La frontière entre la folie et le génie est souvent difficile à distinguer, y compris en matière de football, où tout ce qui sort du cadre, y compris les tirs de Nolan Roux, est regardé de travers. Marcelo Bielsa, coach follement génial, s’en fout et continue de détonner avec ses certitudes sportives à faire bégayer un Rolland Courbis pourtant au meilleur de sa forme.
Avoir transformé Jérémy Morel en nouveau Carlos Mozer
Un fou, c’est quelqu’un qui ose tout, ce qui le rapproche dangereusement des cons, surtout quand il se trompe. Heureusement, Bielsa vit juste en décidant de replacer Jérémy Morel et son mètre 71 dans l’axe de la défense marseillaise, damant le pion au prometteur stoppeur brésilien fraîchement débarqué au Vélodrome, un certain Matheus Dória Macedo dit Doria !
Avoir lancé la mode de la glacière en guise de banc de touche
Particulièrement recommandée pour les entraîneurs de foot qui passent leur saison à avoir chaud au cul à chaque contre-performance de leur équipe. Livré sans brique de congélation, ni jogging assorti.
Avoir réussi à rendre les conférences d’après-match moins chiantes
Bielsa est un intello du foot. Il ne s’en est jamais caché. Encore moins en conférence de presse, où il a toujours pris soin d’argumenter ses choix et d’assumer ses erreurs, sans pointer celles de ses joueurs ou encore moins des arbitres. Un exercice qui a pris toute sa dimension depuis son arrivée à Leeds où les points presse se transforment régulièrement en discussion entre passionnés. L’Angleterre n’est pas un pays de football pour rien, avec des journalistes au diapason…
Nous rappeler que non, l’important "c'est pas les 3 points !"
Face à Aston Villa, adversaire direct à la montée en Premier League la saison dernière, Bielsa demande à ses joueurs de laisser les Villans égaliser. Quelques minutes plus tôt, Leed venait en effet d’inscrire un but alors qu’un joueur adverse se tordait de douleur sur le terrain et que ses coéquipiers semblaient s’être arrêtés de jouer. Résultat final : un match nul (1-1) qui privait le club d’une accession directe en Premier League. Ou quand le fairplay vaut beaucoup plus que les 3 points !
Nous avoir donné envie de regarder le Championship
Suivre le Leeds de Bielsa pendant ses deux premières saisons fut l’occasion de renouer avec de vielles institutions anglaises qui fleurent bon le kick and rush et la troisième mi-temps débutée avant l’heure, telles les Sheffield Wednesday, Middlesbrough, Wigan ou Nottingham Forest. Et de se rappeler que le foot ne se résume pas à des enchaînements de dribbles et d’exploits individuels. Derrière les strass, le football reste encore un sport collectif, où la sueur et les tripes alimentent encore les rêves de réussite.
Avoir ressuscité le marquage individuel en Ligue 1
Les observateurs du foot français avaient beau se gausser des tactiques kamikazes du coach argentin, Bielsa n’a jamais renié sa philosophie de jeu portée vers le pressing et son sacro-saint marquage individuel. Un système défensif oublié depuis le début des années 90 au profit de la défense en zone, mais qui va renaître sous les ordres de Bielsa notamment lors de son passage olympien, et en particulier le match retour face à Paris au Stade Vélodrome. Sans doute la dernière fois qu’on a vu 10 joueurs parisiens marqués à la culotte pendant (presque) 90 minutes.
Avoir découvert des pépites comme Gabriel Batistuta et Mauricio Pochettino alors qu’ils étaient gamins
À la fin de l’année 82, Marcelo Bielsa est embauché pour s’occuper des équipes jeunes du club de Newell’s Old Boys. Pour être sûr de dégoter les perles rares de la région, le coach la divise en 70 zones, dont il analyse chaque club. 25000 kilomètres plus tard, il ramène au bercail des gamins comme Batistuta, Pochettino ou encore Berizzo qui fit un passage éclair à l’OM lors de la saison 1999-2000. Concernant Mauricio Pochettino, la légende raconte que le joueur de 13 ans s’apprêtait à signer pour le club rival de Rosario Central, et qu’il changea finalement d’avis après que Bielsa s’est pointé à son domicile en pleine nuit pour lui expliquer sa vision du football.
Avoir redonner vie aux valeurs du football des années 80-90
Marcelo Bielsa, c’est le Super Nany du foot. Un peu réac sur les bords, bourru bien comme il faut, avec des valeurs et des principes auxquels il ne déroge jamais, comme le travail, le collectif, le respect, et une conscience de ce que représente le football dans la vie des supporters. Tous les ingrédients pour passer pour un vieil emmerdeur aux yeux de certains et un des derniers de son espèce pour les plus nostalgiques.
S'être fait choper en train d’espionner un adversaire et s’en sortir sous les applaudissements
Un professeur qui se fait gauler en train de copier sur son voisin, ça le fait moyen. Sauf quand on s’appelle Marcelo Bielsa. En janvier 2019, le coach argentin doit s’expliquer sur l’affaire dite du Spygate, qui a vu un membre de son staff aller espionner un entraînement du futur adversaire Derby County. Pris par la patrouille, Bielsa convoque rapidement une conférence de presse. Tous les éléments semblent réunis pour annoncer sa démission, mais El Loco prend tout le monde à contre-pied et se lance dans une plaidoirie en faveur de ses méthodes de travail qui aurait sans doute plu à son grand-père avocat qui en son temps contribua à la rédaction du code pénal argentin.
Transformer des joueurs candidats au ballon de plomb en futurs ballons d’or
Que ce soit à Bilbao, à l’Espagnol, à Leeds ou encore plus à l’OM, Marcelo Bielsa a prouvé ses talents d’alchimiste, transformant des joueurs moyens en pépites en devenir. Problème, la plupart de ses plus grand miracles, tels que Brice Dja Djédjé, Imbula, Romao, Lemina, Cheyrou, ou Alesssandrini rien qu’à Marseille, survivent rarement au départ de leur créateur.
Sans doute le plus grand coach étranger par la Ligue 1, à égalité avec Faruk Hadzibegic !
Alors, d’après vous, c’est un grand entraîneur de foot ? En tout cas on peut facilement le classer parmi les coach de foot les plus tyranniques.