C’est une hantise universelle. Terminer comme ses parents. Devenir ce que l’on s’est absolument refusé de devenir, sorte de petit pacte passé avec soi-même à l’adolescence et conscientisé un peu plus tard. Nous, on fera tout différemment, c’est certain. Pacte que l’on ne peut guère que perdre, la faute à notre patrimoine génétique et à pas de chance. Et le pire, c’est que ça veut dire, que l’on ne devient pas seulement comme ses parents, on devient aussi comme nos grands-parents, et comme nos arrière-arrière-arrière grands-parents.
Le passé nous semble toujours plus rassurant que le présent
Tout était mieux avant ; c’est le principe directeur de tout le monde, à mesure qu’il vieillit, et nos parents n’y dérogent pas. Cela fait bien 700 fois que l’on entend l’histoire de la tante Anne qui était tombée dans le fossé au mariage de Bernard, 950 fois que l’on apprend que Croquettas, c’était vraiment une bonne boîte, pas, comme les entreprises aujourd’hui.
Le truc, c’est qu’on n’en peut plus, mais on n’y peut rien : l’ADN nous impose, quand nous vieillissons de radoter sur le passé.
Ressentir de la nostalgie revient à générer un antidépresseur naturel. Or, à mesure que le temps passe, le niveau de stress de chacun augmente : le cerveau utilise donc cet antidépresseur à moindre coût pour se calmer. Et il le fait depuis Grumpf qui, dans sa cave, expliquait que les bisons d’antan étaient quand même beaucoup mieux que les bisons actuels.
On partage quand même pas mal d'ADN en commun avec eux
On partage 50% de l’ADN codants de chacun de nos parents. 50%, c’est beaucoup. Si un film est pompé à 50% sur un autre, on va s’en rendre compte, par exemple. Sachant que l’humanité entière partage 99,9% d’ADN en commun, vous comprenez bien que ces 50% concerne le pourcentage non commun restant. Il y a quand même moyen du coup, qu’on reproduise des schémas communs de nos parents si l’on est confronté à des situations similaires.
Avec le temps, on bouffe toujours la même chose
Les vieux bouffent toujours la même chose. Ils s’en foutent. Ils ne mangent que des trucs fadasses, continuellement, sans se poser de questions, même ceux qui, par le passé, se faisaient passer pour des fines gueules.
Le truc, c’est que, comme l’ouïe ou la vue, le goût s’affadit avec l’âge, la faute à une diminution de production de salive. Or, les bouches sèches ne peuvent plus distinguer la complexité des arômes. Du coup, pourquoi s’emmerder à préparer une poularde au champagne et à en surveiller la cuisson quand un bout de saucisson et du pain industriel produira le même plaisir ? Cela explique pourquoi les personnes qui dépassent 70 ou 75 ans tendent à perdre tout appétit ou tout plaisir à bouffer. Et pourquoi ils s’alimentent d’une manière plus biologique que gustative.
A cause de la testostérone, les hommes tendent à perdre leur motivation
Nos parents voulaient changer le monde. Ils avaient des ambitions. Ils voulaient briller et inscrire leur nom dans l’Histoire. Et ils ont abandonné tout ça pour se transformer en clercs de notaires avec du bide. Ce sont des lâches et des exemples à ne pas suivre. On ne les suivra pas.
Mais notre taux de testostérone varie tout au long de la vie. Et, plus celle-ci baisse, plus il est difficile de ne pas avoir de bide et plus il est impossible de se motiver. La chute de testostérone engendre des dépressions cachées. Ca s’appelle l’andropause, les mecs. Et c’est comme ça qu’on devient un pantouflard peu intéressant dont les passions n’excèdent pas la télé.
Avec l'âge, il devient impossible de faire la grasse matinée
Les parents insupportent les ados à crier dès qu’ils dorment jusqu’à midi. Les grand-parents font trop chier à se lever aux aurores pour s’ennuyer. Au milieu, peu à peu, on perd en temps de sommeil et cela nous affecte moins pour continuer à faire nos petits travaux misérables de clercs de notaires qui avons tout abandonné de nos rêves d’enfants.
Le sommeil est en réalité directement lié à notre production de mélatonine, une substance que nous sécrétons la nuit. Les ados ont des pics d’éveil le soir et beaucoup de mal à émerger le matin en raison de leur rapport à la production de mélatonine. Ce qui explique pourquoi c’est aussi compliqué de se réveiller.
Or, cette disposition change radicalement quand on avance en âge, jusqu’à parvenir à cette situation totalement inversée dans laquelle on se lève à 4 heures pour ranger des trucs.
Ca nous arrivera. Ca nous arrivera à tous.
L'esprit finit par tirer du plaisir de ce qui est ennuyeux
Les jeunes aiment tester les limites. Ils privilégient généralement la vitesse, l’excitation, l’extrême. Les vieux font des mots croisés. Que s’est-il passé ?
A l’adolescence, le cerveau répond essentiellement à ce qui stimule son circuit de la récompense. Un ado est donc naturellement attiré par des activités présentant un ratio j’en branle pas une / je m’amuse beaucoup super élevé. Plus on vieillit, plus cet équilibre s’inverse au profit de la partie de notre cerveau qui valorise les longs travaux, la motivation et les satisfactions simples.
Et c’est comme ça que la même personne, qui aimait tant faire du skate, finit par se passionner pour la botanique.
Peu à peu, plus personne ne ressent plus le besoin de se rebeller
A en croire les vieux, les jeunes sont des cons. De leur temps, déjà, c’était pas comme ça, mais en plus il faut voir leur niveau de violence.
Mais les jeunes sont des cons depuis la nuit des temps et les vieux étaient cons quand ils étaient jeunes. C’est comme ça que marche le cerveau, en fait. A l’adolescence a besoin de remettre en cause les structures qui se sont imposées à lui lorsqu’il était petit. Cette structure s’incarne dans la société, l’institution scolaire, les institutions en général, les cadres. Ca dure comme ça pendant 5, 6 ans et HOP ! On se découvre une passion pour les assurances.
L'esprit perd tout plaisir à écouter une musique qu'il ne connaît pas
Les enfants haïssent la musique que leurs parents écoutent ; les adultes méprisent la musique que les ados écoutent. Et il ne sert à rien d’essayer d’en discuter, pour la bonne et simple raison que le cerveau, à mesure que le temps passe, produit moins de dopamine et que c’est la dopamine qui crée le sentiment d’excitation lié à la découverte d’une nouvelle musique que l’on ne connaissait pas. Du coup, oui, PNL laisse froid les vieux. Les vieux sont des cons, vous me direz.
Mais je rirai bien quand les jeunes d’aujourd’hui essaieront de faire découvrir PNL à leurs propres gosses qui leur diront que c’est trop naze.
On finira par reproduire (au mieux) un couple dysfonctionnel comme celui de ses parents
Est-ce que le modèles parental que l’on nous a montré est enviable ? Non : il a l’air, quand on est jeune, soit dysfonctionnel, soit hyper chiant. Le truc c’est que le couple hyper chiant est ce qui pourra nous arriver de mieux. L’amour se divise en trois phases chimiques qui sont régulées par nos sécrétions de dopamine et de sérotonine : la première est passionnelle, la seconde a trait à l’attachement, la troisième ressemble à un rapport d’affection durable.
Donc cette passion éternelle que nous pensions possiblement atteignable ne le sera pas ; nous ferons comme nos parents : l’amour de temps en temps et des vacances un peu ennuyeuses en regardant les enfants grandir.
La notion du temps ne sera plus la même, car le temps s'accélère quand on vieillit
Pourquoi les vieux parlent-ils de trucs qui sont arrivés il y a plus de 30 ans comme si ça nous concernait ?
Parce qu’ils pensent que ça nous concerne. A mesure que le temps passe, le cerveau ne le perçoit pas de la même manière. C’est assez logique : un enfant de trois ans considérera chaque minute à l’aune des minutes qu’il a déjà vécues ; une personne de 65 en fera de même mais aura vécu beaucoup plus de minutes. Cela explique pourquoi le temps passé en classe nous semblait infini alors même que nous en passons davantage au bureau sans que cela pose problème. Et pourquoi nous raconterons plus tard à nos enfants des anecdotes survenues 10 ans avant comme si elles dataient de la semaine passée.
Ca donne pas envie de vieillir, tout ça.
Source : Cracked