Tim Laurence est chercheur en sociologie et spécialisé dans la sociologie des prénoms. Après avoir réalisé une étude sur les prénoms les plus représentés chez les maires de France, il a suivi de près la répartition des prénoms et leur corrélation à une classe sociale dans les listes d’admissions de cinq grandes écoles (Polytechnique, l’ENA, l’ENS et les IEP de Paris et de province). Sans surprise, on trouve très peu de prénoms arabes ou anglophones dans la liste, signe d’un biais social évident à l’admission. Nous vous invitons à le suivre sur son compte Twitter, @TimSocio.
Antoine
Antoine fait partie des 10 prénoms les plus représentés dans l’ensemble des listes d’admissions des grandes écoles étudiées par Tim Laurence (IEP Paris et province, ENS, ENA et X). C’est même le prénom number 1 représenté à Polytechnique. Il y’a une forme de biais puisque le prénom Antoine a été fréquemment donné par les parents entre 95 et 99 ; toutefois, il correspond aussi à une classe sociale plutôt aisée.
Et ceci malgré l’existence d’Antoine Duléry.
Camille
On parle du prénom féminin. Camille est dans le top 10 de trois des cinq grandes écoles étudiées, à savoir les IEP de Paris et de province et l’ENS. A croire que Camille a été encouragée à avoir un profil plutôt littéraire.
Et ceci, malgré l’existence de Camille Lellouche.
Marie
Même combat que pour Camille, avec qui Marie est probablement pote : elle a toutes ses chances d’être admise dans un IEP ou à l’ENS. Mais le prénom Marie a été fréquemment donné entre 95 et 99, ce qui explique aussi le résultat.
Et ceci, malgré l’existence du film Mary à tout prix.
Nicolas
Alors que le prénom Nicolas a plutôt reflué depuis les années 70/80 (seuls 15.000 Nicolas sont nés entre 95 et 99), il est surreprésenté dans les listes d’admission de Polytechnique, de l’ENS et de l’ENA. Autant vous dire que Nicolas a toutes les chances de terminer ministre.
Et ceci, malgré l’existence du Petit Nicolas.
Pierre
Pierre, Pierrot comme on ne l’appelle pas parce qu’il se la pète un peu, c’est le pote de Nicolas. Lui aussi a une chance importante d’être reçu à Polytechnique, à l’ENS ou à l’ENA et de devenir la fine fleur de la nation invitée au dîner du CRIF et tout le toutim.
ET ceci, malgré l’existence de Pierre Ménès.
Guillaume
Ils sont inséparables, ces trois-là : Guillaume, lui aussi, a été reçu à l’X, à l’ENS et à l’ENA. Par contre, il n’est que le 46ème prénom le plus porté par les admis à Sciences Po Paris. Désolé, Guillaume, t’as foiré ton analyse de documents.
Et ceci, malgré l’existence de Guillaume le Mauvais (qui était roi de Sicile).
Clément
Surreprésenté à Polytechnique et à l’ENA, le prénom Clément parachève de prouver un autre biais, celui du genre : dans ces deux écoles, la surreprésentation des hommes par rapport aux femmes est frappante. A l’X, les 10 prénoms les plus représentés sont masculins ; à l’ENA, seul le prénom féminin Cécile apparaît dans le top 10 des prénoms les plus représentés chez les admissibles. Elle doit se sentir seule, Cécé.
Et ceci, malgré le fait qu’il n’existe aucun Clément connu.
Alexandre
Alex a le choix entre entrer à l’X ou dans un IEP de province. Si j’étais lui, je choisirais Polytechnique. Une intuition, comme ça.
Et ceci, malgré l’existence d’Alexandre le Grand (qui se la pétait un peu).
Paul
Paul Poul, lui, est tout à la fois cité dans le top 10 des prénoms le plus représentés chez les admis à l’ENS et à l’X. Il a qu’à faire les deux. En même temps. Pour voir s’il va longtemps faire son malin, le mec.
Et ceci, malgré l’existence de Pol Pot, un mec pas sympa.
Juliette
Juliette, elle, choisira entre partir à Paris pour intégrer Sciences Po ou aller dans un IEP de province. Je ne saurais que trop lui conseiller d’aller dans un IEP de province – les gens s’y croient moins.
Et ceci, malgré l’existence de Roméo & Juliette, une pièce qui a clairement flingué le charisme de ces deux prénoms.
Plus d’info en suivant Tim Laurence sur Twitter : @TimSocio