Dans le Sud-Est et notamment en Provence, il existe une profusion de légendes plus ou moins inquiétantes et qui font bien souvent intervenir des animaux légendaires. Goules, dragons, bêtes géantes dévoreuses d’enfant… Il vaut mieux rester enfermé chez soi la nuit dans la garrigue si on ne veut pas croiser les lavandières noires.
La légende de la Coulobre
C’est dans le village de Fontaine-de-Vaucluse qu’est née cette légende. On y raconte qu’une affreuse bestiole du genre démon-dragon vivrait dans la Sorgue, la rivière avoisinante. Elle resterait cachée le jour pour sortir se nourrir la nuit et terroriser les populations. Cette créature, la Coulobre, aurait cherché à trouver un époux pour l’aider à élever son enfant. C’est un ermite, un nommé Véran, qui aurait mis fin aux jours de la Coulobre grâce à un savant signe de croix. Aujourd’hui encore, les disparitions inexpliquées de jeunes hommes dans la région sont parfois attribuées à la Coulobre.
La Tarasque
Sur les bords du Rhône, non loin de Tarascon, sévirait une bête, la Tarasque, à même de faire chavirer les navires entre Arles et Avignon. Mi-lion, mi-poisson, cette genre de chimère possède une carapace de tortue et des écailles, ainsi qu’une queue semblable à celle d’un scorpion. Il semblerait qu’une jeune fille de bonne volonté ait réussi à la flinguer à grands renforts d’eau bénite.
Le Lou Garagaï
Ce roi des gouffres aurait pris ses quartiers dans la grotte de la Sainte-Victoire, près d’Aix. On entendrait ses hurlements par temps de vent. Vous vous doutez d’où viennent les hurlements.
Le Drapé
Cet immense cheval blanc traînerait autour de la ville d’Aigues-Mortes à la tombée du soir. Il emporterait avec lui des petits enfants vagabonds appelés à ne jamais revenir. Ce Drapé aurait en réalité été inventé pour en appeler à la vigilance des mères, afin qu’elles ne laissent pas les enfants sortir le soir.
Le Drac
Ce démon typique du midi est sans doute l’animal légendaire le plus connu du coin. Capable de changer d’apparence pour tromper ses victimes, il s’apparenterait au naturel à un genre de dragon dégoulinant et affreux. Déguisé en agneau ou en lapin, il approcherait les lavandières afin de les enlever pour les forcer à allaiter ses innombrables enfants qui ne sont sevrés qu’à l’âge de 7 ans. Brrr.
La Bête de Pignans
La commune de Pignans, dans le Var, a hébergé sa propre créature magique : une sorte d’immense puma qui, au mitan des années 60, dévastait les troupeaux de mouton. Jusqu’en 1987, on accusa la bête des morts survenues dans les exploitations agricoles. En réalité, les spécialistes s’accordent pour dire qu’il s’agissait sûrement d’un gros chien originaire d’Afrique proche de la hyène, le lycaon, échoué dans le Var suite à l’imprudence d’un propriétaire.
Les lavandières de nuit
Près des lavoirs et des eaux mortes, il ne fait pas bon, la nuit, croiser la route des lavandières de nuit. Ces fantômes éthérés qui manifestent leur présence à renfort de chants et de coups de battoir distribués sur le linge annoncent la mort imminente de ceux qui les rencontrent. Elles sont assimilées à des sorcières qui, enterrées dans un linceul sale en raison de leur vie impie, reviennent, la nuit, pour le laver.
Le Babau
Le 2 juin 1290, le village de Rivesaltes est réveillé en pleine nuit par un tintamarre de tous les diables : une immense bête, croisement entre un iguane et un dragon, est entrée par le trou des murailles creusés pour évacuer les déchets et s’est emparé de plusieurs enfants qu’elle a emmenés pour les manger. Interrogé sur l’apparence de la bête par le maire de la ville, un promeneur est si choqué qu’il en bégaie : ba ba… Le nom est tout trouvé. Le Babau sera vaincu quelques jours plus tard, mais sa légende reste. Une chanson lui est d’ailleurs consacrée : « Le Babau est dans la ville, le Babau n’est pas gentil, le Babau est très méchant car il mange les enfants. »
La Roumèque des Cévennes
Cette créature noire s’attaque aux enfants méchants. Pour la faire venir, il faut chantonner une formule : « Patapim patapam » et voilà la Roumèque qui arrive sous différentes formes (dragon, chauve-souris, vieille femme édentée…). La Roumèque est commode : elle vit près des torrents, des falaises, des puits, bref de tous les endroits où les enfants n’ont pas le droit d’aller.
Le dragon de Draguignan
Le nom de la ville n’a rien à voir avec un quelconque dragon mais vient d’un propriétaire du coin qui s’appelait Draconium. Ceci dit, les habitants n’ont pu s’empêcher d’inventer eux-mêmes leur légende de dragon pour faire bonne mesure. On raconte donc qu’un dragon avait longtemps vécu dans les gorges de la Nartuby et, qu’à l’occasion d’une crue, il se serait échappé faute de savoir nager. C’est alors qu’il se serait mis à dévorer des pèlerins avant d’être vaincu par l’abbé du coin. Bref, mieux vaut ne pas passer par Draguignan quand on part en pèlerinage pour les piles de Lérins.
Et si vous aimez les légendes, on vous a décrypté les légendes les plus connues. Si vous voulez plutôt tester vos connaissances en géographie, faites le quiz ultime : êtes-vous une bête en géographie ?
Sources : Légendes provençales, L’Express