Ah le petit vin blanc qu’on boit sous les tonnelles : nappe Vichy en papier, le mobilier en bois. Tapons nous, tapons nous la cloche. Voyons qu’est-ce que je vais prendre ? Une bavette, un tartare, j’hésite. Et toi ? Un jambonneau et des oeufs mimosa ? Parfois j’oublie que tu as 80 ans, Christian.

Le jambonneau

Prendre un jambonneau au restaurant, c’est comme choisir de regarder Derrick quand Scarlett Johansson « s’ennuie » dans le lit.

La tête de veau

A qui associe-t-on la tête de veau ? A Chirac ? Quel âge a Chirac ? 83. CQFD.

La glace rhum raisin

Chic ! Une glace. Ah ! Rhum raisin. La glace rhum raisin représente une fausse joie équivalente à celle découlant d’une erreur sur la liste des admis à un concours: après vérification, vous n’êtes pas reçus.

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Il n'a pas souffert, promis

La langue de porc sauce gribiche

La langue de porc est une langue qui appartenait à feu un cochon. Seul quelqu’un qui a connu la grande famine de 1693 peut accepter de manger ça.

Les quenelles

Avant d’être récupérée par un ex-humoriste bien connu des services judiciaires, la quenelle était un mélange de pâte et de viande ou de brochet super amer et très prisé par les cantines. L’odeur est insupportable et pourrait même vous gâcher votre rumsteack frites. Faites croire à papy qu’il confond quenelle et cannelle, sur la carte.

La tourte

On peut mettre tout et n’importe quoi dans une tourte, et en plus ça peut même être bon. Mais le seul fait de commander « une tourte » crée une sorte de vague à l’âme immense, blues couleur pâte feuilletée, le spleen, quoi.

Les oeufs mimosa

Question: peut-on seulement imaginer commander des oeufs mimosa sans avoir une voix chevrottante ? Des oeueufs mimosaaaaa, je veux des oeueufs mimosaaaaa ! Réponses: non. Par contre, trop hâte d’être vieux, parce que les oeufs mimosa c’est maxi plaisir.

Les rognons

L’expression: « Tu me bouffes les reins avec tes questions » n’est plus guère utilisée que par les gens morts. Logique, puisque seuls les gens morts commandent des rognons au restaurant. Oui, parce que les rognons, ce sont les reins.

Le pâté de tête

7 ans: « Cool, chez mamie on va pouvoir se faire un bon pâté de tête ! »

45 ans: « Docteur, je ne me rendais pas compte de ce que je mangeais, vous comprenez, j’étais toute petite…. Si j’avais su que, toutes les nuits, pendant toutes ces années, je rêverais de tranches de pâté de tête essayant de me violer, je n’en aurais pas repris trois fois. »

Le citron frappé

Complètement frappé, le citron ! Complètement gaga ! L’éclate ! C’est qui qui va se prendre le plus dingo des desserts ? C’est poupère ! Et oui, et je vais même manger l’écorce.

Trouvable essentiellement dans les restaurants chinois.

Le pied de cochon

Si l’on parle de langue de porc, on évoque plus volontiers de pied de cochon. C’est bien un truc de pauvres, ça, de se faire croire qu’on mange varié alors qu’en réalité on se contente de bouffer toutes les parties de la même pauvre bête qui n’a rien demandé si ce n’est un peu de respect, c’est sensible un cochon, ça n’aime pas qu’on mange ses pieds, par exemple.

Les poireaux vinaigrette

« Tiens, je vais prendre les poireaux vinaigrette » est une phrase qui veut en réalité dire : « Depuis que j’ai mon dentier, tu sais, je ne peux plus me permettre de profiter de la vie comme avant, je suis condamné à bouffer des trucs tristes, d’ailleurs, tout est triste dans ma vie, si tu savais ce que ça fait que de se pisser dessus toute la journée, de plus pouvoir bander et de se faire un tour de reins à chaque fois qu’on essaie de ramasser ses lunettes, si je pouvais te raconter tout ça, si j’avais le temps, mais en plus la mort se rapproche. »

Les endives au jambon

Les parents préparent des endives au jambon. Ils doivent donc aimer ça, puisqu’ils en préparent. Or, les parents sont vieux. Les enfants détestent les endives au jambon. Les enfants sont jeunes. Le lien de causalité me paraît évident.

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Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

Le cervelas

Au moment où l’on a interdit l’utilisation de la cervelle dans la préparation du cervelas, il aurait été pertinent de réunir les autorités compétentes afin d’en profiter pour changer le nom du plat. Résultat, c’est la honte absolu et le sentiment que son propre plat sera gâché par la présence du cervelas à table qui prédominent lorsque papi commande sa saucisse.

Les fritons de canard

Tout le monde bouffe des rillettes et du pâté, mais les vieux préfèrent les fritons. Globalement, c’est la même chose, une bouillabaisse de parties non identifiées des animaux baignées dans une bonne dose d’épice et de sel. Mais, à la différence de ses proches cousins, le friton dégoûte, rien que par son nom.

La poule au riz

Genre de blanquette en moins bon, la poule au riz a gagné toutes les compétitions de 1-2-3 Tristesse organisées par le guide Michelin depuis 1888.

La soupe de cresson

On fait des soupes de plein de choses. Soupe poireaux pomme de terre, de tomates, aux champignons, velouté thaï au épices orientales, vermicelles, etc. La soupe de cresson n’a aucun intérêt, sinon d’y rajouter du sel, et de débattre de la manière de prononcer creusson ou crésson (comme Edith, que vous ne devez sûrement pas connaître si vous avez moins de 100 ans).

L'île flottante

Alors résumons la carte: moelleux au chocolat, pain perdu au caramel fleur de sel, pana cotta aux fruits des bois, poire belle hélène et profiteroles ? Oui, eh bien finalement je vais prendre l’île flottante.

Qui fait ça, non mais qui fait ça ?

Crédits photo (CC BY 2.0) : Juhan Harm.

Le café cognac à 13 heures

Quand on est retraité, on n’en a plus rien à foutre: des conventions, de l’heure à laquelle on commence à picoler, d’être ivre caisse à 15 heures un mardi. On termine donc le repas par un café cognac après s’être avalé un demi de Côte-du-Rhône.

Les bulots

Quand, dans un restaurant de fruits de mer, tourteaux, homards, huîtres fraîches et langoustines s’offrent à l’amateur éclairé, le vieux, lui, choisit de se faire un petit plaisir en se goinfrant de bulots, ces mollusques en plastique qui ont goût à crayon qu’on mâchonne. Les rares explorateurs qui ont pu observer la joie du vieux mangeant ses bulots ont écrit des pages bouleversantes dessus.

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Il n'a pas souffert, promis

On critique, on critique, mais les vieux d’aujourd’hui sont les gens cools d’hier et je vous raconte pas la te-hon quand vous commanderez votre burger devant votre petit fils alors que lui aura opté pour la soupe de zorglub sauce madère.

(Ton grand-père il dit la te-hon, ce qu’il est ringard, c’est trop shame).