Une de perdue, dix de retrouvées, qu’on dit. Mais 10 quoi ? C’est bien beau de sous-entendre les trucs, mais c’est pas clair du tout votre histoire. Pas clair du tout du tout du tout. Parce que moi, ça m’est déjà arrivé d’en perdre une, et alors j’ai dressé la liste de ce qu’on retrouvait.
La tristesse
C’est la première qu’on retrouve. Ca faisait un moment qu’on s’était pas vu et finalement c’était pas plus mal. Première déception dans la liste des choses qu’on doit retrouver, donc ; un peu comme une facture oubliée et dont la date de règlement est largement dépassée.
La déprime
Vu qu’elle est copine comme cochon avec la tristesse, c’est pas bien étonnant de la retrouver dans le coin. Le genre que l’on retrouve dans la poubelle à côté de sa dignité et de sa joie de vivre, sauf qu’on se demande pourquoi on l’a jetée vue qu’elle est en parfait état de marche.
Deux/trois potes sauf si t'es vraiment TROP déprimé
Ah ouais, ils étaient là, eux ? Aucune nouvelle depuis tellement longtemps. C’était quoi leur prénom déjà ? On remet la main dessus, mais tout ça c’est temporaire puisqu’aussitôt les symptômes de la déprime prégnants, les potes retrouvés dans le tiroir du bas disparaissent à nouveau. Des aléas du rangement.
L'alcool
Même idée. On le retrouve rapidos, l’alcool. En même temps il était là tout le long, dans le placard à alcool, inviolé. Le problème, c’est l’usure : dès qu’on en a fait un usage immodéré, l’alcool se jette dans la poubelle blanche. Et là, c’est la crois et la bannière pour remettre la main sur une bouteille en temps et en heure (entendez à 5 heures du mat).
Les regrets
Ah ça, on les retrouve directement. Ils se manifestent de différentes manières, genre de coups de fil intempestifs qui te réveilleraient dans la nuit : souvenirs heureux ou envies de changer le passé, honte de soi ou culpabilité. Ils avaient disparu, coucou nous revoilou.
L'insomnie
Cette bonne vieille pote ! Alors qu’est-ce que tu deviens ? Ca te dirait on veillerait toute la nuit pour se raconter ce qu’on a fait pendant toutes ces années toi et moi chacun de notre côté ?
L'envie de mourir
Evanouie dans la nature depuis l’immense foirage de l’oral de français en 1ère S, l’envie de mourir se présente à nouveau à toi et cherche à se montrer réconfortante : « Ca te dirait le sommeil éternel ? » « Tu sais quand on dort à tout jamais on ne souffre plus » et autres conseils à la con toujours plus avisés qu’un diagnostic Doctissimo.
La solitude masturbatoire
Dans un monde sans joie, puisque celle-ci a définitivement décidé de prendre la poudre d’escampette, on trouve des palliatifs. Le mieux est encore la petite joie honteuse, soeurette ennemie de la première toujours là dans les coups durs. Avec son accès à Pornhub Premium, elle fournit son quota d’occupations malaisées et d’odeurs de sperme séché.
Le chômage
Le seul hic, avec toutes ces nouvelles fréquentations, c’est qu’elles ne sont pas ultra brand safety. Du coup on est moins efficace, du coup on se retrouve un peu tricard au bureau, du coup on est moins réactif et on sent un peu mauvais et hop, boum, c’est une nouvelle personne du passé qui se présente à nous. Ce bon vieux chômage ! Qu’est-ce que t’as rien foutu de tes journées ces dernières années ?
Tinder
On prend les mêmes et on recommence.
Une de perdue, dix de retrouvés !