Ils sont montrés du doigt, moqués, victimes des quolibets de leurs camarades quand ils vont à deux ou trois assister à leurs cours de langue quand la classe de quatrième se rend en cours d'espagnol ou d'allemand. Mais pour ces courageux, le chômage n'existera pas : leur choix du russe en LV2 leur ouvrira les portes de mondes professionnels que vous n'auriez pas soupçonnés. Des jobs atypiques, mais comme on dit, il n'y a pas de sot métiers, même avec un salaire en roubles. Par exemple :
- Espion
Même si l'Histoire avance et que l'Union Soviétique n'a plus la même aura qu'à la grande époque du Rideau de Fer, certaines belles traditions perdurent dans le monde de l'espionnage, et vous serez certainement ravi de votre choix de LV2 en rencontrant Olga, votre informatrice rompue au maniement d'armes de poings et au combat rapproché (et accessoirement super bonne). - Conseiller fiscal
Quand vous aurez à gérer les dossiers de vos clients de la grande famille du cinéma français, votre capacité à intervenir directement auprès du Président russe pour accélerer les procédures. Et pour celà, ce ne sont pas vos années d'apprentissage de l'espagnol qui vous rendront service : "Hola Sr. Putin. ¿Conoce a Gerard Depardieu ? ..." - Négociant en vodka
Aucune autre langue que le russe n'offre les mots pour rendre sexy de l'alcool de pomme de terre. Essayez de décrire en français "les subtiles saveurs de baies de sorbier et de noix de cèdre de cette vodka, certes encore un peu jeune, mais déjà capiteuse", vous ne tromperez personne. La liqueur de patate, ça se vend en russe. Et en gueulant. - Entraîneur de gymnastique
Si votre passion, c'est d'aboyer sur des écolières en justaucorps et les forcer à faire la roue sur des poutres, le faire en russe fera de vous un professionnel qualifié. Dans toute autre langue, vous passerez seulement pour un taré. - Écrivain exilé
Si vous allez raconter chez Bernard Pivot que vous avez fui la Norvège pour venir encombrer nos librairies de bouquins de plus de 800 pages, ça va n'intéresser personne. En revanche, avec un accent slave, un air abattu et une ou deux citations de Tolstoï dans la conversation, vous serez tout de suite pris au sérieux. - Milliardaire à la vie dissolue
Quand on est plein de fric, il y a deux écoles : soit vous vous faites passer pour un investisseur en quête de reconnaissance, et vous communiquez sur la rationalité de vos achats comme un Qatari, soit vous vous en foutez, et là, c'est toujours mieux de commander du caviar et des putes en russe. - Champion d'échecs
Vous connaissez par cœur les 1327 ouvertures référencées par l'Oxford Companion to Chess, vous savez la différence entre la tactique de La Fourchette, celle du Clouage et de l'Enfilade, mais pour votre entourage, vous êtes juste un demeuré asocial (et vraisemblablement un puceau). Vous avez même passé quelques jours dans la Maison de Secret Story. En parlant russe, vous seriez un génie respecté. - Joueuse de tennis professionnelle
Vous vous appelez Véronique Martin, vous galérez dans les tournois de votre département ? Un bon choix de LV2, et vous aurez des Wild Cards pour Roland Garros et une crédibilité sans pareil, "Attention à cette jeune joueuse, Veronica Martinska, dont on dit déjà le plus grand bien..." - Scientifique (dans tout ce qui est "plutonium")
C'est apparemment plus facile d'avoir une bourse aux États-Unis quand on se fait passer pour un ancien scientifique soviétique qui s'est enfui à pied des steppes ukrainiennes (racontez n'importe quoi, ils n'iront pas vérifier) pour mettre son savoir au service du monde libre. - Acrice porno
Parce que le Hongrois, c'est vraiment trop dur.
Mais aussi surveillant de Goulag, Tsar ou cosmonaute... Et vous, vous avez fait carrière grâce au russe ?