Les alertes sur le changement climatique à venir ne datent pas d’hier et il a fallu aux pays industrialisés redoubler d’imagination pour faire semblant de s’en préoccuper, sans pour autant lever le petit doigt. Résultat, tous les voyants sont au rouge. En toute logique, on devrait agir là tout de suite maintenant… A moins que l’on continue à se cacher derrière de fausses bonnes excuses. Ou de vraies mauvaises excuses, c’est vous qui voyez.
Ça coûte trop cher
Pour accompagner la transition vers la production d’une énergie plus propre et sa consommation aussi bien par les particuliers (chauffage, transports), que les professionnels (machines industrielles, agricoles, transports…), l’État a promis de mettre la main à la poche. Sauf que ça coûte un bras et que le « quoiqu’il en coûte » cher à la période Covid, ne s’est encore jamais appliqué en France. Un choix politique et économique (je ne peux dépenser que l’argent dont je dispose… ou que je peux emprunter) qui ne fait que repousser le problème tout en faisant grossir la facture. En effet, le coût des dommages économiques lié au réchauffement climatique pourrait atteindre 1.700 milliards de dollars par an d’ici à 2025, et jusqu’à atteindre 30.000 milliards de dollars par an à l’horizon 2075 ! Une sacrée ardoise quand même.
Les gens ne vont vraiment pas être contents
Jamais à une contradiction près, les Français, comme d’autres nationalités d’ailleurs, sont souvent prompts à se plaindre de l’inaction des autorités pour lutter contre les dérèglements climatiques, tout en se plaignant dès qu’une mesure bouscule leurs habitudes et les pousse à quelques compromis. Baisser les émissions de gaz à effet de serre ne pourra se faire uniquement via le développement des énergies propres. Il faudra surtout que chacun accepte de repenser son quotidien, aussi bien sa façon de se déplacer, de se nourrir, de travailler, ou encore de se chauffer.
Je peux pas, j’ai Covid !
La crise sanitaire a bousculé les priorités des États qui ont recentré ces derniers mois leurs efforts pour protéger leur population du virus. Aujourd’hui que les pays les plus développés semblent apercevoir le bout du tunnel, la priorité est à la relance économique, même si celle-ci est souvent contradictoire avec les engagements pris pour lutter contre le réchauffement climatique. Gouverner, c’est choisir, il paraît !
Les émissions de gaz à effet de serre ? Pas de problème, on va tout miser sur le nucléaire !
La France peut se vanter d’être un des bons élèves en termes d’émission de GES dans l’atmosphère, notamment face à ses voisins européens. Une position qu’elle doit en grande partie à la place du nucléaire dans son mix énergétique. Ce dernier émet ainsi aussi peu de CO2 que l’éolien (6g/KWh) soit un peu plus que l’hydraulique (4g/Kwh), mais bien moins que le photovoltaïque (100g/Kwh) ou pire le Charbon (1000 gCO2/kWh). Reste que le nucléaire n’est pas la solution miracle et ne doit pas être le petit doigt derrière lequel on tente de cacher les autres problèmes en suspens.
Promis, demain je m’y colle !
« Procrastiner » : remettre à demain ce que l’on n’a pas envie de faire aujourd’hui. Les États et à travers eux des milliards d’êtres humains sont depuis des décennies accros aux hydrocarbures. On comprend que personne ne veuille être celui qui va casser l’ambiance en envoyant tout ce beau monde en cure de désintox forcée, en imposant à tous de nouvelles règles de consommation d’énergie (transport, chauffage, alimentation…). Un sujet d’autant plus sensible qu’il y a toujours des élections à venir et autant de bonnes raisons de ne pas contrarier les futurs électeurs.
Grâce à la sience, on va polluer… mais propre !
Si les États-Unis de Joe Biden sont revenus dans le giron des accords sur le climat, le virage est tellement casse-gueule pour l’économie américaine et la popularité de son Président, que les Américains font le pari que demain, la technologie sera capable de capter le CO2 dans l’air, afin de le stocker puis de le réutiliser, ou l’injecter sous terre. Vivement demain alors, car à ce jour, un ricain émet en moyenne 15,6 tonnes de CO2 par an, soit deux fois plus qu’un Chinois (7,5) voire qu’un Européen (6,8) !
Nous à ce sujet, on pense que la géoingénierie c’est totalement bidon.
Des COP sans police ni sanction
Depuis 1995 et la première Conférence des Parties signataires de la Convention Climat (COP), jamais aucune sanction n’a été envisagée contre les pays qui ne respecteraient pas leurs engagements. Il est donc tentant pour ces derniers de ne pas se presser pour prendre les mesures qu’ils savent pourtant nécessaires. L’impunité est rarement le meilleur moyen de remettre les délinquants récidivistes dans le droit chemin.
Ok pour agir mais seulement si tout le monde le fait en même temps
On l’a vu, les différentes COP qui se sont tenues depuis 1995 ont certes abouti à des accords de principes, mais elles n’ont jamais contraint les signataires à agir. Et dans une économie globalisée, la tentation est grande d’attendre pour faire le grand saut que tous les pays le fassent en même temps… ou que les événements climatiques rappellent à chacun, l’urgence des mesures à prendre. C’est malheureusement quand on est au bord du gouffre que l’on se décide enfin à avancer…
Et si on faisait comme si ça allait miraculeusement s’arranger ?
Également appelée « politique de l’autruche », la réaction qui consiste à regarder ailleurs offre l’avantage de pouvoir continuer à profiter tant que cela est possible. Au moins, on pourra dire qu’on s’est bien marré, tout en jurant que si on avait su, on aurait rejoint la résistance, comme papy en son temps. Problème, cette technique ne fonctionne plus aujourd’hui, et il nous reste deux solutions : se dire qu’il est trop tard et ne rien changer jusqu’à la fin (la nôtre), ou accepter une remise à plat profonde de notre mode de fonctionnement. Chiche ?