Se gaver de bœuf Stroganov, de bortsch et de caviar en arrosant le tout de grandes lampées de vodka, c’est bien, mais ça ne suffit pas pour connaître la culture russe. Un truc qui peut t’aider par contre, c’est la petite liste qu’on t’a concoctée, avec des vrais morceaux d’expressions soviétiques dedans. Et tu vas voir que la langue de Tolstoï est plutôt pas piquée des hannetons quand il s’agit de s’exprimer. (Si, ça se dit toujours « pas piquée des hannetons », renseigne-toi).
"Mettre des nouilles sur les oreilles de quelqu'un"
« Veshat lapshu na ushi » . Voilà, donc quand tu racontes des saucisses en France, les Russes mettent des nouilles sur les oreilles des gens qu’ils embobinent. En gros, tu fais se rencontrer deux politicards, un Français et un Russe, t’as un repas complet.
"Bondir de son pantalon"
« Vyprygnut iz shtanov » . Ça, c’est ce qui arrive quand tu ressens une grande joie, voire que tu es surexcité. Exemple : « Brigitte, je suis vraiment très content de te voir, ça me fait bondir de mon pantalon ! »
"Compter les corbeaux"
« Schitat voron » . Tu es un peu tête en l’air, tu as tendance à rêvasser, à être dans la lune ? Alors pour les russophones, tu comptes les corbeaux. Moui c’est étrange mais chacun ses petites habitudes.
"Ni duvet, ni plume"
« Ni puha, ni pera » . Ce qui ressemble à un slogan de la PETA est en fait une façon de te souhaiter bonne chance, c’est ce qu’on disait aux chasseurs avant qu’ils ne partent chasser. Un peu comme le français « casse-toi une jambe ». Faudra quand même nous expliquer comment le fait de souhaiter un truc négatif est censé porter chance.
"Assieds-toi, il n'y a pas de vérité dans les pieds"
« Sadis’, v nogakh pravdy nyet » . Apparemment, les Russes n’aiment pas laisser les gens debout. Si quelqu’un se plante là, même pour une minute, ils diront cette phrase pour leur proposer un siège. Exemple : « Nadine, reste pas debout, tu sais bien qu’il n’y a pas de vérité dans ton 41 fillette ». En gros, hein.
"Un train plus un petit chariot"
« Vagon i malen’kaya telejka » . Équivalent de « treize à la douzaine » . C’est mignon, c’est fleuri, c’est champêtre et bucolique. Exemple : « Bernard, tu penses à prendre des œufs ? – Combien ? – Chais pas, un train plus un petit chariot, environ. »
"Croquer le granit de la science"
« Gryzt granit nauki » . Ce n’est pas une spécialité culinaire chelou (va pas te limer les ratiches sur du granit, malheureux), mais une expression pour « étudier ». Exemple : « Kevin, l’année prochaine c’est le bac, quand est-ce que tu vas enfin croquer le granit de la science, nom de Dieu !!! »
"Tuer le vers"
« Zamorit cherviachka » . Non, il n’y a pas d’histoire de vermifuge un peu cracra sous-entendue dans cette histoire. « Tuer le vers » , ça veut simplement dire casser la graine, combler un petit creux. Exemple : « Micheline, tu nous ferais pas une choucroute, histoire de tuer le vers ? »
"Manger un chien"
« Sobaku siel » . On a l’impression que tout tourne autour de recettes dégueulasses en russe mais en fait non. « Manger un chien (dans un domaine) » , ça signifie toucher sa bille, s’y connaître. Exemple : « Michel, j’ai un problème de joint de culasse, tu t’y connais en mécanique ? – Ouais un peu, j’ai mangé un chien ! – … ».
"Tirer la queue du chat"
« Tianut kota za hvost » . Beaucoup d’animaux décidément dans les expressions russes. Là, quand tu tires la queue du chat, tu procrastines, tout simplement, comme nous quand on peigne la girafe ou qu’on encule des mouches. Une expression à garder au sens figuré, si tu veux pas te retrouver avec la tronche de Freddy Krueger.
Maintenant, t’as les bases pour lire « Crime et Châtiment » et « Guerre et Paix » dans le texte.