C’est sans doute l’histoire criminelle française la plus fascinante de tous les temps (légèrement devant Chevaline et Ligonnès) : Jean-Claude Romand, relâché sous condition après avoir passé 26 ans en prison pour le meurtre de 5 personnes, est probablement la plus grande figure de la folie mythomane jamais observée. Terrifiant et passionnant à la fois.
Un jour, Jean-Claude Romand a fait une crise de panique
Ce jour-là, il devait se présenter à son examen de deuxième année de médecine et il n’y est pas allé. Mais la honte était si grande qu’il n’a osé le dire à personne et certainement pas à Florence, sa camarade et future pharmacienne dont il était très amoureux. Dès lors, il s’est présenté chaque année en classe alors que, de fait, il n’était plus inscrit, suivant les cours et prétendant réussir des examens qu’il ne passait pas.
Jean-Claude Romand a menti toute sa vie
Ce mensonge initial a été le déclencheur de toute une série de mensonges plus dingues les uns que les autres. Au terme des études qu’il a suivies sans les valider (il a affirmé avoir un cancer pour justifier ses absences), Romand a prétendu qu’il était donc devenu médecin. En 1980, il est parvenu à épouser Florence, dont il était amoureux, en s’appuyant sur sa situation de brillant médecin, séduisant par la même occasion sa belle-famille.
Il disait travailler à l'OMS
Romand prétendait travailler comme chercheur à l’INSERM puis à l’OMS. Ce deuxième mensonge l’a incité à déménager près de Genève, où se situait l’institution, et à emmener sa famille avec lui. Mais la journée, il ne faisait rien : il roulait en bagnole, s’arrêtait sur des aires d’autoroute et, surtout, lisait toute la presse médicale, se bâtissant une culture médicale absolument incroyable.
Il aurait été un bon médecin
De fait, Romand aurait probablement été un bon médecin. Lors de son procès, de nombreux médecins ont affirmé l’avoir côtoyé pendant des années sans se douter de quoi que ce soit, allant même jusqu’à louer sa connaissance très très précise des techniques médicales de pointe et son diagnostic sûr.
Il a monté des arnaques financières
Le problème, quand on ne travaille pas, c’est qu’on ne gagne pas d’argent. Pour remédier au problème, Jean-Claude Romand a monté une pyramide de Ponzi qui ne bénéficiait qu’à lui : il expliquait avoir accès à des placements juteux à des personnes fortunées autour de lui, et notamment sa belle-famille. Mais le temps aidant, ceux qui lui avaient confié leur argent ont souhaité le récupérer et le piège s’est refermé sur Romand qui n’a eu d’autre choix que de commencer à tuer pour ne pas reconnaître son énorme mensonge.
Il était sur le point d'être confondu
Depuis la fin des années 80, Romand était acculé : tout le monde lui réclamait l’argent confié et, surtout, sa femme n’était pas parvenue à le joindre à l’OMS et nourrissait des soupçons. Un de ses amis s’étaient également ému de n’avoir pas réussi à retrouver son nom sur l’annuaire officiel de l’organisation.
Il a tué au moins 5 personnes
Sa femme, ses deux enfants et ses deux parents. Il a également tenté de tuer son ex-maîtresse, sans y parvenir. Un doute concerne la mort de son beau-père : Romand se trouvait seul avec lui quand celui-ci est mort d’une chute dans un escalier. Et le beau-père en question venait de demander à Romand de lui rembourser les sommes qu’il lui avait confiées…
Les crimes sont méthodiques, organisés : Romand abat ses deux parents dans le dos après avoir déjeuné chez eux, puis il tue sa femme avec un rouleau à pâtisserie et ses deux enfants dans leur sommeil. Ensuite, il range la maison, trie le courrier, tout cela calmement.
Il a tenté de se suicider
Gavé de barbituriques périmés, il asperge le grenier d’essence et, auprès des corps de ses deux enfants et de sa femme, il met le feu. Mais les éboueurs passent devant la maison au moment où le feu se déclare et préviennent les pompiers. Ceux-ci sauvent Romand qui est dans le coma. On retrouve un mot dans sa voiture : « Un banal accident et une injustice peuvent provoquer la folie. Pardon. »
Emmanuel Carrère a écrit un livre sur lui, adapté ensuite au cinéma par Nicole Garcia
Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, Jean-Claude Romand a correspondu avec l’écrivain Emmanuel Carrère qui, de cette série d’entretiens, a tiré un récit de l’affaire, L’Adversaire. Ce livre, glaçant, a ensuite été adapté au cinéma avec Daniel Auteuil dans le rôle titre.
Il a passé 26 ans en prison
Et il vient d’être relâché sous condition. En prison, Jean-Claude Romand s’est converti au christianisme.
La meilleure affaire criminelle de l’histoire française.