La france, pays des droits de l’homme : ça résume bien la situation. La langue française est truffée de règles sexistes. En 1767, dans sa grammaire générale, Nicolas Beauzée écrivait que « le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle« . Bon, c’était en 1767, mais on est encore censé dire Madame le Président. Enfin de toute façon on n’est pas près d’avoir une femme présidente.
Le masculin l'emporte sur le féminin
Le bureau, la table, la télévision, la Nissan Navara, la maison et la cuisine étaient neufs. Cette phrase qui ne veut rien dire prouve quand même que le masculin est ultra balèze puisqu’un simple truc masculin est capable d’orienter l’accord des cinquante mille autres trucs féminins qui y sont accolés. Autrefois – plus logique – on accordait avec le dernier élément en cas d’énumération, mais je vous renvoie à la citation sur la noblesse du masculin.
Les noms des métiers sont maxi genrés
Le pompier, la caissière, le président et la secrétaire. N’essayez pas, c’est l’imaginaire collectif. Tous les métiers qui sous-entendent de la force ou de la capacité de décision sont pensés au masculin ; tous les métiers moins cotés s’écrivent au féminin. Remarquez que je préfère quand même être une secrétaire qu’un secrétaire, parce que je n’aimerais pas du tout être un objet ringard dont plus personne ne se sert depuis qu’il y a des ordinateurs.
Le mot femme en lui-même est sexiste
Si on prend du recul une seconde, on se rend compte que l’expression « ma femme » devrait nous renvoyer à une image d’homo sapiens en slip de loup en train de tirer une nana en pagne de mammouth par les cheveux, et non pas à l’idée d’un appartement lambda avec des gens mariés. En plus, les filles qui disent « mon homme » mettent tout le monde mal à l’aise. Le mieux serait donc de supprimer les deux expressions et de faire comme en anglais, où on dit wife.
Plein de mots ont été masculinisés ou féminisés en lien avec leur sens
Il fut un temps où l’on parlait d’une serpent, de la poison et d’une honneur. Mais vous voyez, ça ne collait pas : l’honneur c’est quand même un truc de mecs. En revanche, les images et les ombres ont viré féminin, sans doute parce que c’est si mystérieux comme les femmes, trop mystérieuses les femmes. Au secours. Plutôt que de reféminiser ou de remasculiniser, je propose d’arrêter de parler d’honneur à la con et d’images soi-disant mystérieuses et pseudo-poétiques.
Le e est une lettre de merde
On se demande pourquoi on a choisi le e pour remplacer la terminaison latine en a des mots de genre féminin. Une explication serait que le e et le a se ressemblent vachement, mais quand on y pense, la voyelle e, c’est vraiment la moins bien. Prononcez plein de e pour voir à quel point c’est nul. Maintenant prononcez plein de a ou de o ou de i : ah tiens, vous riez.
La plupart des insultes font référence à la sexualité féminine
On se fait plutôt traiter de con que de bite, de connard que de pinard, de salope que de gigolo et, quand on se fait traiter d’enculé, on bascule dans l’homophobie. Le patrimoine des insultes françaises ne contient que des termes visant à dire à l’autre qu’il n’est qu’une merde puisqu’il a des attributs féminins.
On n'est pas encore débarrassé de mademoiselle
Malgré la réforme de 2012 visant à éradiquer la mention mademoiselle des formulaires administratifs, le mot a encore la vie dure, surtout chez les vieux. Le terme mademoiselle vise quand même, au départ, à pouvoir informer tout le monde de l’état de l’hymen d’une fille, rien qu’en l’interpellant. Sa dérive vers le « hey mademoiselle t’es bonne » était prévisible dès le départ. Le ver était dans le fruit.
Le mot homme n'est pas neutre
À l’inverse du mot femme, dont le champ lexical est sexiste, le mot homme possède des acceptions englobantes et valorisées. « 50% des hommes sont des femmes », entend-on souvent. C’est quand même marrant de considérer l’humanité comme un truc qui se résume aux hommes. Ça revient à ne parler que du chou dans la choucroute aux fruits de mer, ce qui est vraiment détestable envers les crustacés.
Les suffixes féminins sont péjoratifs
Lopette, femmelette, flicaille… Vous voyez le tableau. La plupart des suffixes féminins (-ette, -aille, -euse), surtout quand ils s’appliquent à des noms originellement masculins (coureuse, gagneuse, garce), ont une portée dévalorisante et visent directement la vertu. Le même truc marche, plus rarement, au masculin : une fille, un Fillon.
On rigole on rigole, mais ce n’est pas anecdotique. Benjamin Whorf a notamment mis en avant l’idée selon laquelle le langage n’est pas le produit de nos pensées, mais qu’il les conditionne. Des études prouvent que les entreprises implantées en France et dont le pays d’origine s’organise autour d’une langue moins sexiste disposent de plus de femmes dans leur conseil d’administration.