Monter dans un véhicule, c’est toujours un risque, si infime soit-il. Mais certains départs de course suscitent davantage d’inquiétude qu’une virée à la campagne en Monospace. Peut-être parce que le tracé est sinueux, que les concurrents entendent bien pousser leurs bolides à leurs limites ou que le circuit, vieux d’un siècle, a prévu des dispositions de sécurité adaptées aux Ford T. Peut-être aussi que vous vous engagez sur une route qui a déjà un lourd passif. Petit rappel des épreuves qui n’ont pas fait de cadeau. (MàJ janvier 2014)
- Tourist Trophy de l'île de Man, Royaume-Uni (moto)
Une course initialement conçue pour les cyclistes et dans laquelle on lance des motards en un-contre-un, un tracé délimité par des murs de pierre et une histoire de plus d’un siècle : la minuscule Ile de Man remporte la palme avec plus de 180 victimes depuis la création de l ‘épreuve. - Baja 1000, Mexique
La course de Satanas et Diabolo se joue chaque année sur la Péninsule de Baja, en Basse-Californie. Choisissez vos armes : motos, buggies, voitures de rallye ou camions, tout ce qui peut permettre d’avaler les 1000 miles de course sur des routes caillouteuses et un tracé hasardeux, des virages à l’aveugle, des pièges posés ou des objets balancés par les spectateurs les moins scrupuleux. En marge de l’événement, il est courant que les cartels de trafiquants mexicains règlent leurs comptes à cette occasion. Baja, c’est rock’n’roll. - Le Grand Prix de Macao, Chine (moto)
Le choix d’utiliser un tracé urbain pour une épreuve peut vite conduire les observateurs à l’évidence : le centre ville de Macao n’a pas été conçu pour faire s’affronter des deux-roues à plus de 250 km/h. Une course délimitée par des barrières qui ne laissent pas le loisir d’aller glisser dans du gravier en cas de faux-pas. Il n’aura fallu qu’une année au Grand Prix pour enregistrer sa première victime. Pas de règlement de comptes de cartels ici, mais de triades, comme en 1993 lorsqu’une fusillade a éclaté dans un hôtel qui hébergeait des coureurs. - Mille Miglia, Italie (auto) : initiée en 1927, cette course de 1000 miles à travers l’Italie avait l’originalité de faire s’affronter la fine fleur de l’industrie automobile de l’époque, Alfa Romeo, Porsche, Ferrari, sur le réseau routier italien. L’événement donne lieu à des joutes tellement violentes que même Benito Mussolini trouvera qu’il y a des limites et qu’il faut suspendre cette épreuve. La course renaîtra après la Seconde Guerre Mondiale dans une nouvelle formule qui n’empêchera pas une voiture d’aller s’écraser dans le public et de faire 12 morts en 1957. Fin de l’histoire.
- Le Rallye Paris-Dakar (auto et moto) : depuis 1979, l’épreuve déclenche presque chaque année la colère de l’opinion en raison des drames qu’elle suscite, entre autres. Plus de 60 morts dans une course aussi médiatisée et disputée par une majorité d’amateurs, cela fait réagir, quand en plus les victimes sont parfois des villageois de pays en voie de développement qui n’avaient rien demandé à personne, le prestige du Dakar en prend un coup.
- Les 24h du Mans, France (auto)
La « Liste des accidents mortels aux 24h du Mans » a le droit à une page dédiée sur Wikipedia. Pour accéder à un tel honneur la course peut s’appuyer sur des atouts décisifs : une grande partie de route nationale en guise de circuit, une ligne droite qui permet de franchir les 400 km/h, une partie de la course qui se déroule de nuit et un accident catastrophique en 1955 qui coûte la vie à 82 spectateurs, touchés par les débris de la Mercedes de Pierre Levegh. - Paris-Madrid (auto) : une seule édition, en 1903, arrêtée en cours de route pour mettre un terme au carnage. Moins d’une centaine de concurrents sur les 315 inscrits arriveront jusqu’à Bordeaux. Cet après-midi du 24 mai 1903 sera un festival de faits divers : piétons renversés, chien que l’on veut éviter, platanes embrassés et fin de course dans le fossé. Cette unique édition coûtera la vie à Marcel Renault, frère de Louis, le fondateur de la marque du même nom, et second de l’épreuve de cette tragique journée.
- Carrera Panamericana, Mexique (auto)
La sécurité routière n’est clairement pas la grande passion des Mexicains. C’est sur la côte ouest du pays que s’est courue cette épreuve qui traversait sans trop de retenue les villages du coin. 27 morts en 5 éditions, le ratio et le drame du Mans en 1955 ont eu raison de la pérennité de cette compétition dont l’une des règles majeures était « Si vous vous arrêtez pour aider quelqu’un, vous êtes automatiquement disqualifié ». Bon esprit.
(à l'image, deux Allemands qui se sont mangé un vautour à pleine vitesse, en 1952) - Le Grand prix de F1 Nürburgring, Allemagne (auto)
Sans être Mexicain, et en affichant une rigueur toute allemande, on peut se laisser surprendre par la montée en puissance des véhicules au fil des années et des dégâts que cela peut faire sur un circuit conçu au milieu des années 1920. L’arrivée des épreuves de F1 après la Seconde Guerre mondiale va montrer les limites du site, des drames vont se produire presque chaque année et Nikki Lauda passe tout près de finir dans un brasier. Un nouveau circuit a depuis été construit sur le site pour mettre un terme au lourd tribut payé par le sport automobile au Ring. - Indy 500, Etats-Unis (auto)
L’Indianapolis Motor Speedway a tué une quinzaine de coureurs depuis 1919 en Indy 500. Mais le circuit a eu la bonne idée d’accueillir d’autres compétitions, de la Formule 1 et des épreuves de NASCAR entre autres. Ce sont au total 40 pilotes qui auront eu pour dernière vision la légendaire asphalte de cet anneau mondialement connu.
Et vous, vous en voyez d’autres ?