Depuis que l’épidémie de coronavirus s’étend sur le monde façon équipe favorisée pendant une partie de Risk, on ne peut pas dire qu’on soit rassurés rassurés. D’ailleurs, à vouloir bien souvent nous rassurer, les autorités nous inquiètent quant à la propagation du virus. Pour autant, il ne sert à rien de céder à la panique sur la base de fausses infos complètement absurdes. Il existe des vraies infos sur le coronavirus, lesquelles ne sont pas spécialement fabriquées pour être rassurantes mais qui ont un mérite : elles sont vraies.
La plus "dans tes rêves" : la cocaïne guérirait le coronavirus
Salut le n’importe quoi. L’info a été sortie du chapeau par un Nigérian sans aucune source ni rien. La réalité, c’est que la cocaïne, en plus d’être prohibée, n’a aucune incidence sur le coronavirus et se contente de te transformer en sexe sur pattes persuadé qu’il est le plus sexy de tous les sexes sur pattes présents à cette soirée.
La plus complotiste : le virus a été créé en laboratoire
Alors là il faut s’accrocher, mais en gros : le coronavirus aurait été créé par les Etats-Unis pour ensuite profiter de la vente de’un vaccin. Des soi-disant brevets circulent sur Internet pour étayer cette histoire à dormir debout. Un de ces brevets concerne en réalité le coronavirus du SRAS, en 2002. Et puis surtout il n’existe strictement AUCUN vaccin comme on va le voir, donc ce serait une assez mauvaise opération commerciale de la part du comploteur en chef.
La plus "film catastrophe" : d'ici 15 jours, plus de 4 millions de personnes seront infectées
4 millions. C’est la projection de certains internautes qui se basent sur des tableaux de calcul absolument faux et sans aucune source scientifique. La plupart des épidémiologistes estiment qu’au pic de l’épidémie, le nombre de personnes atteintes devrait tourner autour de 100.000 dans le pire des pires des pires des scénarios. Soit 37 fois moins.
La plus pro-circuit court : les colis qui viennent de Chine peuvent refiler le virus
Et merde la tuile : tu as commandé un truc sur Amazon qui vient de Chine mais tu ne va pas pouvoir l’ouvrir parce que tu es sûr que tu vas te taper le coronavirus. La réalité, c’est que le virus en question a une espérance de vie dans l’air (c’est-à-dire quand il n’est pas directement au chaud dans un organisme) de trois heures. On a beau tester toutes les configurations possibles, on ne voit pas comment parcourir la distance Chine-France en trois heures.
La plus vampire : tout ça, c'est la faute de la soupe à la chauve-souris
Une vidéo virale d’une fille qui mange une soupe à la chauve-souris et voilà comment on se retrouve avec une épidémie mondiale de coronavirus. Si ces cons de Chinois mangeaient des trucs normaux aussi… En réalité, si on pense que le virus provient d’une espèce de chauve-souris, ce n’est certainement pas parce que quelqu’un a mangé la chauve-souris qu’il a commencé à se répandre. Et d’ailleurs, la vidéo en question date de 2016, ce qui montre bien son inanité. En plus, en Chine, on mange très peu de chauves-souris et de toute façon si l’on consomme des aliments cuits, les virus sont morts.
La plus raciste : il faut éviter tout contact avec les Chinois
Remettons les choses dans leur contexte : la Chine dénombre un peu moins de 8000 cas. Si on considère la population chinoise dans son ensemble, soit 1,386 milliard de personnes, ça représente 0,00057% de la population. On a donc plus de chance de croiser un mec qui a voté Copé à la primaire de droite qu’un Chinois infecté.
La plus "accident industriel" : le virus s'est échappé d'un laboratoire
Dans la région de Wuhan, on trouve un laboratoire épidémiologique très très très sensible dont la mise en service remonte à 2017. De là à trouver des liens de cause à effet, il n’y a qu’un pas, d’autant que le site, classé P4, abrite des souches de virus de dangerosité maximale. Sauf qu’il y a un sauf : le coronavirus responsable de l’épidémie est de niveau 3, pas de niveau 4 et n’aurait donc rien à foutre dans un tel laboratoire. En plus de cela, le laboratoire en question n’est pas encore en état de fonctionnement et ne manipule donc pas de souches. Et pour couronner le tout, la certification P4 sous-entend que le lieu a été testé pour éviter tout risque d’échappement.
La plus "on raconte un peu des mythos" : les Chinois mentent sur le nombre de cas réels
Et alors là il n’y a qu’à faire un peu de recherches pour trouver des dizaines de témoignages supposés expliquant qu’à Wuhan, 90.000 personnes seraient déjà mortes. Autant on est à peu près certains que les autorités chinoises n’ont pas pris la mesure de la crise, autant on peut affirmer sans trop se planter qu’il est possible qu’elles minorent quelque peu les chiffres, autant il y a deux infos dont on est sûr : le nombre de morts, qui est une donnée objective, et le nombre de personnes infectées et soignées. La sous-évaluation éventuelle du nombre de cas s’expliquerait pas le grand nombre de malades non-soignés ou de porteurs plus ou moins sains, chez qui le virus ne générerait pas les dégâts décrits partout ailleurs. Quoiqu’il en soit, il n’y a pas de mensonge organisé à ce sujet.
La plus "salauds de labos pharmaceutiques" : on a déjà le vaccin, mais on ne l'a pas mis sur le marché
De fait, tous les grands pays du monde sont sur le coup pour essayer de développer un vaccin. Mais pour l’heure, il n’existe pas de vaccin. La plupart des experts repartent des recherches effectuées pour trouver un vaccin contre le SRAS et espèrent pouvoir aboutir, mais il est très probable que l’épidémie s’arrête d’elle-même avant que la vaccination générale ne soit nécessaire.
La plus "le monde d'après" : les autorités chinoises désinfectent Wuhan en canadair
Et de montrer des vidéos où des avions survolent la ville et libèrent du désinfectant pour endiguer la propagation du virus. Mais c’est encore une fois oublier que le virus n’a qu’une durée de vie très limitée dans l’air et que la désinfection globale façon largage n’aurait aucune incidence sur lui. A moins, bien sûr, de vouloir assassiner tous les porteurs une bonne fois pour toute. Et évidemment, le gouvernement chinois aurait quand même bien du mal (même s’il le voulait) à faire ça parce que c’est un peu voyant de décimer une ville.
On ne va PAS tous mourir.
Sources : France Info, Midi Libre, Le Figaro