La saison de Formule 1 s'était ouverte sur le plus beau circuit qu'il soit, celui de Spa-Francorchamps. Et si ce circuit à été le théâtre (à quelques exceptions prêt) du Grand Prix de Belgique depuis 1950, d'autres n'ont pas eu la chance de durer aussi longtemps. Voici donc une petite liste chronologique des circuits qui n'ont accueilli qu'une seule course de F1. Légendaires, originaux, absurdes ou ratés, on peut se dire que des écuries comme Marussia ou HRT auraient peut-être une chance de gagner sur ces types de tracés... ou pas.
- Pescara (25,8 Km) 1957
Parce que la Formule 1 avant, ce n'était pas des voitures modernes roulant sur des circuits ultra-sécurisés, mais bien des cercueils ambulants sur un enfer pavés de bonnes intentions. Considéré pour beaucoup comme le circuit le plus dangereux jamais utilisé du sport automobile, le circuit italien de Pescara (qui est également le plus long de l'histoire de la F1) était constitué de deux longues lignes droites et de nombreux virages exigeants mélangés à une route étroite et bosselée. C'est Stirling Moss qui remporta le Grand Prix en trois heures avec un meilleur tour à 9 minutes et 45 secondes, soit à près de 160 Km/h de moyenne. On peut se demander comment ces ''caisses à savon'' des années 50 réussissait à supporter les couilles des pilotes de l'époque...
- Ain-Diab (7,6Km) 1958
Le Grand Prix du Maroc n'eut qu'une seule édition et elle à eu lieu sur ce tracé décrit comme très rapide, sinueux mais également dangereux. Il fut le théâtre de la dernière manche de la saison 1958 qui opposait Mike Hawthorn et Stirling Moss pour le titre mondial. Malgré la victoire de ce dernier grâce à une course quasi-parfaite, c'est Hawthorn qui devint champion pour un point grâce à la stratégie calculatrice des Ferrari (déjà des spécialistes à l'époque). Stirling Moss fut alors désigné comme ''le champion sans couronne'' par la presse du fait qu'il avait remporté quatre courses contre seulement une pour son adversaire. Cette course fut marqué par de nombreux accidents graves dont celui de Stuart Lewis-Evans qui sera sévèrement brulé après l'explosion de son moteur et qui décèdera six jours plus tard. Le circuit ne sera alors plus jamais utilisé.
- AVUS (8,3Km) 1959
Il y avait le Nürburgring (près de 20Km avec 176 virages), il fallait l'exacte opposé. L'Automobil-Verkehrs- und Übungs-Straße GmbH (ou AVUS pour faire plus simple), mise en service en 1921 par une société éponyme, est aussi reconnu pour être la première autoroute construite au monde. Le Grand Prix était composé de deux manches de 30 tours remportées par Tony Brooks sur Ferrari. Le circuit était bien sur reconnu pour ses deux longues lignes droites mais aussi pour son très dangeureux virage nord, incliné avec un revêtement en briques, qui tua le pilote Jean Behra lors d'une course de Formule 2. Les organisateurs étaient tellement dépassés par les évenements qu'il a fallu attendre près de huit minutes après l'horrible accident pour que l'on intervienne pour ''sauver'' le pilote, éjecté de sa voiture et tué sur le coup.
- Monsanto Park (5,4Km) 1959
La fin des années 50, c'était aussi la période des innovations. Et si les nouveautés ''offertes'' d'aujourd'hui s'appellent Barhein ou Abu Dhabi (même si la tendance semble s'être inversée avec l'Inde et Austin), celle de l'époque s'appelle Monsato Park. Ce circuit situé au Portugal était très technique, bosselé avec plusieurs virages en aveugle. La course se déroulait au crépuscule pour échapper au soleil de plomb qui sévissait l'été. Et ce n'est autre que Stirling Moss (encore lui) qui remporta la course en réalisant le Hat-Trick (Pole Position, Victoire et Meilleur tour). Le britannique n'a jamais aussi bien porté son surnom de ''champion sans couronne''.
- Sebring (6 Km) 1959
Basé sur un ancien aéroport militaire, la tracé plat de Sebring en Floride, réputé pour sa surface en béton d'origine recouvrant une partie de la piste, est un des circuits les plus populaires des Etats-Unis. Il fut d'ailleurs le terrain de jeu du premier Grand Prix des USA en 1959 et parallèlement de la dernière épreuve de la saison. Pourtant, la faible attraction des spectateurs pour la course à cause du prix des billets beaucoup trop élevé fera que le Grand Prix déménagera à Riverside l'année suivante. Alors que Jack Brabham dominait la course, il tomba en panne d'essence à quelques hectomètres de l'arrivée (il sera tout de même sacré champion), laissant Cooper se contenter d'un doublé avec Bruce Mclaren et Maurice Trintignant.
- Riverside (5,3 Km) 1960
Circuit valloné situé en Californie, mélangeant lignes droites et courbes exigeantes, Riverside acceuilli un premier Grand Prix ne comptant pas pour le championnat en 1958 avant d’accueillir une manche officielle en 1960, remportée par Stirling Moss (toujours lui) sur Lotus. Mais comme à Sebring, malgré d'importants moyens déployés, le Grand Prix n'eut pas le succès escompté, du fait du manque de promotion et du succès concurrentiel du Los Angeles Times Grand Prix. L'épreuve changera une nouvelle fois de tracé pour finalement atterrir sur le magnifique circuit de Watkins Glen où il y restera une vingtaine d'années. Concernant Riverside, le circuit accueillera d'autres courses automobiles jusqu'a sa disparition en 1989.
- Zeltweg (3,2 Km) 1964
Avec ses faux airs d'AVUS (deux grandes lignes droites et quatre virages sur un aérodrome), le circuit autrichien de Zeltweg fut le théâtre de l'un des plus joyeux bordel que la F1 ait connu. Une piste délabrée et bosselée, des chronométreurs à la ramasse, une sécurité pour les spectateurs quasi-nulle (un enfant fut grièvement blessé après avoir reçu une roue lors des essais), une météo capricieuse, un enfer pour les mécaniques et principalement pour les suspensions: l'endroit rêvé pour une course d'auto-tamponneuses, ou pour un Koh-Lanta automobile, au choix. Lors de ce Grand Prix à élimination où tous les favoris tombèrent les uns après les autres, c'est l'italien Lorenzo Bandini qui remporta sa première course devant Ginther et Anderson. Vous les connaissiez? Nous non plus, pas vraiment.
- Bugatti (4,2 Km) 1967
L'Automobile Club de France, se disant que des circuits comme Rouen-Les-Essarts (désigné comme l'un des meilleurs tracés d'Europe) ou Charade (''le plus beau circuit du monde'' dixit Stirling Moss, un connaisseur) ne suffisaient pas, décida d'organiser un Grand Prix au Mans. Un circuit fut alors crée à la va-vite, empruntant au mythique circuit des 24 Heures la ligne droite des stands et le virage Dunlop. Le reste du tracé ne fut qu'un mélange de virages sur un parking avoisinant. Du fait de la non-attractivité du circuit, les spectateurs ne sont pas légion. Jack Brabham sur Brabham (trop la classe...) qui remporta la course haut la main devant Denny Hulme et Jackie Stewart. La Formule 1 ne reviendra plus sur ce circuit, mais de nombreux aménagements ont été effectués pour en faire un véritable tracé taillé pour la compétition, organisant aujourd'hui de nombreuses épreuves à succès (faut bien féliciter les promoteurs, vu ce que c'était au départ...).
- Fair Park (3,9 Km) 1984
Les organisateurs du Grand Prix de Dallas en 1984 partagent un terrible secret. Ils étaient tous à Zeltweg vingt ans plus tôt pour admirer ce qui restera pour eux comme le plus beau grand prix qu'ils n'aient jamais vu. Entre deux épaves, le chef de la bande déclara alors ''Chiche qu'on est pas capable d'organiser un grand prix encore plus bordélique que celui-la'': C'est ainsi que fut né le circuit de Fair Park. Des installations vétustes, une piste qui partait en lambeaux, une chaleur supérieure à 50° et une organisation du tonnerre. L'épreuve est interrompue à la limite des deux heures autorisés, et c'est Keke Rosberg, longtemps prétendant au titre d'opportuniste ultime, qui remporta la course après l'hécatombe générale. L'image la plus forte du Grand Prix restera celle de Nigel Mansell, effondré à même le sol par la chaleur après avoir poussé sa voiture jusqu’à la ligne d'arrivée. Sa détermination séduira Frank Williams qui l'engagera dans son écurie l'année d'après. Comme quoi, sur un coup de folie...
- Donington Park (4 Km) 1993
Pressenti pour remplacer l'irremplaçable Silverstone en 2010 avant que ses organisateurs y renoncent, ce circuit vallonné variant courbes rapides et épingles lentes à accueilli le Grand Prix D’Europe en 1993. Sponsorisé par Sega, cette course est surtout reconnu pour avoir été la scène de l'une des plus grandes prestations d'Ayrton Senna. Plus fort que tout le monde sur une piste détrempée, le brésilien sur sa McLaren (5e au départ) déborda Wendlinger, Schumacher, Hill et enfin Prost pour arriver en tête dans le premier tour. Il fit alors cavalier seul durant toute la course et s'imposa avec 1 Minute et 25 secondes sur Damon Hill et prit un tour à un Alain Prost médusé. Senna déclarera après son exploit: ''J'avais une très bonne voiture, mais je sais pas si c'était la meilleure''. Avec tout le talent que ce gars possédait, il pouvait sans doute gagner avec n'importe quel bolide, comme une voiture de Nascar Truck Series par exemple. Un commentaire, Nelsinho ?
Et vous, vous vous souvenez de ces circuits ?