Quelques grammes de finesse dans un monde de brutes... Complexés qu'ils sont par leur image de gros patauds, les métalleux se fendent fréquemment d'une petite incursion dans la musique classique, histoire qu'on sache qu'en matière de musicalité, ils ont leur mot à dire. C'est parfois réussi, parfois risible. Petit tour d'horizon totalement subjectif.
- Accept - Metal Heart : Tchaikovsky au début, Beethoven au milieu et à la fin. Ca change de la voix d'Udo Dirkscheider (à vos souhaits), excellent imitateur de Donald Duck sur l'ensemble de ses disques. Ce n'est pas très technique, donc ça déçoit les afficionaodos de la note en cascade, mais Wolf Hoffman a le mérite de faire dans la chantilly sans écoeurer pour autant. Il a d'ailleurs commis un album consacré aux reprises de classique à la guitare quelques années après.
- Patrick Rondat - Vivaldi Tribute, sur l'album Amphibia (produit par Jean-Michel Jarre) : Un passage de l'Eté des Quatre Saisons. La lamborghini de la guitare française y prouve s'il était besoin que Vivaldi était un précurseur du Top 50. Mais en plus vite.
- Mekong Delta - Night On a Bare Mountain, sur l'album Dances of Death (and other walking shadows) : C'était la première fois que le groupe reprenait du Moussorgsky, et ce n'était pas la dernière. Leur Nuit sur le Mont Chauve a ravi les amateurs de death metal, dont tous n'ont d'ailleurs pas sur l'origine du morceau. Mekong Delta est un groupe un peu difficile à suivre, à géométrie variable, avec une forte propension à la démonstration de technicité un peu vaine, mais on peut leur reconnaître d'avoir les moyens de leur prétention.
- Savatage - Prelude To Madness, sur l'album Hall of The Mountain King : Quand Savatage faisait du heavy à tendance lyrique, ils étaient tout à fait crédibles. Les quelques incursions dans le classique l'étaient un peu moins, surtout quand Jon Oliva a eu l'idée saugrenue de créer le Trans-Siberian Orchestra (y sont passés Orff, Bach, Tchaikovsky et j'en passe). Alors plutôt que les pathéitiques adaptations figurant sur Dead Winter Dead (Bach et Mozart), on préférera porter son oreille sur leur adaptation de Grieg, péchue, grandiloquente et suivie d'un des classiques du groupe sur scène.
- Rainbow - Difficult to Cure : L'hymne à la joie revue par Ritchie Blackmore. Le son a pas mal vieilli (oui, Ritchie aussi, c'est vrai). Mais ce morceau prouve à l'évidence que si Beethoven avait vécu au XXème siècle, il aurait écrit pour la Stratocaster. A ranger dans le casier "c'est grotesque mais j'aodre". A noter que l'ultime formation de Ranibow, dans les année 90, a également repris l'Antre du Roi de la Montagne, comme Savatage, mais en lui collant des paroles, bien fichu mais un peu soporifique quand même.
- Tony Macalpine - Etude 4 Op.10, sur l'album Maximum Security : On pourra objecter que cette reprise de Chopin est au piano, sans guitare ni percussion, fidèle à la partition. Certes. Mais le piano joué comme ça, on peut considérer ça comme du metal. Et puis si on veut vraiment de l'électrique, Chopin fait son retour sur le dernier titre de l'album, dégoulinant à souhait.
- Armored Saint - March of the Saint : La Grande Porte de Kiev de Moussourgsky en prélude à un titre juste bourrin comme il faut, c'est tout simplement parfait. L'occasion également d'entendre les premiers époumonnages de John Bush, excellent chanteur que le groupe est ravi d'avoir retrouvé après qu'Anthrax l'ait gâché pendant quelques années.
- Angra - Angels Cry : la reprise d'un caprice de Paganini y est assez brève, mais elle est un des bons moments de l'album. Plus loin, le groupe prouve qu'il est tout à fait capable de massacrer Kate Bush . Quelle drôle d'idée...
- Therion - O Fortuna : l'ensemble de la discographie de ce groupe est plutôt pitoyable, mais leur effort pour adapter Carl Orff est sympathique. Et puis de toute façon, un groupe qui embauche un ancien chanteur de Candlemass ne peut pas être foncièrement mauvais, non ? Si ? Ah bon.
- Yngwie Malmsteen - Icarus' Dream Suite Op. 4 : pour en finir avec la Suède et ce top, le Cavallino Rampante de la six-cordes. Il adapte au début de ce titre l'adagio de Remo Giazotto, dit d'Albinoni. C'était le premier album du gratteux caractériel et un peu alcoolique, qui a le grand mérite de savoir composer, et qui a le grand tort d'être paresseux quand il s'y adonne. Dommage qu'il joue aussi. Cette pièce devrait être présentée dans les écoles de guitare comme modèle du rajout intempestif de notes là où ce n'est pas nécessaire. Ce n'est pas le moindre défaut du viking.
Top écrit par zarton