Qui a dit qu’il fallait absolument se taper des années d’études d’architecture pour concevoir sa bicoque ? Ou que les Beaux-Arts étaient une étape obligatoire préalable à toute création artistique ? Personne, mon p’tit pote. Et même mieux, il y a dans ce bas-monde des bonhommes qui ont décidé de dire crotte aux conventions, et de se faire plaisir par la même occasion. Comment ? Tout simplement en construisant eux-mêmes, avec leurs petits doigts boudinés, les trucs qui sortaient de leur imagination. Et ouais. Et ça c’est badass.
Palais idéal du facteur Cheval, France
1879. Ferdinand Cheval, facteur, butte sur une pierre au cours de sa tournée. Intrigué par la forme originale de la pierre, elle lui inspire la construction d’un palais de rêve, mélange de références mythologiques et de bestiaire formidable, qui sera achevé en 1912 et pour lequel sera créée l’appellation « architecture naïve ». Un poète, ce Ferdinand.
Cathédrale de Justo, Espagne
Maçon autodidacte, Justo Gallego Martinez décide en 1961 de construire une cathédrale à la gloire de la Vierge, pour la remercier d’avoir guéri de la tuberculose. Âgé aujourd’hui de 91 ans, il continue sa construction en matériau de récupération, qui couvre déjà 8000 m² pour 50 m de long et 30 m de haut, et dont il souhaite faire don à l’église. Une volonté sacrée, en somme.
Mystery Castle, Arizona, États-Unis
En 1945, Mary Lou Gulley fut un poil surprise d’apprendre qu’elle avait hérité de son père, qu’elle n’avait plus vu depuis 15 ans, d’une immense propriété. Elle apprend alors que son père, tuberculeux et ne pouvant se résigner à rentrer au sanatarium, s’est éloigné d’eux pour lui construire, avec ce qu’il trouvait, le château qu’elle lui réclamait enfant. MAIS POURQUOI IL N’Y A PAS DE FILM SUR CETTE HISTOIRE ?
Watts Towers, Los Angeles, États-Unis
Simon Rodia a consacré 33 années de sa vie (de 1921 à 1954) à ces tours, dont la plus haute culmine à 31 m. Sans plan et sans échafaudage, il les élabore seul, en grimpant dessus au fur et à mesure de leur construction, et les décore avec des morceaux d’objets trouvés dans des décharges. Sachant qu’aujourd’hui le lieu est classé site historique national, on a envie de dire bien joué.
Taródi Vár, Hongrie
C’est sans aucun doute le plus récent des châteaux médiévaux. Dès 1951, et pendant les 50 années qui suivirent, Stephen Taródi et sa famille ont passé leur temps libre à faire sortir de terre ce château, tout en ayant un vrai boulot à côté. Il y en a qui font des châteaux, il y en a d’autres qui regardent Netflix.
Tour Eben-Ezer, Belgique
Robert Garcet était un tailleur de pierre avec une forte sensibilité ésotérique, et beaucoup de questions sur les origines de l’homme. Tout cela l’amène, dès 1948, à ériger une tour aux proportions trouvées dans la Bible. Selon Robert, une révélation se niche au cœur de chaque pierre. On comprend pas tout nous non plus, mais au moins, il est allé au bout de son idée.
Rock Garden, Inde
Voilà le plus bel exemple d’environnement visionnaire, c’est-à-dire un espace de plein-air créé par un autodidacte. On le doit à Nek Chand Saini, un Indien qui a conçu entièrement ce jardin de sculpture de 16 hectares, tout en récup. Il paraît que le lieu serait même devenu le deuxième site touristique d’Inde. PAMAL.
Maison Picassiette, France
En 1929, Raymond Isidore, un balayeur de cimetière, achète un lopin de terre près de Chartres, sur lequel il compte bien se construire une cabane. Inspiré par ses rêves et ses trouvailles de vaisselle brisée dans les décharges alentours, il décore entièrement sa bicoque de mosaïque faite maison, intérieur comme extérieur, ce qui lui vaut le surnom de Picassiette, « le Picasso de l’assiette ».
Bishop Castle, Colorado, États-Unis
Le château Bishop, c’est le rêve devenu réalité de Jim Bishop. Depuis 60 ans, il construit ce qui n’était au départ qu’un cottage pour son épouse. Un voisin lui faisant remarquer que la bâtisse ressemblait à un château, il le prit au mot, et n’a toujours pas fini son œuvre. Et tout ceci, parce qu’un prof lui avait dit qu’il n’accomplirait rien dans la vie. Raté.
Rubel Castle, Californie, États-Unis
Michael Rubel achète à 18 ans, en 1959, une parcelle de verger d’agrumes, où il s’installe avec sa mère dans un bâtiment préexistant. Mais maman étant une grosse fêtarde, il décide de faire d’une pierre deux coups, pour s’isoler des teufs maternelles tout en réalisant son rêve de gosse : construire son château, usant de tout ce qu’il trouvait et de l’aide de ses amis. Des fois, il suffit juste d’y croire.
Alors, ça te donne pas envie de tâter de la truelle ?