« Et c’est le temps qui court, court, qui nous rend sérieux » chantait ce bon vieux Alain Chamfort. Bah dans le cadre de ce top, c’est plus le temps qui bouge, bouge, qui nous rend maboule, ou même… Les jours qui sautent, sautent, qui sont supprimés pour faire plaisir à un haut gradéééééé. Bref, c’est le bordel quoi. Tous les rapports au temps bizarre. Tous les types qui ont manipulé les années comme si c’étaient de vulgaires chaussettes qu’on pouvait déplacer. C’est passionnant, et très énervant à la fois.
En 1582, on est passé du 4 au 15 octobre en une nuit
Eh hop, 10 jours perdus quelque part dans l’espace temps. Ça fait très science-fiction, mais laissez-moi vous dire qu’en 1582, on n’était pas encore ultra-calé en effet spéciaux. En fait, et jusqu’à la fin du XVIe, on fonctionne avec le calendrier julien, mis en place par Jules César en -46. Or, une année julienne ne correspond pas exactement à une année sidérale (unité de mesure exact d’un tour de la Terre autour du soleil). Après 1628 ans de calendrier, le pape Grégoire III estime que le cumul des retards s’élève à 13 jours. Pour réduire l’écart, il décide tout simplement de supprimer 10 jours, hop, comme ça. Pour le reste, c’est l’instauration des années bissextiles qui font le taff. C’est plus ou moins comme ça que né le calendrier grégorien que nous utilisons aujourd’hui encore ! Les boules quand ton anniversaire tombait entre le 5 et le 14 octobre, punaise.
Une semaine de 5 jours avec des noms de couleurs en URSS
Pourquoi parler du lundi, mardi ou mercredi, si on peut plutôt parler du jaune, du rose et du rouge, hein ? Bienvenue dans l’Union Soviétique du début des années 30 ! Une idée de deux mecs complètement équilibrés : Yuri Larin (économiste) et Staline. L’objectif de ces semaines « colorées » ? Augmenter la productivité des travailleurs, et annihiler les pratiques religieuses. Ambiance. Le travailleur obtient une couleur, qui correspond à son jour de congé. Résultat : chaque jour de la vie, il y 80% des travailleurs qui sont en fonction, et 20% en congé. Idéal pour avoir des moments en famille ou entre potes, c’est certain. Ce système a été avorté en 1940.
Il y a deux fois 31 jours en juillet et août, à cause d'un problème d'égo de dirigeants romains
Non, s’il y a 31 jours, deux mois d’affilée, ce n’est pas grâce au compte sur les phalanges, mais du fait de Jules César (encore lui) et son successeur, Auguste. Le calendrier grégorien prend son origine dans le calendrier julien, mis en place par César. Dans ce dernier, le mois de juillet est le cinquième mois (on va y revenir), appelé « quintilis ». Après l’assassinat de César, ce mois devient le mois en son souvenir : il est rebaptisé « Julius », et on lui ajoute un 31e jour. Son successeur, ce bon vieux Auguste, par fierté, décide lui aussi de s’attribuer un mois dans l’année, et choisi celui qui succède à julius. Le sixième mois est alors baptisé « Augustus ». Mais ce n’est pas tout ! Hors de question pour cet humble personnage d’avoir un mois attitré plus court que César ! Il lui ajoute donc un jour, tranquillou. Eh hop, on gagne un jour de grandes vacances. Ça fait zizir.
Conséquence : on a raccourci février
Il est bien gentil l’Auguste, mais si on se met à ajouter des jours à droite à gauche pour faire le fier, on va avoir des petits problèmes de logistique dans l’écoulement des jours et des saisons ! On ajoute un jour à droite, on le retire à gauche. En l’occurrence, on coupe du côté de février. +2 jours en été = -2 jours en février. En plus, pour les Romains, les chiffres impairs sont aimés des Dieux. Or, février est considéré comme un mois tout pourri, auquel on attribue les fièvres, les impuretés, et les fatalités. Le nombre pair de jour accentue cet aspect de looser, pendant que juillet et aout peuvent briller par leur impairitude (un mot à ajouter au dico).
Initialement, une année était composée de 10 mois
Désolée, ce n’est pas facile à suivre toutes ces occurrences au temps, surtout quand nous devons nous-même voyager dans l’histoire et remonter des siècles en arrière. Mais tenez le coup, restez focus, et vous pourrez étaler tout votre savoir devant vos collègues à votre prochaine pause dej.
Cette fois, on remonte au VIIe siècle avec JC, et donc, bien avant le calendrier Julien. A ce moment là, nous sommes sous le calendrier romain. Il commence au mois de mars, dit « Martius » (en hommage au dieu Mars), s’arrête en décembre, période de récolte dans la Rome antique, et comporte 304 jours. Les 4 premiers mois sont nommés d’après les dieux, et à partir de « quintilis » (juillet actuel), on compte. Par exemple septembre vient de « 7 », comme le 7e mois. Pareil pour Octobre, qui vient de « 8 », etc. Eh puis… Numa Pompilius, second roi de Rome de 715 à 672 avant JC décide d’allonger l’année de 50 jours, pous se caler sur le cycle lunaire. Pour les faire rentrer, on ajoute les mois de Ianuarius (janvier) et de Februarius (février) , et on emprunte un jour à chacun des 10 mois existants pour que février ne fasse pas que 19 jours non plus. Sous César, ce dernier sera retravaillé et calé sur le soleil.
Mais l'année -46 dura... 15 mois
Bon, ça devient un peu compliqué tout ça. C’est simplement lors de la réforme calendaire abordée juste au-dessus, en 46 avant JC, que cela se produit. Quand on passe du calendrier républicain au calendrier julien, il y a « léger » temps de battement, le temps de l’imposer à tout l’empire, de se recaler sur le soleil et tous ces trucs qui ont l’air pas mal chiant. Résultat : l’an -46 dure 15 mois, et gagne le surnom de « année de la confusion ». Elle détient le record de la plus longue année de tous les temps. Mais bon, c’est pas la longueur qui compte, hein.
En 1712, il y a eu un 30 février en Suède
MAIS WHAAAAAT ? Eh oui, encore un ricochet d’un changement de calendrier ! En l’occurrence, du calendrier grégorien. C’est au début du XVIIIe que la Suède accepte la réforme calendaire. Problème : le passage d’un calendrier à l’autre induit de virer 13 jours d’un coup. Le roi, pas ultra fan des mouvs brutaux, opte pour un peu plus de douceur dans la façon de mener l’opération. Il commence par supprimer tous les 29 février, pour arriver au même rythme que le reste de l’Europe en quarante ans. Evidemment, tout ne se passe pas comme prévu ! Le 29 février 1700 saute, mais pas les suivants, notamment à cause de la guerre entre le pays et la Russie. En 1711, la Suède lâche la rampe, abandonne la réforme calendaire, et remet en vigueur son bon vieux calendrier suédois. Mais il manque un jour… Le fameux 29 février 1700 ! Pour se recaler sur leur calendrier, ils ajoutent simplement un 30e jour à février 1712 !
La suppression du 30 décembre 2011 du Samoa
Une décision du premier ministre Tuilaepa Sailele Malielegaoi, afin de se caler sur le même fuseau horaire que l’Australie et la Nouvelle Zéalande, pour faciliter les échanges ! Avant ça, les îles Samoa étaient sur les horaires états-uniens.
Shakespeare et Cervantès sont mort tous les deux le 23 avril 1616, mais à dix jours d'écart
On commence à comprendre que la fin du XVIe/début du XVIIe, avec la mise en place du calendrier grégorien, c’était un peu la galère ! D’autant plus que tous les pays n’opère pas le changement en même temps. En gros, les États catholiques l’adoptent tout de suite, mais les orthodoxes et les protestants le refuse longtemps. Résultats : dans certains territoires de l’Europe, sous le calendrier grégorien, on a dix jours d’avance sur les zones européennes ayant conservé le calendrier julien ! Cervantès meurt dans une Espagne catholique ayant adopté le calendrier grégorien, alors que Shakespeare s’éteint dans l’Angleterre protestante utilisant le calendrier julien. Résultat : ils sont morts à la même date, mais pas le même jour. Troublant, n’est-ce pas ?
Au mont Athos, en Europe, il est 13 jours de moins
Les irréductibles habitants du mont Athos font partie des seuls qui, en Europe, utilisent encore et toujours le calendrier Julien ! Cette petite île et république monastique proche de la Grèce, interdite au public et peuplée uniquement de religieux orthodoxes évoluent donc dans un monde qui est 13 jours en retard sur le calendrier grégorien. Pour compliquer un peu plus de schmilblick, ils vivent également à « l’heure byzantine », dont la première heure correspond au coucher du soleil. Faire simple, quand on peut faire compliquer, c’est dommage.
Savez-vous comment on calculait le temps qui s’écoule avant la montre ? Et vous saviez qu’on manipulait aussi la météo avec des techniques de géo-ingénierie complètement éclatées ?
Source : Ouest France