Il y a cent ans, les gens avaient des sabots et vivaient dans un monde sans ruban adhésif. Mais ce n’est pas tout. Il y a cent ans, on était heureux quand on avait une orange à Noël et on portait la moustache. Et pire que ça : il y a cent ans, personne n’aurait eu l’outrecuidance de bouffer une aile de poulet alors que c’est évidemment le truc le plus dégueulasse de la terre. Vous verrez dans cent ans comment nous petits-enfants se foutront de notre gueule.
Bouffer des ailes de poulet
Tu prends quoi ? L’aile ? La cuisse ? Du blanc. C’était l’unique réponse que l’on entendait dans les chaumières il y a cinquante ou cent ans. Déjà parce que les chaumières n’ont pas survécu au XX° siècle, ensuite parce qu’à l’époque, on considérait les ailes de poulet comme des abats dégueulasses qui ne valaient pas mieux que le cou.
Ce n’est qu’en 1964 que les ailes de poulet ont commencé à devenir populaire, et c’est grâce à Teressa Bellissimo, qui en plus d’avoir un nom de belle gosse, avait aussi de la suite dans les idées. Teressa tenait un bar-resto, appelé le « Anchor Bar ». Elle avait reçu des ailes de poulet en lieu et place des parties qu’elle avait demandées. Et plutôt que de jeter tout ça, plier boutique et fermer les écoutilles, elle a décidé de changer de recette en faisant sauter les wings et en inventant la sauce barbecue. Avec le succès que l’on connait.
Jouer au flipper
Il fut un temps pas si lointain où Al Capone n’était pas un personnage de film et où si on te prenait en train de boire de l’alcool aux Etats-Unis, tu terminais en zonzon. Et à cette époque marquée par de nombreux assassinats, de jolis chapeaux et surtout l’émergence de l’expression « le syndicat du crime », il y avait UN truc associé à la pègre, et ce truc, c’était le flipper. Même après la prohibition, la réputation de ce machin qui fait beaucoup de bruit n’était pas au mieux. En 1942, LaGuardia, qui était alors le maire de New York et pas encore un aéroport, avait dénoncé les propriétaires de flippers comme étant des usuriers qui vivaient dans le luxe au détriment des vrais gens.
Sourire sur les photos
Aujourd’hui, ne pas sourire sur une photo revient à faire un véritable fashion faux pas qui nous expose à divers adjectifs du genre « ronchon » (ça fait mal). Mais au début de la grande aventure de la photographie, c’était une autre limonade. Les photos étaient rares et coûtaient une blinde, et il était hors de question de les gâcher par un sourire malvenu. Parce qu’il fallait que la postérité se souvienne de toi comme de quelqu’un de profond qui regardait vers l’infini et pas comme un clown stupide. Il existe une citation de Mark Twain en la matière qui est assez édifiante : « Une photo, c’est ce qu’il y a de plus important, et il n’est rien de plus dramatique pour la postérité qu’un sourire ridicule capturé par l’appareil et figé pour l’éternité. » Ce n’est que dans les années 30 que les gens se sont détendus du slip.
Les bretelles de soutien-gorge apparentes
Ou d’ailleurs la fermeture à l’arrière. C’était simple, tu passais pour une fille facile. Parce que bon, hein, alors, hein, t’allais quand même pas montrer ton soutif à Jean-Louis dans la rue alors que bon, hein, heu, t’étais pas voilà. C’est pas très documenté, comme point, mais je vous assure, c’est vrai.
Avoir un gosse hors mariage
Et d’ailleurs, ça continue dans une bonne partie du monde. Mais si aujourd’hui, vous avez un gosse hors mariage, on ne l’appellera pas « le petit bâtard » toute sa vie et on ne le considérera pas comme un enfant du péché. Alors qu’il y a cinquante ans, on rigolait un peu moins avec ces sujets-là.
Porter des pantalons quand on est une femme
On vous en a déjà parlé dans les comparaisons historiques les plus flippantes sur le droit des femmes, mais jusque dans les années 60, celles qui portaient un futal étaient très très mal vues. Certains lycées interdisaient même le port du pantalon et il a fallu attendre 2016 pour que cette loi soit révoquée en France (elle n’était plus appliquée depuis un moment, cela dit).
Porter du violet
Porter du violet a longtemps été associé à une pratique diabolique. Dans un article de 1903, le Boston Globe, un journal américain qui, comme son nom l’indique, est basé à Boston, expliquait en long en large et en travers qu’être exposé trop longtemps à la couleur violette déclenchait irrémédiablement une folie permanente. Et dire qu’ils nous ont exposé à Denver le dernier dinosaure, ensuite. Moi, ce qui me fait le plus flipper dans cette histoire, c’est la police choisie par le journal.
Lire au lit
De manière générale, il a fallu attendre la fin du XIX° pour que la lecture ne soit pas considérée comme un truc de gonzesse qui rendait les gens neurasthéniques et semi-débiles. Mais alors lire au lit, c’était le pire. C’était une insulte à Dieu, une calamité qui ruinait le ménage en menaçant le couple (parce que du coup, on ne faisait pas de sexe), un truc à déclencher une colère divine et une apocalypse en avance. Et encore, ils ne connaissaient pas Netflix, les mecs.
Les parapluies
OK, peut-être pas il y a cent ans, mais il y a cent-cinquante, disons, c’était très très très mal vu. On se foutait ouvertement de la gueule des gens qui portaient des parapluies, on les considérait comme des types efféminés et ridicules qui n’arrivaient pas à affronter la pluie et étaient prêts, pour faire montre de leur manque de courage, à se parer d’un accessoire, l’ombrelle, réservée aux femmes.
Envoyer ses gosses à l'école
En 1900, seule la moitié des enfants américains allaient à l’école. On apprenait chez soi, et puis voilà. Il existait même des débats au sein du Sénat américain sur la question de l’école obligatoire, certains sénateurs conservateurs considérant qu’il s’agissait d’une mesure anti-démocratique et anticonstitutionnel. Un choix limite dictatorial, donc. Les enfants seraient probablement d’accord avec ça, m’enfin.
Les temps changent, comme dirait Claude.
Sources : Cracked, Huffington Post, Best life online