Les années 2000 resteront probablement dans les esprits comme la décennie ayant vu éclore des changements radicaux dans la façon de concevoir et de partager la musique. Une révolution due à l'internet qui offrit aux prétendants une possibilité d'exister en dehors des réseaux traditionnels de distribution, quelquefois pour le meilleur et régulièrement pour le pire. Cette grande démocratisation laissa hélas encore trop de talents dans la marge, exclus des effets de buzz planétaires parfois incompréhensibles. Voici donc quelques chansons méconnues triées sur le volet parmi l'abondance d'excellents artistes ayant vu le jour en ce début de millénaire, un début plus que prometteur.
- Ara Batur Sigur Ros (2007)
Bon, Sigur Ros n'est plus un trésor caché pour grand monde j'en conviens. Je l’espère même. Effectivement, le fabuleux quatuor Islandais a réussi à se forger une réputation très élogieuse auprès de la presse spécialisée ainsi qu'une fidèle base d'admirateurs à travers le monde depuis leurs débuts sur Von en 1997. Les merveilles se sont accumulées depuis : entre autres Vaka, Gong, Hoppippola et la sublime "Ara Batur" donc, époustouflant crescendo de neuf minutes dont l'apothéose vous tirera quelques larmes. - Elephant Gun Beirut (2007)
Beirut alias Zach Condon est un petit prodige. Animé par une insatiable curiosité, celui-ci quitte très jeune son Nouveau-Mexique natal pour aller traîner ses guêtres en Europe, dont il tire de multiples influences pour nourrir sa musique, notamment francophones et balkaniques. Produit de cet éclectisme musical, "Elephant Gun" sort entre deux albums sur un EP de grande qualité 'Lon Gisland", dans lequel se côtoient dans une ambiance de fête des fanfares, des ukulélé ou encore des accordéons. - Oh Mandy Spinto Band (2006)
Il est difficile de se dire que cette merveille de chanson pop soit passée quasiment inaperçue lors de sa sortie en 2006 sur le premier véritable album du groupe The Spinto Band, le bien nommé Nice And Nicely Done. Ce fut pourtant la cruelle réalité pour cette formation du Delaware, qui aurait plutôt mérité un concert de louanges de la part des médias pour nous avoir gratifié de cette perfection mélodique enjouée. Parfois le monde est mal fait. - La Ritournelle Sebastien Tellier (2004)
Chef d’œuvre intemporel du barbu fantasque Sébastien Tellier, "La Ritournelle" est de ces suites d'accord que l'on pourrait écouter à l'infini tellement elle hypnotise. Acclamée par la presse des deux côtés de l'Atlantique et utilisée à de multiples reprises sur le petit comme sur le grand écran, celle ci permit à Sébastien d'acquérir une certaine notoriété et probablement de s'assurer de confortables royalties jusqu'à la fin de ces jours. - John Wayne Gacy Jr Sufjan Stevens (2005)
Mi blagueur mi sérieux, l'américain Sufjan Stevens s'était promis de produire un album pour chacun des états que compte le pays de l'oncle Sam, soit 50 disques au total. Un projet pharaonique commencé avec talent sur Michigan, puis continué avec génie sur Illinoise, véritable coup de maître se hissant sans mal parmi les meilleurs albums de la décennie. L'une des merveilles que comporte ce dernier se nomme "John Wayne Gacy Jr" ; celle-ci évoque de manière frissonnante les forfaits diaboliques perpétrés par l'un des pires serial-killer que l'Amérique ait connu. - In The New Year The Walkmen (2008)
The Walkmen est sans aucun doute l'un des groupes les plus sous-estimés de la dernière décennie. Porté par la voix tonitruante de Hamilton Leithauser, le quintette de New-York consume les planches avec ses compositions à fleur de peau depuis maintenant dix ans, date de la sortie de leur premier album "Everyone Who Pretended To Like Me Is Gone". Six autres galettes suivirent, distillant une musique faite de rage et de romantisme, à l'image de l'intense "In The New Year", qu'il est difficile d'écouter sans être parcouru de frissons. - Would You? Richard Swift (2008)
Doté d'une voix ample et profonde, Richard Swift est capable de titres sauvages et brutaux comme de ballades sensibles et lumineuses. L’enivrant "Would You?" se pose en maître étalon dans la seconde catégorie. Parue sur un EP au tirage confidentiel, "Ground Trouble Jaw", celui-ci rend un hommage vibrant à la Motown des sixties et aux grand représentants du genre que furent les Temptations ou Marvin Gaye . - Penelope Of Montreal (2001)
Comme son nom le laisse deviner, la joyeuse troupe menée par Kevin Barnes Of Montreal est originaire de Montréal. Facile. En revanche, ce qu'il est déjà beaucoup moins facile de percevoir de prime abord c'est que derrière son nom à rallonge bizarre, Coquelicot Asleep In The Poppies : A Variety Of Whimsical Verse cache en réalité l'un des meilleurs albums pop de ce début de millénaire. Ce dernier lorgne très clairement vers la pop psychédélique des 60's qu'il cite abondamment au travers de mélodies inspirées et de textes déjantés. "Penelope" représente dignement cette folie douce, quelque part entre "Bike" des Pink Floyd et "I Am The Walrus" des Beatles. - Sleepyhead Passion Pit (2008)
La carrière de Passion Pit commença avec un fabuleux EP : Chunk Of Change, cadeau de St Valentin de la tête pensante du groupe Michael Angelakos à sa bien aimée. "Sleepyhead" faisait partie de ce petit projet sentimental aux côtés de cinq autres chansons éblouissantes parmi lesquelles "Cuddle Fuddle" ou "I've Got Your Number". Rapidement repérés par Columbia Records, les membres signèrent par la suite deux albums sur le label qui, curieusement et quoique bons, n'atteignirent jamais la pureté d'inspiration et le brio entrevus sur la première parution de la formation. - Ottoman Vampire Weekend (2008)
Mystère qui reste entier à ce jour, "Ottoman", qui est l'une des toutes meilleures chansons du groupe de pop Vampire Weekend, ne figure pourtant sur aucun des deux albums sortis par les jeunes américains à ce jour : Vampire Weekend en 2008 et Contra en 2010. Un oubli dommageable tant cette petite symphonie de poche représente au mieux la pop érudite et sophistiquée que propose avec bonheur Ezra Koenig et sa bande depuis quelques années. - How It Ends Devotchka (2004)
"How it ends" est plus connue sous sa forme purement instrumentale, celle que l'on peut entendre dans de nombreux documentaires et qui accompagna également à merveille les pérégrinations d'Olive et de sa famille farfelue dans "Little Miss Sunshine". Déjà formidable dans cette version sans paroles, celle-ci vaut également son pesant de cacahuètes accompagné du chant de Nick Urata, leader du groupe du Colorado. - Weeping Willow Sebastien Schuller (2005)
Le premier album de Sébastien Schuller sorti en 2005 s'appelait Happiness, bonheur, un titre bien ironique et en décalage complet avec la musique dont nous gratifie le parisien sur son disque. Spleen eut été beaucoup plus approprié tant les magistrales chansons électropop composant l'opus transpirent d'une mélancolie voire d'une tristesse évidentes, tel l’envoûtant "Weeping Willow". - Parachute Ending Birdy Nam Nam (2009)
La scène électro hexagonale n'a rien à envier à personne depuis l'essor prit notamment grâce au mouvement de la french touch amorcé au milieu des 90's. L'une des dernières sensations françaises en date se nomme Birdy Nam Nam. Sans atteindre les sommets de popularité atteints par Daft Punk ou Justice, ces parisiens jouissent d'une réputation grandissante dans la sphère de l'électro depuis leur titre de champion du monde de DJ en 2002. - Do you Read Me Ghinzu (2009)
Un morceau qui prouve s'il en était besoin que le rock belge, c'est pas de la blague. Apres un premier album auto-produit et plutôt confidentiel, Electronic Jacuzzi, les fines lames d'outre-Quiévrain passèrent à la vitesse supérieure grâce au disque Blow avec "Do You Read Me?", morceau fiévreux et enragé qui contribua grandement à leur assurer une renommée en Europe, notamment en France et en Allemagne, ou les fantasques belges jouissent d'une réputation scénique élogieuse jamais démentie depuis. - Where O Where A François Virot (2008)
François Virot est un batteur chevronné et un chanteur laborieux. Pire encore que Ringo Starr. Et malgré ça le talentueux lyonnais délivre des chansons hyper attachantes et obsédantes que l'on peut découvrir sur son unique album solo à ce jour, Yes or No, un sortilège de naïveté et d'innocence entièrement joué à la guitare acoustique (qu'il joue aussi de manière basique) et dans lequel François sonne comme un Animal Collective débranché à lui tout seul.
source : Trésors cachés des 2000's (Partie 1) et (Partie 2)