Dans notre beau pays, on a parfois tendance à se laisser aller à l'auto-flagellation et à lorgner du côté de l'Allemagne et de l'Italie pour y admirer de belles voitures, quitte à sacrifier nos plus belles enseignes, telles que PSA. C'est méconnaitre la belle tradition française de création automobile qui dessine depuis un siècle des modèles audacieux et décomplexés. Petite sélection de ces moments de grâce qui ont illuminé l'histoire de l'automobile hexagonale et des tentatives de mettre un peu de "french touch" sur 4 roues.
- Delage D8S (1936-1939)
Un air fier de Traction Avant et une carrière éphémère, la création de Delahaye a tout pour séduire les collectionneurs. - Delahaye 175 S (1948-1951)
Quand Delahaye ne rachetait pas Delage, la marque concevait elle-même des modèles suffisamment audacieux pour rentrer de plain-pied dans ces années 1950 pleines de promesses. Quand René Barjavel et Ray Bradbury écrivaient le futur, Delahaye le dessinait et le construisait avec de la tôle et des machins chromés. - Peugeot 203 (1948-1960)
En France aussi on sait faire des voitures de gangster : une résistance suffisante pour ne pas vous abandonner en cavale, suffisamment de place pour caser deux ou trois "sulfateuses", et une élégance naturelle, même criblée de balles. Le genre de voiture dans laquelle on récite des dialogues d'Audiard. - Citroën 2CV (1948-1990)
A une époque pas si lointaine, quand on faisait des voitures pour les plus petits revenus, avec de la tôle ondulée et des équipements spartiates, on confiait le projet à un designer inspiré. - Citroën DS (1955-1975)
Avant que Nintendo ne nous pique l'idée, la DS était la voiture présidentielle par excellence, celle dans laquelle on apprenait la nationalisation du canal de Suez par Nasser et dans laquelle on allait voir l'avancement des travaux du nouveau Concorde. Une voiture digne d'un film de De Funès, what else ? - Alpine A110 (1962-1977)
Alpine n'est pas encore la propriété de Renault en 1961 même si le créateur de la marque, Jean Rédélé, est concessionnaire de la marque au losange. La promotion interne existe chez Renault, surtout quand on est un concepteur de génie. - Renault Sport Spider (1995-1997)
Alors que Williams-Renault domine les années 1990 en F1, Renault se dit qu'il y a la place pour lancer un roadster annonciateur du nouveau siècle. Ajoutons juste un arceau de protection pour prévenir les tonneaux, et on a le top de la classe à la française. - Bugatti Veyron 16.4 (2005-2011)
Encore une bonne raison d'avoir repris l'Alsace aux Allemands : l'usine de Dorlisheim assemble sans complexe l'une des voitures françaises les plus audacieuses (également la voiture la plus rapide du monde, rien que ça). La renaissance de cette marque crée il y a plus d'un siècle, l'absence de contraintes de rentabilité immédiate pour la marque, la Veyron prouve que l'automobile n'est pas seulement une industrie et peut être aussi un rêve. - Venturi Fétish (2007)
Pour que les véhicules électriques s'implantent durablement dans le parc automobile français, il faudra de beaux modèles et des modèles abordables. Niveau esthétique, on commence à trouver nos marques. Pour le prix, on est encore à près de 300 000 euros. Techniquement, Venturi n'est plus une marque française, mais monégasque. Mais maintenant que Venturi a installé une usine dans la Sarthe pour fabriquer le Berlingo de La Poste, on ne va pas chipoter. - Peugeot RCZ (2010)
La France sait aussi faire des Audi TT. Mais pour ne pas froisser nos voisins allemands, Peugeot a fait le choix de présenter son bolide au salon de Francfort et a été le faire tourner autour du Nürburgring en compétition. Peugeot Lebt Autos. - (bonus) Renault Fuego (1980-1985)
Rien à changer sur cette merveille du début des années 80 : le design musclé, la petite bande noire et un nom dénué de la moindre poésie... un coup de maître de la part de Renault.
Mais aussi la PGO Speedster II, la Facel Vega, la Peugeot 404 (et 406) coupé...
Et pour vous, quelles sont les plus belles voitures françaises de tous les temps ?