On passe environ un tiers de notre vie à pioncer, donc c’est un sujet qui nous préoccupe quand même pas mal. On dort pour recharger les batteries et éviter d’être un zombie pendant la journée. C’est essentiel. Une activité aussi importante se devait donc d’avoir ses propres mythes, ses propres idées reçues et ses propres bullshits. Tâchons maintenant de dénoncer ces bêtises qu’on entend régulièrement à propos du dodo.
"Les heures avant minuit comptent double"
Il n’y a pas de différence entre les heures avant ou après minuit. En réalité, les premières heures de notre sommeil comptent plus que les dernières, ce qui n’est pas une raison pour ne dormir que 4 heures au lieu de 7 sous prétexte que les 3 de la fin sont moins bien. Bref, la confusion vient de là. Pour le reste, ce n’est que de la logique : si vous vous couchez tard et que le lendemain vous vous réveillez tôt, forcément vous risquez de manquer de sommeil.
"Il faut dormir environ 8 heures par nuit pour être reposé"
C’est totalement faux. Il y a, en gros, deux profils de dormeurs : ceux qui ont besoin de dormir beaucoup, et ceux qui n’ont pas besoin de dormir beaucoup. Certains seront très bien avec 6 heures de sommeil, quand d’autres nécessiteront leurs 9 heures pour être en pleine forme. C’est principalement génétique. Le plus important est d’écouter son corps (oui, ça sonne très connard cette phrase) et de dormir quand on en a besoin, sans se forcer à respecter un certain nombre d’heures.
"Quand on a rêvé c'est qu'on a passé une bonne nuit"
Il n’y a pas de rapport de causalité entre les deux. On rêve toutes les nuits. Les rêves interviennent pendant le sommeil paradoxal, qui est un sommeil assez léger, contrairement au sommeil profond (qui est assez profond, vous l’avez deviné, bravo). Quand notre alarme nous réveille pendant le sommeil paradoxal, on se souvient mieux du rêve qu’on vient de faire, et on émerge plus facilement que si on était dans un sommeil profond. Quand on se réveille pendant le sommeil paradoxal, on a donc l’impression d’être plus en forme, et on associe le fait d’avoir rêvé au fait d’avoir bien dormi.
"Il ne faut pas réveiller un somnambule sinon il meurt"
Quand on a le choix, il vaut toujours mieux reconduire un somnambule à son lit sans le réveiller, parce que s’il se réveille n’importe où dans la baraque, il ne va rien comprendre et éventuellement être un peu choqué. En plus, le somnambulisme intervient pendant la phase de sommeil profond, et se réveiller pendant le sommeil profond n’est pas hyper agréable. Mais ça ne va pas tuer le somnambule.
"Je ne me suis pas réveillé de la nuit donc j'ai bien dormi"
On peut se réveiller en pleine nuit pendant environ une heure, se rendormir, et avoir passé une bonne nuit. Des chercheurs pensent que ce type d’interruption du sommeil au milieu de la nuit remonterait aux habitudes de nos plus lointains ancêtres dont le mode de vie exigeait qu’ils se réveillent au milieu de la nuit pour diverses raisons. Tout ça pour dire qu’une nuit coupée n’est pas forcément mauvaise. A l’inverse, une nuit sans aucun réveil peut être bof bof si on n’a pas fait assez de cycles de sommeil ou si on s’est réveillé en pleine phase de sommeil profond et qu’on passe la moitié de la journée dans le coaltar.
"Tu ronflais, tu devais bien dormir"
Le ronflement n’a absolument rien à voir avec la qualité du sommeil. Au contraire, même, il peut être associé à des apnées du sommeil, qui, elles, nuisent à la qualité du dodo. Donc si on est un gros ronfleur, on n’est pas forcément un bon dormeur, et en plus ça veut peut-être dire qu’on a quelques soucis de sommeil.
"Tu dormiras mieux la tête au Nord"
Cette idée reçue vient des Chinois et du Feng Shui : dormir la tête vers le Nord (ou vers l’Est selon les personnes) permettrait de mieux recevoir les bonnes ondes. Malheureusement, il n’y a absolument aucune étude ou aucune statistique pour prouver cette affirmation. Pas besoin de réaménager votre chambre avec votre boussole, donc.
"Quand j'ai bu un verre, je dors comme un bébé"
Quand on a bu, on s’endort vite, c’est vrai. Ça pourrait être le meilleur remède du monde à l’insomnie si, en contrepartie, ça ne nous offrait pas un sommeil de très mauvaise qualité et une nuit plus courte qu’à la normale. Bien sûr, il y aura toujours quelqu’un pour nous dire que, lui, il passe de très bonnes nuits après avoir bu, mais généralement les scientifiques appellent ce genre de spécimen une exception, ou un gros enculé.
(Bonus) : On dort en effet moins bien les soirs de pleine Lune
Eh oui, une étude sur le sommeil a permis à des scientifiques suisses d’arriver à cette conclusion. A la base, les chercheurs voulaient juste comparer les cycles de sommeil de personnes de différents âges et sexes. Mais, par hasard, ils ont comparé les résultats aux cycles lunaires et ont découvert qu’il y avait bien une moins bonne qualité de sommeil quand la Lune était pleine (ou presque pleine). Les individus s’endorment moins vite, dorment moins, et produisent moins de mélatonine (l’hormone du sommeil) quand c’est la pleine Lune. Pourtant, les sujets de l’expérience dormaient dans le noir total et ne pouvaient pas être influencés par l’éclat de l’astre dans la nuit.
A priori, l’attraction n’a rien à voir là-dedans. La Lune a un effet sur les marées car la masse des mers et des océans est grande, mais un humain n’a pas une masse suffisante pour que l’attraction lunaire ait un quelconque impact sur lui. Les scientifiques imaginent plutôt que cela pourrait être dû au fait que notre horloge biologique, depuis nos ancêtres, soit calée sur un cycle lunaire. C’est une hypothèse.
Vos paupières sont lourdes.
Sources : Franceinfo, Huffingtonpost.