On se plaint régulièrement des touristes qui font du bruit, salissent tout sur leur passage et encombrent tous les mètres carrés disponibles à côté de chaque monument un peu famous. Mais on oublie souvent qu’au fond, nous sommes tous des descendants de touristes. Eh oui, je repose les bases. Tôt dans l’histoire humaine, on a voyagé pour le loisir et découvrir des trucs cools. Alors effectivement, c’était pas des endroits instagrammables, des restos à concepts ou des lieux vus sur TikTok. Mais même à l’ancienne, on n’était pas les derniers pour faire de la merde dès qu’on sortait de chez nous.
Les fans d'Homère allaient à Troie en voyage
Un peu comme les fans de Game of Thrones qui vont à Dubrovnik en pèlerinage, la ville de Troie a longtemps été un lieu de retrouvailles pour les fans de l’Iliade. De nombreux Romains, pensant leur civilisation dérivée des Troyens, s’y sont rendus pour voir de leurs propres yeux le lieu où aurait pris place la Guerre de Troie selon la mythologie grecque. Après, est-ce qu’eux aussi ramenaient déjà chez eux des bouts de cailloux trouvés là-bas en souvenir ? La question mérite d’être posée.
Un premier guide touristique de la Grèce a été écrit au 2e siècle
La légende raconte que c’était un « Lonely Planet ». Toujours est-il que Pausanias, un géographe et voyageur du 2e siècle, a consacré tout un ouvrage de dix livres à la description de la Grèce, à destination des voyageurs qui voulaient se rendre dans la région. Ces livres incluaient par exemple des guides pour les temples et les monuments grecques. Grâce à ça, plein d’historiens ont pu comprendre les habitudes de vacances des peuples à l’époque.
Les rois allaient en visite au tombeau d'Alexandre le Grand
Eh oui, c’est le propre de l’humain, on aime bien visiter les lieux où sont enterrés des stars de l’histoire juste par curiosité. Résultat, dès le décès de ce bon vieux Alex en 323 avant Jésus-Christ, son dernier lieu de vie, à Alexandrie, a été pris d’assaut. Et au fil des siècles, de nombreux rois et empereurs sont allés faire un tour sur la tombe d’Alexandre le Grand, notamment Octave qui, selon certaines légendes un peu obscures, aurait demandé à faire ouvrir son tombeau pour pouvoir l’admirer. Ewww, mec.
Les Romains avaient leur Ibiza à eux
Il s’agissait de la station balnéaire de Baïes, une cité romaine super populaire auprès des riches, située près de Naples, dans la baie de Pouzzoles. Si au départ, les Romaines s’y rendaient pour faire trempette dans les sources d’eau chaude à proximité et trouver des remèdes à leurs soucis de santé, ils s’y sont vite rendus pour picoler et draguer de la gonzesse à volonté. Pour vous donner un exemple de ce qui se passait là-bas, voilà ce que le philosophe Sénèque disait au sujet de ce lieu : « Avoir le spectacle de l’ivresse errante sur ces rivages, de l’orgie qui passe en gondoles, des concerts de voix qui résonnent sur le lac, et de tous les excès d’une débauche comme affranchie de toute loi,[…] est-ce là une nécessité ? ». Pas ouf comme commentaire TripAdvisor, en effet.
Les Romains partaient à la mer et à la montagne quand c'était canicule
Comme nous aujourd’hui, les Romains se barraient des grandes villes dès qu’il faisait un peu trop chaud pour aller squatter les bords de mer au printemps (coucou les Parisiens à Deauville et à La Baule) et les hauteurs des montagnes en été. Les endroits les plus prisés étaient surtout le golfe de Naples (de Cumes à Sorrente), qui était un peu le PACA des Romains, et Pompéi, qui était une station balnéaire réputée avant d’être complètement ensevelie sous les cendres en 79.
Avant Erasmus, les jeunes nobles anglais faisaient un Grand Tour d'Europe
L’Auberge Espagnole n’a rien inventé du tout. Durant tout le 18e siècle, les jeunes nobles d’Angleterre avaient pour coutume de se lancer, dès la fin de leurs études, dans un tour pédagogique d’Europe de plusieurs mois, voire plusieurs années. Durant plusieurs semaines, ils se posaient dans des cours ou des villes européennes pour y découvrir l’art, la culture, la nature, mais surtout pour ken (enfin, ils appelaient ça « sociabiliser »). C’est marrant, ça rappelle des choses actuelles… Les destinations privilégiées de ces jeunes diplômés étaient surtout les Alpes et l’Italie en général (ils savaient où trouver des bonnes pizzas pas chères…). Au fil du temps, la tradition du Grand Tour s’est étendue à d’autres pays et en France, des écrivains comme Montesquieu ou Stendhal y ont, eux aussi, participé.
On détruisait déjà des œuvres avec des graffitis durant l'Antiquité
Difficile à croire, mais au premier siècle avant Jésus-Christ, il existait déjà un bon nombre de monuments égyptiens anciens érigés près de 1000 ans auparavant. Et croyez-le ou non, mais on ne les respectait déjà pas à l’époque. Les géographes Strabo et Pausanius ont ainsi rapporté que des graffitis avaient été découverts sur les statues des Colosses de Memnon, avec des inscriptions en grec et en latin car les touristes pensaient que cela leur porterait chance. C’était quand même plus stylé que les « Maeva t ma vi ».
Le premier voyage organisé a eu lieu en Angleterre
C’est l’homme d’affaires Thomas Cook qui l’a organisé avec son agence de voyage en 1841. Il a en effet fait acheminer 570 militants de Leicester à Loughborough en train pour un meeting anti-alcoolisme. C’est aussi lui qui a publié la première brochure de voyage, préparé le premier voyage guidé en Amérique avec visite de champs de batailles, mais surtout organisé le premier voyage autour du monde pour dix clients en 1872. L’homme est fort.
Faites vos valises, je vous emmène visiter le rayon carrelage de Leroy Merlin.
Via Ranker.