Il y a des photos que nous connaissons tous, peu importe notre milieu social, notre accès à l’éducation ou notre intérêt pour la culture. Des images tellement famous qu’elles ont l’immense privilège de voir leurs reproductions vendues 20 balles chez Ikea, c’est vous dire ! On connait ces clichés, mais qu’en est-il du contexte de la photo ? De l’histoire qui se cache derrière ? Réponse juste en dessous !
"Lunch atop a Skyscraper"
Cette photo a fait le tour du monde, et pourtant : on ne sait que peu de chose de cette scène, si ce n’est qu’elle a été capturée en septembre 1932, sur le chantier du Rockefeller. Les ouvriers, installés sur cette poutre à environ 260 mètres du sol, sont pour la majorité des immigrés, payés 1,50$ de l’heure pour risquer leur vie. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit pas vraiment d’un moment volé : cette image, prise par un photographe inconnu, est une publicité pour le Rockefeller ! Elle a été publiée pour la première fois le 2 octobre de la même année, dans le « New York Herald Tribune » pour vendre des bureaux dans le building.
"La petite fille au napalm"
Cette photo est insoutenable, et l’histoire derrière l’est d’autant plus. Nous sommes le 8 juin 1972, dans le village vietnamien de Trang Bàng. Phan Thi Kim Phuc a 9 ans. Elle joue dehors avec d’autres enfants. Un bruit assourdissant, un avion, une explosion, de la fumée, et du Napalm qui se répand en grande quantité. Elle s’enfuit, mais l’essence gélifiée est déjà en train de la brûler. C’est cette photo qui fera basculer l’opinion publique à propos de la guerre du Vietnam et des horreurs qui y ont été commises.
Einstein tire la langue
14 mars 1951, le physicien participe à la fête d’anniversaire organisée en son honneur dans la ville de Princeton. À la fin de la soirée, il monte dans une voiture pour rentrer chez lui, mais doit affronter une foule de photographes bien déterminée à capturer le moment. Arthur Sasse, photographe de l’agence de presse américaine UPI, lui demande un sourire. Légèrement saoulé de la présence médiatique et fatigué d’avoir eu à sourire toute la journée, il lui répond par une grimace. Grimace qui coûte aujourd’hui 104 000€.
Kissing the War Goodbye
Le 14 août 1945, le Japon, dernier ennemi des États-Unis, vient de capituler. New York est en fête : la guerre du Pacifique est terminée. Au milieu de Time Square, un marin répondant au nom de George Mendonsa, embrasse une infirmière qu’il ne connait pas. Alfred Eisenstaedt capture le moment, et l’image, aussi connue sous le nom de « V-J Day in Times Square » (Victory over Japan), fait le tour du monde. Très jolie photo, mais le principe d’un baiser surprise à une inconnue, c’est quand même vachement moins joli, monsieur.
Muhammad Ali qui met Sonny Liston K.O
Quand on pense à « image de Muhammad Ali », c’est généralement cette photographie qui nous vient en tête, puisque c’est elle qui a contribué à ce que cet homme-là soit intronisé The Greatest. Dans le monde sportif, cette capture est même considérée comme la « Joconde de la photographie de sport ». Le 5 mai 1965, Championnat du monde poids lourds, il ne faut que 148 secondes à Ali pour mettre K.O l’immense Liston. Un combat tellement rapide que certains crieront au trucage, affirmant ne pas avoir vu le direct du droit fatal à Liston. Ce jour-là, les photographes sont présents en nombre, mais Neil Leife, 22 ans, est de l’autre côté du ring. Au bon endroit, au bon moment. Suite à ce cliché, il suivra Ali tout au long de sa carrière.
L'Afghane aux yeux verts
Sur cette photo de 1984, ce sont les yeux verts de Sharbat Gula, 12 ans, qui transpercent l’objectif de Steve McCurry. La photo qui fait la Une de National Geographic a été capturée dans un camp de réfugiés au Pakistan. L’image montre une enfant orpheline, analphabète, qui a fui l’Afghanistan quatre ou cinq ans plus tôt, à la suite de l’invasion soviétique de 1979. Sans le vouloir, elle devient le visage des réfugiés afghans à l’échelle mondiale. En 2002, lorsqu’elle est retrouvée par les journalistes, elle est retournée dans son village natal, et a été mariée à 14 ans.
(Source)
Le fond d'écran Windows
Cette colline verdoyante a habillé tous nos vieux ordis : le fond d’écran par défaut, intitulé « Bliss », est l’une des photos les plus vues de tous les temps. Elle est tellement lisse qu’on croirait à une image artificielle. Pourtant, tout est vrai. Mais si cette colline qui jouxte la Sonoma Highwayest est vierge, dépourvue de toute vigne, c’est parce que celles-ci ont été ravagées au début des années 1990 par une grosse épidémie de phylloxéra, un parasite microscopique qui s’attaque aux vignobles ! Charles O’Rear, qui passait par là pour rejoindre sa petite amie, prend la photo. Elle devient l’une des mieux payées de l’histoire. Le date le plus rentable du monde.
Che Guevara
Cette photo est devenue un tel emblème qu’elle était même imprimée sur la sacoche moche de ma prof d’espagnol, c’est vous dire ! Regard perçant vers l’horizon, mais qu’était en train de faire le Che ce jour là ? Eh bien, il était à des funérailles. Pas fun. La photo a été capturée le 6 mars 1960 par Alberto Korda, alors qu’il couvre pour le journal Revolución, la cérémonie funéraire des victimes du sabotage de La Coubre, le cargo coulé alors qu’il transportait des munitions. Sur place, Fidel Castro, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre. Le Che arrive en retard. Il avance sur la scène pour observer la foule. Korda appuie sur le déclencheur de son appareil. Revolucion ne publie pas la photo. Elle deviendra célèbre 7 ans plus tard, à la mort du Che.
Abraham Lincoln
Eh non, personne n’a attendu Photoshop pour faire des montages de qualité ! Lincoln était complexé par son physique, et les critiques sur celui-ci dans les journaux ne devait pas l’aider beaucoup à s’accepter comme il était. Toujours est-il, que, à de nombreuses reprises, ses clichés ont été retouchés. Sur cette photo, sa tête a carrément été apposée sur le corps de John C. Calhoun, un politicien du XIXe. Petite ironie du sort : Calhoun était un pro-esclavage, Lincoln l’a abolie.
Le baiser de la Guerre froide
Berlin, 1979, 30e anniversaire de la République démocratique allemande, Brejnev et Honecker s’embrassent fougueusement. Il s’agit en réalité d’un « baiser fraternel socialiste », témoignant du lien fort qui unit des États. S’il se fait normalement sur les joues, le baiser peut être déposé sur la bouche pour témoigner d’une proximité politique sans précédent. Ce jour-là, le photojournaliste français Régis Bossu est sur place, et capture l’instant. Elle fait la double page de Paris Match, et attire l’attention de l’artiste russe Dimitri Vrubel. 10 ans plus tard, à la chute du mur, c’est lui qui reproduit la photo à la peinture, sur les vestiges.
Certaines des images de ce top ont même été reproduites dans les Simpsons ! Impressionnant de réalisme, vous verrez.