La première fois que j’ai vu mon reflet, j’ai cru que c’était quelqu’un d’autre. C’est pareil, pour les scientifiques : la première fois qu’ils découvrent une nouvelle espèce animale ou un phénomène étrange, ils essaient de le raccrocher à ce qu’ils connaissent déjà. Oui, bon, moi j’avais 6 mois, à l’époque, et eux étaient légèrement plus âgés, mais je vous promets, c’est le même principe.
Les gorilles ? Des humains très très poilus
L’explorateur carthaginois Hannon se rend en Afrique 1500 ans avant notre ère et y découvre des gorilles. Beaucoup, beaucoup de gorilles sur une île où il n’y a QUE des gorilles. Bon. Pas bégueule, il étudie la question. Et arrive à une conclusion assez claire : « ce sont des peuples sauvages, essentiellement composés de femmes très très poilues et que notre interprète a désigné comme étant des gorilles. »
En bon mec civilisé, Hannon tente le coup. Il se présente aux gorilles avec sa troupe, mais les gorilles n’ont pas le goût des présentations formelles. L’équipage capture trois spécimens et les ramène à Carthage, avec dans l’idée de leur parler sur le chemin. Ça foire. Les gorilles deviennent violents. Hannon est obligé de les buter. Ce manque de manières, quand même !
On a pris le premier os de dinosaure pour la jambe de Goliath
Le naturaliste Robert Plot tombe en 1676 sur un truc qu’il prend d’abord pour un os d’éléphant. Mais, après analyse, ça ne cadre pas. Les éléphants n’ont pas du tout les mêmes os. On réfléchit, on réfléchit, on réfléchit, on réfléchit. EUREKA ! La taille incommensurable de l’os est la preuve de l’existence passée d’un géant, un très très grand géant. Or, si on se réfère à ce qu’on connaît déjà, des géants, il n’y en a pas des masses… A part Goliath ? Du coup, Plot écrit que “Goliath mesurait à coup sûr 3 mètres. » L’église likes this.
Les anneaux de Saturne ? Des oreilles
Quand il aperçoit pour la première fois les anneaux de Saturne, en 1610, Galilée est persuadé qu’il s’agit d’oreilles. Il est aussi persuadé que Saturne est une étoile. Une étoile avec des oreilles. Qui devait écouter tout ce qu’on disait sur elle et bien se marrer.
Pour Christophe Colomb, les Indiens étaient des bénis-oui-oui
Dans la fameuse Lettre à Santangel, Christophe Colomb fait ce qu’on appelle une grosse erreur d’appréciation. Adressée au roi Ferdinand d’Aragon, la lettre décrit les populations qu’il a découvertes sur le continent américain de la sorte : « (…)quand ils se croient en sûreté, quand la crainte a disparu, alors ils se montrent simples, de bonne foi, et très-généreux dans ce qu’ils ont. Aucun d’eux ne refuse ce qu’il possède à celui qui le lui demande. Bien plus, ils nous invitaient à leur demander. » Pour crâner, il ajoute « je promets à nos rois invincibles, qui m’ont accordé un petit secours, que je leur donnerai autant d’or qu’ils en auront besoin, (…) autant d’esclaves qu’ils en exigeront ».
Coucou la colonisation meurtrière.
L’ornithorynque, une blague
Le zoologiste George Shaw reçoit en 1799 un spécimen d’ornithorynque mort pour analyse. Dans la revue Naturalist’s Miscellany, il donne sa vision du truc : « Un montage particulièrement réussi d’un taxidermiste asiatique. » Shaw cherche les points de couture ayant permis de faire tenir un bec de canard sur un castor. Faute de les avoir trouvés, le zoologiste se rend à l’évidence : ce truc existe pour de vrai. Sa conclusion ne va pas plus loin que « ça doit manger de la vase ». Ce n’est qu’en 1939 que le grand public découvre l’existence de cet animal super bizarre, dans un article du National Geographic.
Le surf ? Le truc le plus cool du monde
Le surf n’a pas toujours été l’apanage de mecs qui écoutent Jack Johnson en portant une dent de requin. Quand James Cook est arrivée à Hawaï, en 1778, il a vu des locaux faire du surf. Et là, c’était la révélation, du genre : « c’est le plus grand plaisir du monde. »
Pour être tout à fait honnête, il en existe d’autres.
Les kangourous, ces animaux venus d'Amérique centrale
En 1511, Pierre Martyr d’Anguiera décrit avec une exceptionnelle acuité un animal qui lui a été rapporté par un membre d’équipage de Christophe Colomb. Tout y est, même la poche. Le problème, c’est qu’à cette époque, aucun Européen n’a foutu les pieds en Australie et que l’équipage revient d’Amérique centrale. Soit les kangourous d’Amérique centrale ont tous été massacrés en même temps que les Indiens, soit c’est à n’y rien comprendre. Plus bizarre : en 1580, 30 ans avant la découverte de l’Australie, un copiste portugais dessine un kangourou au sein d’une lettrine.
Une fois l'Australie découverte, tout le monde trouvait ça à chier
Au tout début du XVII° siècle, des explorateurs néerlandais accostent en Australie. Ils livrent de la terre ainsi découverte la description suivante (grossièrement brossée) : « De grandes surfaces ne sont même pas cultivées, et les habitants sont sauvages et barbares. » Conclusion : « rien à en tirer ». Un rapport officiel recommanda par la suite à tout explorateur d’éviter la zone.
Les Indiens ? Pas des gens.
La première description connue d’une tornade est signée de la main d’un gouverneur de colonie du Massachusetts. En 1643, il détaille le phénomène en train de s’abattre sur ses quartiers : « La poussière est partout, et les ténèbres s’abattent. Heureusement et grâce à Dieu, ça n’a tué personne. Juste un Indien. » Les mêmes Indiens généreux et débilous de Christophe Colomb, quoi.
Au XVI° siècle, les gens pensaient que les rhinocéros avaient des armures
Le graveur Albrecht Dürer est le premier européen à avoir dessiné un rhinocéros, en 1515. Sauf qu’à l’époque, il n’en avait jamais vu. Il a donc dessiné l’animal sur la base des descriptions lues par-ci, par-là. Du coup, il fait porter une armure de métal au rhinocéros. Le problème, c’est que la gravure a servi ensuite de base pour les siècles à venir pour décrire aux enfants ce qu’était un rhinocéros. C’est-à-dire une sorte de chevalier de la table ronde ridicule.
Heureusement qu’on n’a pas découvert la réalité virtuelle au XVI° siècle.
Source : Listverse