Le 6 juin 1944, la mode est au kaki sur les plages normandes. Au petit matin, ce sont près de 150 000 soldats des forces alliées qui débarquent et partent à l’assaut des positions allemandes. L’opération Neptune est lancée et restera dans l’histoire comme le plus grand débarquement de l’histoire, même si cette dernière lui préférera à tord le nom d’opération Overlord. Aujourd’hui plus paisible, la côte de Nacre garde les stigmates de cette interminable journée qui aura marqué les corps autant que les esprits.
La plage d’Utah Beach
C’est là que les Américains ont foulé pour la première fois les plages normandes, avec un comité d’accueil à la hauteur de l’événement. Des dizaines de blockhaus furent bombardés au petit matin du 6 juin 44 par les forces alliées afin de « nettoyer » les côtes en vue des premières vagues du débarquement. A la fin de cette journée d’histoire, 23250 hommes et 1700 véhicules avaient été débarqués sur la plage de la Madeleine, lui donnant pour la postérité le surnom d’Utah Beach.
La plage d’Omaha Beach
La plage de 5,9 km de long est encaissée entre des falaises hautes d’une trentaine de mètres. Un vrai traquenard pour un débarquement. Pourtant, c’est bien là que deux divisions d’infanterie américaines, accompagnées de deux bataillons de commandos Rangers décidèrent de passer en force aux premières heures d’un jour qui deviendra le plus long. L’opération mal embarquée frôla même le désastre. Les 2 premières vagues furent décimées sur place et il fallut de longues heures de combats acharnés pour que les troupes atteignent enfin les positions allemandes. Omaha Beach représente ainsi à elle seule 30 % des pertes du 6 juin 44. Le cimetière américain voisin est là pour nous rappeler leur sacrifice.
Le cimetière américain de Colleville-sur-Mer
Le cimetière et ses 9387 tombes de soldats morts au combat (dont seulement 4 femmes) surplombe le théâtre d’Omaha Beach, un petit sentier permet d’ailleurs de s’y rendre. L’image de ces alignements de croix blanches dressées sur une pelouse californienne est devenue avec le temps, un élément de la culture populaire. Il n’y a pas en effet que dans le film de Spielberg Il faut sauver le soldat Ryan que le cimetière de Colleville-sur-mer apparaît, il sert également de décor en 1986 à la pochette de l’album « Master of Puppets » de ces chevelus de Metallica !
La Pointe du Hoc
Ce fut un peu le donjon de la forteresse allemande ce 6 juin 44. Perchée à 30 mètres de hauteur, la pointe du Hoc était alors fortifiée et les alliés craignaient qu’elle fut équipée de pièces d’artillerie lourde. Il fut décidé d’éliminer au plus vite cette menace. Une mission confiée au 2e bataillon de Rangers de l’armée américaine qui parvint à prendre le contrôle du site au prix de lourdes pertes (115 hommes sur 225 furent tués ou grièvement blessés), et constata que l’artillerie supposée avait été déplacée quelques jours auparavant. L’assaut fut notamment restitué dans le film Le Jour le plus long sorti en 1962, et dans le jeu Call of Duty 2 sorti en 2005 sur consoles et PC. Et si vous préférez découvrir les lieux par vous-même, la pointe du Hoc est en accès libre et permet de se balader entre les vestiges du poste de direction et les bunkers.
Juno Beach et Gold Beach
Ce sont les deux des cinq plages du débarquement les plus imposantes, à défaut d’être les plus connues. Sans doute parce que l’histoire ne retient souvent qu’un seul héros et que ce jour-là, ce sont les Américains qui héritèrent de ce rôle. Juno Beach, envahie par les Canadiens et Gold Beach par les Britanniques n’ont pas eu droit aux mêmes feux des projecteurs, mais n’en méritent pas moins le détour. Un parc a ainsi été aménagé autour des vestiges des défenses du Mur de l’Atlantique et peut se parcourir librement ou accompagné de guides canadiens qui nous plongent dans l’histoire des lieux.
La plage de Sword Beach
C’est sur cette plage de 8km située entre Ouistreham et Saint-Aubin-sur-Mer que les Anglais ont débarqué le 6 juin 1944. Mais pas que… 177 Français dirigés par le Commandant Kieffer furent également de la partie. Habillés de l’uniforme britannique, d’un béret vert et d’un bandeau France autour du bras, ils furent longtemps considérés comme les seuls soldats français à avoir participé au débarquement. En réalité, ils furent 3051, paras, commandos, marins et aviateurs à se joindre aux forces alliés sur les plages et dans les terres. A ce titre, Sword Beach fait partie de leur histoire, et de la nôtre aussi.
La batterie allemande de Longues-sur-Mer
Ce fut un des ouvrages majeurs de la ligne de défense côtière allemande lors du débarquement. La batterie comprenait 4 canons de marine de 150 mm capables d’atteindre des navires au large comme les plages d’Omaha et de Gold Beach. Longtemps bombardée dès le 05 juin, elle fut prise deux jours plus tard par le 2e régiment britannique du Devonshire. Aujourd’hui encore, ses bunkers sont pris d’assaut, mais par des touristes. 500 000 visiteurs s’y pressent chaque année pour visiter les lieux criblés d’impacts de balles et pourtant étonnamment bien conservés au vu de l’Armageddon qui lui est tombé dessus il y a 76 ans.
Le cimetière allemand à La Cambe
21 222 soldats allemands reposent ici. Ils étaient l’ennemi, même si du haut de leurs 20 ans, beaucoup, comme ceux d’en face, étaient alors des innocents, présents au mauvais endroit, au mauvais moment. C’est dans ce cimetière que depuis 1954, date de leur regroupement, ils reposent enfin en paix.
Le village de Sainte-Mer-Eglise
Dans la nuit du 6 juin 44, les habitants de Sainte-Mer-Eglise ont bien cru que le ciel leur tombait sur la tête. En réalité, seule une trentaine de parachutistes américains descendirent des cieux sur la commune sous les tirs allemands. Parmi eux, John Steel resté accroché au clocher de l’église pendant l’assaut, fut fait prisonnier puis libéré par ses petits camarades. Une reproduction de l’événement sur la façade du bâtiment rappelle aux curieux de passage cette anecdote rendue célèbre par le film « Le Jour le plus Long ».
Le port artificiel d’Arromanches
La victoire alliée de 45 n’est pas seulement militaire, elle est aussi logistique. L’approvisionnement des troupes est alors assurée par les Britanniques qui imaginent une jetée artificielle capable de monter et descendre en fonction des marées et de permettre aux navires de décharger ravitaillement et armement. Dès le 7 juin, lendemain de la libération d’Arromanches, les premiers bateaux sont coulés pour servir de base à la construction des futurs ponts. Le 8, les premiers caissons PHOENIX (digues en béton armé) sont immergés, le 14 enfin, les déchargements commencent. Chaque jour, pendant des semaines, 18 000 tonnes de marchandises seront ainsi débarquées afin de ravitailler les troupes. Les vestiges du port artificiel sont encore visibles à Arromanches et quelques dizaines de caissons PHOENIX continuent d’y assurer un plan d’eau calme et abrité.
Et pour en savoir plus, vous pourrez aussi découvrir les histoires dingues liées au débarquement.