Aujourd’hui encore, les clichés ne faiblissent pas et les stéréotypes de genre continuent d’avoir la vie dure. On les perpétue consciemment, parfois inconsciemment, et sans forcément y réfléchir. Et pourtant, certains de ces stéréotypes sont très récents et à l’opposé des pratiques sociales d’antan si on jette un œil quelques décennies (voire quelques siècles) en arrière.
Le rose n'a pas toujours été "la couleur des filles"
Si le traditionnel modèle du bleu pour les garçons et du rose pour les filles est un peu dépassé aujourd’hui et se voit de plus en plus remis en question, il reste une référence marketing dont on a du mal à nous défaire. Et pourtant le rose n’a pas toujours été la couleur des filles, au contraire, les vêtements pour enfants deviennent genrés seulement depuis les années 40. Et le rose était davantage considéré comme une couleur forte à l’image de la virilité masculine. Comme quoi.
Les robes, c'était pour tout le monde
Eh ouais les cocos, le concept de féminité avec la robe et tout le tintouin n’existe pas avant la Renaissance. Et jusque-là les enfants, filles comme garçons, portaient les mêmes vêtements jusqu’à l’âge de 6 ans (leur première communion) ce qui permettaient de changer leurs couches plus facilement.
Les larmes n'ont pas toujours été l'apanage du féminin
Outre le fait que l’expression « pleurer comme une fillette » soit franchement une expression de demeuré misogyne, la facilité à pleurer est globalement considérée comme un trait de caractère plus courant chez les femmes que chez les hommes. C’est pas pour rien qu’on les dit plus émotives, plus douces et sensibles. Même si c’est totalement faux. C’est un stéréotype, donc il n’est pas là pour dire la vérité. Par exemple, durant la Grèce Antique, les larmes étaient au contraire considérées comme une preuve de virilité, les hommes se devaient même de pleurer quand l’honneur de leur famille était en jeu. Et cela s’est poursuivi au fil des siècle, même au XIXème, pleurer était vu comme une preuve d’honnêteté.
Distinguer un espace dédié à la femme et un à l'homme est nouveau
Je m’explique. Quand on parle d' »espaces », c’est en l’occurrence le stéréotype selon lequel la femme serait rattachée à la cuisine et aux affaire ménagères et l’homme au travail. Un stéréotype que l’on combat aujourd’hui en décloisonnant justement ce modèle patriarcal qui est en fin de compte assez récent puisqu’il date de la Révolution Industrielle. Il faut bien comprendre qu’avant que le père de famille n’aille à la mine, il était largement capable de changer les couches de son enfant et ne se faisait pas féliciter par qui que ce soit quand il le faisait. Il le faisait point final, sinon l’enfant mourait. C’est en fait à cette époque que le concept de mère au foyer est né avec son lot de clichés et des années de combat à livrer pour casser ce modèle.
On n'a pas toujours pensé que les filles étaient chiantes pendant leurs règles
Ah le fameux syndrome pré-menstruel, période de mystère sur laquelle on projette tant de fantasmes. Certes, ce fameux syndrome existe et peut se manifester par de violentes douleurs qui influent naturellement sur l’humeur. Mais d’une part, toutes les filles ne sont pas concernées, d’autres part il est stupide de réduire schématiquement cette croyance à ceci : règles = meufs casse-couille. Enfin, si l’on fait un petit tour en Grèce Antique, on estimait alors que le seul remède aux humeurs des femmes durant leurs règles étaient d’avoir des rapports sexuels afin de replacer l’utérus au bon endroit (bon on était pas encore au top question biologie). En fait ce qui pose problème dans tout ça, c’est qu’on nous pousse dès notre plus jeune âge à croire que les femmes sont chiantes durant leurs règles et cette croyance a fini par se concrétiser comme une prophétie auto-réalisatrice. Malheur.
L'Histoire se moque gravos des actuels stéréotypes sur les gays
De quoi on parle quand on parle de masculinité ou de féminité ? A quoi se résume ces constructions du genre ? On ne va pas ici résumer en deux lignes la pensée de Judith Butler, mais si vous vous interrogez sur la question du genre je vous recommande vivement de lire Trouble dans le genre. Les gays donc, puisque que c’est d’eux qu’il s’agit, sont souvent stigmatisés pour leur comportement non-hétéros qu’on caricature par un ensemble de goûts, de gestes, de manières de parler. Bref pour faire simple et con, on accuse les gays de ne pas se comporter comme des hommes, des vrais. Pas des femmelettes kwa. Or, il va sans dire que la virilité présumée des hommes d’aujourd’hui n’a pas toujours été ainsi et que la féminité qu’on reproche aux gays a bien longtemps été en soi une manière virile de se comporter. On peut à ce propos retenir que la bisexualité était monnaie courante durant la Renaissance.
Les femmes maculines n'ont pas toujours été vues comme des garçons manqués
Si par exemple on fait un tour dans les années 30, les filles au comportement très masculin (celles qui faisaient du sport, ou se comportaient comme des garçons manqués) étaient totalement hétérosexuelles et très sexualisées comme des « minettes » (bon, il faut dire que si elles étaient lesbiennes, elles ne risquaient pas de le déclarer ouvertement à l’époque).
Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus
Eh bien non, encore un stéréotype bien rude et totalement erroné puisque les hommes comme les femmes viendraient en fait de la même planète qui se trouve être la Terre. Contrairement à une pensée commune, ils ne seraient donc pas ces reptiliens présumés. Mais ça, personne ne veut l’admettre.