La peine de mort est en recul dans le monde, et ça c’est quand même une bonne nouvelle. En 2016, il y a eu 37% d’exécutions de moins qu’en 2015, et les pays abolitionnistes sont de plus en plus nombreux. Mais il y a des Etats qui ont décidé de se la jouer à contre courant. En Turquie, le président Erdogan, qui vient de renforcer ses pouvoirs par référendum, en prévoit un nouveau pour proposer le rétablissement de la peine de mort. Dans d’autres endroits du monde qui avaient aboli ou suspendu cette joyeuse pratique, le rétablissement est déjà acté. Voici donc la douce liste des pays qui ont décidé de faire un petit retour au Moyen Âge.

Les Philippines

La peine capitale avait été abolie en 2006 aux Philippines, mais c’était sans compter sur la volonté d’un homme, le président Rodrigo Duterte, élu en 2016 après une campagne marquée par la promesse d’un retour à la sécurité (la promesse de buter tous les criminels, en gros). C’est dont logiquement que le 1er mars 2017 a été adopté un texte de loi sur le retour de la peine de mort. Il est à noter que les autorités n’auraient pas attendu l’arrivée de ce texte pour reprendre les exécutions dans le plus grand des calmes. A noter aussi que la nouvelle loi prévoit de baisser l’âge de la responsabilité pénale à 9 ans. En gros, on pourrait aussi exécuter des enfants. Très classe.

Les Maldives

Paradis pour touristes en Asie du Sud, les Maldives peuvent aussi devenir l’enfer des criminels, et ce dès l’âge de 7 ans. Pour situer un peu, le pays applique la charia, les coups de fouet pour les femmes infidèles et autres joyeusetés. Mais, depuis une soixantaine d’année, la peine de mort était suspendue. En 2014, le gouvernement a décidé de reprendre, parce que ça serait dommage, quand même, hein. En théorie, une simple consommation d’alcool ou de drogue peut maintenant mener un homme (ou un enfant) à l’échafaud. Pour les enfants, on attend quand même qu’ils aient atteint la majorité avant de les exécuter, parce qu’on n’est pas non plus des monstres. Laissez-moi pleurer.

En Tunisie

La peine de mort était déjà inscrite dans le code pénal de la Tunisie mais était suspendue depuis 1991 par un moratoire. En juillet 2015, le parlement décide de reprendre les exécutions pour les personnes jugées coupables de terrorisme. Le nouveau texte de loi antiterroriste met aussi en place une durée de garde à vue fixée à 15 jours durant lesquels le suspect n’a pas le droit de consulter un avocat. Bonjour les droits de l’homme.

Le Tchad

La république du Tchad n’aura tenu que six mois sans la peine de mort. En juillet 2015, alors que le pays est toujours la cible d’attentats perpétrés par Boko Haram, elle est rétablie pour les auteurs de crimes terroristes. On n’aura pas attendu longtemps pour en voir l’application, puisqu’un membre de l’organisation terroriste a été fusillé le mois suivant. Ici, la loi allonge la durée de garde à vue à 30 jours, renouvelables deux fois. Oui, en théorie, 90 jours de garde à vue. Sûrement pour avoir le temps de mener des interrogatoires sérieux.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée

Concrètement, la peine de mort n’y avait jamais été abolie, mais elle n’était plus appliquée depuis 30 ans. En 2013, le pays d’Océanie avait principalement dans le viseur des présumées sorcières, qui faisaient un peu flipper la population. A ça s’ajoutaient une dizaine de personnes qui attendaient dans les couloirs de la mort sans jamais avoir reçu de date d’exécution. On a alors décidé de réinstaurer la peine capitale, mais face à la pression internationale, cette ingénieuse initiative a finalement été abandonnée. Les Papous n’ont pas pu.

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Il n'a pas souffert, promis

Le Cameroun

Jamais vraiment abolie dans cet Etat, la condamnation à mort n’était plus prononcée depuis une trentaine d’années. Mais Boko Haram a ici aussi changé la donne. Une nouvelle loi antiterroriste a été votée en 2014 et a relancé la machine à tuer. Là-bas, la peine de mort peut être requise pour complicité de terrorisme, ce qui rend très risqué le travail des journalistes en contact avec les membres de Boko Haram. Le correspondant de RFI Ahmed Abba est détenu pour cette raison depuis 2015, en attente d’un verdict.

Singapour

Après 3 ans de suspension des exécutions, Singapour a repris ses bonnes vieilles habitudes en condamnant deux hommes à mort le 18 juillet 2014. Il faut dire que l’Etat voulait juste adoucir sa politique en la matière, mais pas abolir complètement la peine de mort, faut pas déconner.

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Il n'a pas souffert, promis

Jordanie

En 2014, la Jordanie reprend les exécutions et met fin à un arrêt de la pratique, qui durait quand même depuis 2006. Pour dire de ne pas faire les choses à moitié, 11 hommes accusés de meurtre ont été pendus le même jour. L’évolution ne va pas toujours dans le bon sens.

Allez, on se fait un pendu ?

Sources : Amnesty International, Libération