Certains footballeurs ont inventé des gestes, d'autres sportifs ont institué le début d'une nouvelle ère dans leur discipline. Il fallait pour cela l'audace nécessaire pour aller au devant des inerties et des conservatismes des instances de l'époque qui devaient penser que décidément, "tout foutait le camp" et qu'il leur faudrait "une bonne guerre à ces jeunes hippies". Petit florilège des anticonformistes à qui l'Histoire du sport a donné raison.
- Dick Fosbury et son "flop" : le concours de saut en hauteur des Jeux de Mexico en 1968 aura laissé perplexes les juges qui ont dû donner le titre et le record olympique à un punk qui saute dos à la barre, alors que ses petits camarades pratiquaient jusque là le "ventral". Le "Fosbury Flop" a amélioré les performances, mais aussi et surtout l'esthétique. Désormais, on ne saute plus en hauteur comme des crapauds.
- Greg LeMond et le guidon de triathlète : sur le Tour de France 1989, l'Américain donne du grain à moudre à Patrick Chêne et Robert Chapatte avec un guidon qui lui permet dans les contre-la-montre de poser ses coudes devant lui. Le tout avec un casque testé en soufflerie. C'est bien simple, Bernard Thevenet n'avait jamais vu ça. Le guidon est finalement homologué et les records tombent.
- Jan Boklöv et les skis en V : à la différence de Fosbury, la technique du sauteur à ski suédois (il écarte ses skis pour former un V et penche son corps vers l'avant) donne dans un premier temps des résultats assez douteux à partir de 1985. Il faudra un titre mondial en 1989 pour qu'on commence à le prendre au sérieux et l'éclosion de Toni Nieminen pour que la technique se généralise.
- Tom Burke et le "crouch start" : le premier champion olympique moderne claque un spectaculaire 12 secondes en 1896 à Athènes. Ce chrono délirant s'explique par une technique américaine toute nouvelle : le départ accroupi. Il passe d'abord pour un fou au départ, moins à l'arrivée. Les starting-blocks mettront encore quelques décennies à être développés.
- Sydney Cavill et le "papillon" : conçu initialement comme une technique améliorée de la brasse, le papillon va donner des cheveux blancs à la Fédération internationale de natation. L'Australien qui a par ailleurs théorisé la technique du crawl en 1873 donne des idées aux nageurs des années 1930 qui se font d'abord disqualifier puis qui doivent choisir une technique, la brasse ou le papillon, et s'y tenir durant toute la compétition. Le papillon devient une discipline à part entière en 1952.
- Parry O'Brien et la rotation au poids : avant O'Brien, on lançait le poids un peu à la fraîche, sans trop se poser de questions. Depuis O'Brien, champion olympique 1952 et 1956, on essaie d'avoir un peu plus d'allure et on fait une petite rotation de 180 degrés. C'est quand même plus sérieux, mais pas pour autant beaucoup plus télégénique.
- Alvin Kraenzlein et la "jambe tendue" : en s'emparant des titres olympiques sur 110 et 200 mètres haies en 1900, l'Américain permet au public parisien de comprendre que c'est plus efficace de passer les obstacles en pleine course avec la jambe parallèle au sol, et pas de les aborder au feeling en ralentissant pour ne pas risquer de se croûter, comme en cours de sport en 4eme. Pas con.
- Bunny Austin et son short de tennis : quand Bunny débarque sur les courts en 1932 en arborant ses jambes velues à Forest Hills, ses adversaire qui jouaient en pantalon et cravate se demandaient comment ce type avait fait pour rentrer, et que faisait la sécurité. Austin, c'est un peu le Agassi des années 1930. En moins velu et moins fluo quand même.
- Chuck Taylor et la "All Star" : quand Converse sort sa première chaussure de basket All Star en 1917, Chuck, joueur des Akron Firestones, est immédiatement séduit. A tel point qu'il se fait embaucher par la marque pour proposer ses idées dans les années 1920 : une protection de la cheville, davantage de souplesse et de maintien. Taylor devient un VRP-entraîneur-joueur de l'équipe des Converse All-Stars. Une godasse éternelle est née et l'ère de la NBA business-total peut débuter.
- Jean Vuarnet et la technique de "l'oeuf" : si le skieur français a donné son nom à des lunettes, c'est pour tout autre chose qu'il est encore aujourd'hui une référence dans le ski alpin. Lors des Jeux Olympiques de 1960, il met tout le monde d'accord sur la supériorité des skis métalliques et sur les vertus de l'aérodynamique : sa position de l'oeuf relègue ses adversaires au niveau de la classe de neige passant son premier flocon.
- (bonus) Michael Chang et la "cuillère" : un geste qui marque une carrière : à 17 ans et face à Ivan Lendl, ce qui se fait de mieux en 1989 dans le monde du tennis, Chang tente tout et n'importe quoi pour perturber le numéro un mondial : des retours en cloche pour ralentir le jeu, des positionnements au milieu du terrain sur l'engagement adverse et surtout un service à la cuillère venu d'ailleurs. Aucune de ces techniques n'a fait recette depuis, mais Chang remporte le match, le tournoi, et entre dans la légende de Roland Garros.
- (bonus 2) Ben Johnson et le petit déjeuner des champions : un départ canon qui laisse sur place Carl Lewis en 1987, et le sprinter canadien signe un chrono de 9,79 sur 100m qui reste dans toutes les mémoires. Pour réussir cette prouesse, Ben Johnson a adopté une toute nouvelle technique qui consiste à se bourrer de stéroïdes anabolisants. Brillant. Mais trop en avance sur son temps pour la Fédération. Tu aurais dû faire du vélo, Ben, on est moins conservateur sur le Tour de France.
Et selon vous, quelle technique a révolutionné une discipline sportive ?
Sources : L'internaute , Socialeopfindelser