La Louisiane, le bayou, les meurtres moites, thrillers psychologiques, crocodiles et marais, personnes qui parlent cajun, questions raciales, moiteur, moiteur, moiteur. C’est cinématographique, la Louisiane, tellement d’ailleurs que y’a une pelletée de bons films qui s’y passent. Et qu’on se verrait bien y aller pour mener une quelconque enquête avec Tommy Lee Jones.
Un tramway nommé Désir d'Elia Kazan
Chef d’oeuvre absolu où Brando surnage et pas que parce qu’il fait chaud et qu’il porte un marcel. L’ambiance de délabrement du vieux quartier français de la Nouvelle-Orléans sert d’équilibre au huis-clos de l’appartement ; Vivian Leigh aussi se délabre, peu à peu. Le film marque une rupture dans un cinéma américain très policé où tout tension sexuelle était jusqu’alors prohibée. Ca date de 51 et c’est toujours aussi bien.
Soudain l'été dernier de Joseph Mankiewicz
Du Tennessee Williams pas écrit par Tennessee Williams. Katarine Hepburn donnerait tout pour faire lobotomiser sa nièce, Elizabeth Taylor, laquelle est seule dépositaire des circonstances de la mort de son fils, survenue l’été dernier. Le thème de l’homosexualité parcourt le film en filigrane, ce qui est d’autant plus intéressant quand on connaît l’histoire de Montgomery Clift, le huis clos est extraordinaire dans la maison moite, plantes exotiques et éventails. C’est extraordinaire.
Down by law de Jim Jarmush
Probablement le meilleur film de Jarmush. L’évasion des compères à travers le bayou marche bien avec le noir et blanc très appuyé, la tension monte et Tom Waits donne envie de réécouter du Tom Waits. L’avantage de n’avoir jamais été à la mode, c’est qu’on ne se démode pas.
Chut... chut, chère Charlotte de Robert Aldrich
Un manoir, un meurtre, une mise au ban de la société et un affrontement psychologique entre deux femmes. La mentalité du vieux sud, les questions raciales en surbrillance et surtout Bette Davis, toujours parfaite dans le rôle de la semi-folle.
Dans la Brume électrique de Bertrand Tavernier
En bon historien du cinéma, Tavernier réalise un néo-noir américain qui reprend tous les codes du genre. Pour jouer le flic désabusé-mais-bienveillant-assailli-par-la-chaleur, il choisit l’acteur désabusé-mais-bienveillant-assailli-par-la-chaleur, c’est-à-dire Tommy Lee Jones. Un peu cliché, mais c’est solide, le casting et l’intrigue fonctionnent, on est plongé dans le bayou.
Le Maître du jeude Gary Fleder
Polar totalement sous-coté, Le Maître du jeu est une histoire très bien fichue de manipulations entre parties lors d’un procès. Casting exceptionnel (John Cusack avant qu’il ait une drôle de tête, Gene Hackman, Rachel Weisz et Dustin Hoffman), scénario bien troussé d’après un roman de John Grisham et des plans exceptionnels de La Nouvelle Orléans filmée pour une fois en plein jour.
Les Bêtes du Sud sauvage de Benh Zeitlin
Le combat d’une petite fille et de son père pour demeurer dans leur cabane du bayou malgré les injonctions à quitter la zone. Films Sundance par excellence, bien filmé et plein de lens flares, avec quand même un vrai sens de l’image et une photo magnifique de la mangrove. L’errance de la petite est une vraie plongée dépaysante dans le bayou de Louisiane.
L'Etrange histoire de Benjamin Button de David Fincher
Souvent considéré comme un des plus mauvais Fincher avec Panic Room et Alien 3, le film reste une adaptation libre et vraiment bien foutue de la nouvelle de Fitzgerald. Outre l’histoire d’amour, qui marche il faut bien le dire, le film est intéressant dans sa reconstitution de la vie à la Nouvelle Orléans tout au long du XX° siècle, depuis les années 20 jusqu’à la veille de Katrina.
Sexe, Mensonges et Vidéo de Steven Soderbergh
Palme d’or polaro-érotisante et qui a valu à Soderbergh une notoriété internationale, le film se déroule à Baton Rouge à la fin des années 1980. Ce n’est pas un film architectural en tant que tel et la ville n’y occupe qu’une place secondaire, mais c’est un bon moyen de se transporter à peu de frais dans la capitale de Louisiane.
Entretien avec un vampire de Neil Jordan
Ca casse pas 50 pattes à un canard sinon ce serait un drôle de canard, de toute façon, mais tout comme pour Benjamin Button, le film est surtout intéressant pour la reconstitution des paysages de Louisiane depuis le XVIII° siècle, dans cette ambiance de grands propriétaires terriens, d’esclavagisme puis, peu à peu, de marche forcée vers la modernité. Et puis Tom Cruise s’en sort bien, même si on ne l’aime pas trop.
Quand je pense que c’était à nous, avant.