Après avoir passé un semestre entier à repousser toujours plus loin les limites du coma éthylique et à n'avoir fréquenté les bancs de la fac que deux heures par semaine (ne mens pas, on t'a vu), l'heure du jugement dernier est arrivée avec celle de tes partiels. Même si tu t'es répété cent fois au cours des six derniers mois que "travailler c'est pour les sous-doués", tu as désormais quelques doutes sur ta réussite universitaire. Voici donc quelques signes infaillibles qui prouvent que tu n'auras pas tes partiels : quoi qu'il en soit, n'oublie pas que l'important, c'est de participer.
- Tu révises tes examens sur Vikidia, l'encyclopédie des 7-13 ans
Cela ne te sera d'aucune aide pour ton partiel de droit administratif, mais tu as compris comment faire les soustractions - et ça, ça n'a pas de prix. - Tu es beaucoup trop saoul pour aller de ton lit à ta fac
Tu te promets toutes les semaines d'arrêter l'alcool, mais tu finis régulièrement par abreuver les trottoirs des restes de ton dernier repas en dansant le Gangnam style. Si ton foie avait une voix, il te dirait "fais pas ça, Johnny" d’un ton suppliant à chaque fois que tu approches d'un bar. - Un petit écosystème s'est développé sur tes livres
Un soir d'ébriété, tu t'es servi de la 149ème édition des "Grands Arrêts de la Jurisprudence Administrative" pour colmater la fuite de ton lavabo. Depuis, l'auguste ouvrage bouge tout seul, colonisé par une famille d'asticots auxquels tu as donné des noms, et dont tu ne voudrais troubler la quiétude pour rien au monde. - Tu n’as pas pris un seul cours de l’année, et tu en es plutôt fier
Pour avoir des cours à réviser, tu aurais dû aller en cours. Manque de chance, un fâcheux imprévu (championnat de pèche à la mouche diffusé dans ton bar préféré, cancer de l'ongle du gros orteil, Motus à la télé, procrastination maladive...) t'a toujours empêché d'accomplir ce noble dessein. C'est ballot. - Ta belle-mère mère te l'a dit
Et ta belle-mère a toujours eu raison, malheureusement. La bougresse avait même prédit la mort de René Coty, c'est dire. - Tu lorgnes déjà sur les annonces du pôle emploi, comme ça, on ne sait jamais
Tu sens que tu pourrais avoir besoin d'une porte de sortie, et tu dis "autant entrer dans la vie professionnelle tout de suite hein". En fait tu pars battu, ta belle-mère a raison, tu n'arriveras à rien. - La dernière fois que tu as travaillé un peu, tu avais quatorze ans, de l’acné, et de l’espoir
À l'époque, la chose était déjà si rare que ta mère t'avait photographié et accroché son cliché dans le salon. Ça ne t'avait pas empêché de foirer ton brevet. - Tu ne sais même pas ce que veut dire "exactement" l'intitulé de certains de tes cours
Tu crois que ton cours d'"Épistémologie des sciences humaines" cause d'agriculture et que ton partiel d'Historiographie parle de graphologie. Tu es manifestement dans la mouise, mon bon ami. - Dans ta promo, on t'appelle "le fantôme"
Certaines personnes remettent même en cause ton existence, et cette dernière suscite une vive controverse : au fond, tu es un peu comme Jésus, sauf que tu ne subjugues pas les foules et que la seule chose que tu multiplies c'est les rattrapages. Bravo le veau. - Tes partiels sont en fait déjà passés, et tu ne t'es rendu compte de rien
Ces dernières semaines, tu t'es étonné du sérieux de Jean-Kévin, ton meilleur ami : alors que ce dernier est capable d'ingurgiter son propre poids en cervoise, il a déserté le zinc pour la BU, et commence désormais toutes ses phrases par "nonobstant". Voilà qui aurait dû te mettre la puce à l'oreille - il aura ses partiels, lui.
Alors, prêt pour les rattrapages ?